mercredi 16 janvier 2013

Can't buy me love

"No, I have nooo idea what I'm talking about. I'm Abed. I never watch TV".


"Je peux vous assurer qu'il ne se passera rien, absolument rien, Madame Rosa".
Je me suis mis à pleurer. Je savais bien qu'il ne se passerait rien mais c'était la première fois que j'entendais ça ouvertement.
Romain Gary (Emile Ajar), La Vie Devant Soi.

En début 2012, une nuit, dans mon lit, il y a bientôt un an, j'ai commencé à écrire ce blog.
Nous sommes aujourd'hui en janvier 2013.
C'est la nouvelle année, et dans trois semaines, ce blog aura un an.
C'est une page qui se tourne, un nouveau départ, une nouvelle vie, tout ça tout ça.

Or, force est de constater que pas grand chose n'a changé.
Ce qui est fâcheux.

C'est vrai, quoi. Regardez Bridget Jones.
Elle aussi, son histoire commence à Noël et finit un an plus tard à la même époque.
Mais si au début c'est la lose (elle picole dans un pyjama en pilou en chantant "All by myself" et on est tous très mal pour elle), heureusement, pendant l'année, il se passe tout plein de choses, tant et si bien qu'au Noël suivant, tout s'est arrangé, et Colin Firth a débarqué dans sa vie : il lui a dit qu'il l'aimait telle qu'elle était, et elle a fini comme il se doit en petite culotte sous la neige en pleine rue.
Une année digne de ce nom, quoi.
La question que je me pose aujourd'hui est donc : qu'est ce que je fous encore en pyjama dans mon lit à blogger alors que je devrais être en train de me taper Mark Darcy ? 

 A ce jour, je ne devrais plus ressembler à ça :













Mais à ça :















Les scénaristes de ma vie ont foiré quelque part.
A moins que, en bon scénaristes, ils aient décidé exprès de me garder un peu plus longtemps dans le rôle de l'anti-héroïne parce que les anti-héroïnes sont les héroïnes d'aujourd'hui. (Personne ne peut blairer Betty Draper, c'est bien connu).
Ou alors c'est peut être juste parce que la vie, c'est pas une comédie romantique ça dure un peu plus longtemps qu'un film, donc c'est normal que l'intrigue soit un peu plus longue, plus complexe, et que le dénouement mette un peu plus de temps à arriver.
En fait j'y suis : ma vie, c'est une série. 
Voilà. Pfiou. C'est juste la fin de la première saison, en fait. Comme le public m'aime, on rempile pour une deuxième. C'est pour ça qu'il y a pas de dénouement pour l'instant. Me voilà soulagée.
(Ca m'aurait embêté que ma vie soit un film post-moderne où y a pas vraiment de chute à la fin).
"Of course the illusion only lasts until someone says something they would never say on TV, like how much their life is like TV, and there it's gone." (Abed, Community).
(A moins que ma vie ne soit un documentaire ? "Our first assignment is a documentary. They're like real movies but with ugly people").
 
Ne vous plaignez pas, donc, lecteurs : vous n'êtes pas du tout en train de lire un truc sans queue ni tête dont les scénaristes avancent à l'arrache et au jour le jour sans avoir la moindre idée de ce qui va suivre (et puis quand bien même - Lost c'était plutôt cool, non ? - d'ailleurs à ce propos, je me dis que je devrais peut-être insérer plus d'ours polaires et de dinosaures, dans ce blog, vous pensez pas ? - ça manque un peu à l'intrigue, non ?), c'est juste que vous lisez un truc dont l'intrigue est si riche que c'est un gros pavé. Y a plusieurs tomes et tout. C'est un peu comme Les Chroniques de San Fransisco, t'vois. (Quoique l'intrigue manque dangereusement de meilleur ami homo, aussi, maintenant que j'y pense). (Je vais y remédier. Ca me changera de mes copains hétéros et des délicieux messages qu'ils m'envoient pendant les fêtes : "Joyeux Noël, Bayane. Je pense à toi à chaque huître ;)") (J'ai des amis classe, je vous dis).
Et puis de toute façon, si jamais j'avais déjà atteint le happy end, l'histoire serait finie, hein.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des comédies romantiques qui continuent après le mariage ?
Non ? Ben voilà.

Vous vouliez me Can't Buy Me Lover, c'est ça, hein ?
Transform me from Zero to Hero, Geek to Chic? 
Eh ben non ! Raté.


Can't Buy Me Love.
Une des grands films cultes de mon enfance, à ce propos.

Bref, bilan : j'en suis au même point.

1) A la fin, Bridget Jones a changé de métier. Moi non.
Les élèves posent toujours les mêmes questions, année après année, jour après jour.
- Madame, la phrase, on l'écrit en anglais ? (Non, en russe)
- Madame, ça compte, les fautes d'orthographe ? (Certes non. D'ailleurs, comme je te le disais, tu peux aussi faire ton contrôle en russe. En mauvais russe, même, si tu veux - j'ai pas moyen de vérifier, de toute façon. Ou en esperanto. Tout marche, en fait).
- Madame, j'ai plus de place, je fais quoi ? (Ben tu finis sur ta table et puis tu me rends la table avec ta copie à la fin de l'heure, ok ?).
- Madame, si on ment dans notre contrôle, c'est grave ? (Absolument. Si tu écris dans ton contrôle que tu adores la banane, sache que j'arriverai demain avec une banane, que je te forcerai à la manger, et que, si tu exprimes le moindre signe de dégoût, tu auras un zéro pointé).
Ils continuent à m'appeler Maîtresse ou Maman. Ou Monsieur, parfois.
Ils sont toujours aussi mignons.
Aujourd'hui, un élève est venu me voir à la fin de l'heure, après le cours sur la famille (ils m'avaient demandé si j'avais des frères et soeurs, des enfants, si j'étais mariée, etc.) et il m'a dit : "J'espère que vous allez trouver un homme, madame". Hahaha. Adorable. Puis il a ajouté : "Bon ben adieu, madame. Non parce que là on a natation et je sais pas nager donc...".
J'aime mes élèves. 

2) A la fin, Bridget Jones a trouvé l'amour. Moi non.
Souvenez-vous : il y a un an j'étais malheureuse parce qu'Astro, avec qui j'avais vécu ce que je croyais être le début d'une histoire d'amour, avait subitement arrêté d'appeler du jour au lendemain pour ensuite me dire que j'étais folle d'accorder autant d'importance à une simple petite histoire de cul et que je vivais dans un monde parallèle.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Si ma vie était une comédie romantique digne de ce nom, je serais à l'heure qu'il est en train d'embrasser un homme qui m'aime "telle que je suis", dans un décor en carton pâte, sous de la neige artificielle, avec une petite culotte léopard (moi, pas lui).
Or, quand on y réfléchit, force est de constater que mon histoire avec Astro a été l'histoire la plus longue et la plus importante de mon année 2012, et ça, chers lecteurs, c'est dire si c'est la lose.
Cette année, aucun homme ne m'a dit qu'il m'aimait telle que j'étais, ni même qu'il m'aimait tout court. (Sauf toi, Jo) (Non, je n'oublie pas). Y en a bien un qui m'a dit qu'il avait rarement autant aimé faire l'amour avec quelqu'un, ce qui fait toujours plaisir (mais alors pourquoi tu te barres, crétin ?), mais bon, dans l'ensemble, on peut dire que pour une fille qui se plaignait qu'on ne lui proposait que des histoires de cul, je n'ai pas beaucoup avancé. 
On notera cependant que si Astro a eu droit à pas moins de vingt posts rédigés en son honneur, les deux derniers hommes ayant croisé mon chemin n'ont eu qu'un paragraphe chacun, ce qui tend à prouver que je percute désormais un peu plus vite, et que je me remets plus vite. Ce qui est déjà ça.
Je suis donc désormais parfaitement intégrée à cet univers magique où les filles disent ça à l'apéro :
- Quand j'y pense, je réalise qu'en 2012, pas un seul mec ne m'a embrassée à jeun à la lumière du jour... En fait je ne me rappelle même pas la dernière fois qu'un mec m'a embrassée sans être bourré ou drogué...
- Moi je n'ai pas joui une seule fois en 2012. Enfin si. (Dieu me préserve). Mais pas une seule fois avec un mec. Ben oui parce que je jouis rarement la première fois, vu que j'ai besoin d'être un peu à l'aise, en confiance... Or, cette année, j'ai pas couché avec un seul mec deux fois de suite...

3) A la fin, Bridget Jones ne sait toujours pas cuisiner. Moi non plus. 
Un point commun, donc. Comme ça, à froid, je ne suis pas convaincue que c'est celui que j'aurais choisi mais bon...
Au moins, elle, cela dit, elle essaye. (Ce qui lui permet de servir de la soupe bleue et de la confiture d'orange à ses amis, ce qui est toujours sympa). 
Moi, étrangement, quand je suis invitée chez des gens, alors que les autres convives sont priés de ramener des quiches et autres crumbles aux pommes, on me charge généralement d'apporter des bières et des fraises Tagada.
D'ailleurs, amis, je me dois de rétablir la vérité sur un point. 
L'autre jour, quand je suis arrivée à cette soirée avec la main bandée en expliquant que je m'étais entaillé la main en cuisinant, vous m'avez tous imaginée m'écorcher la paume de la main avec un couteau de cuisine en découpant savamment des légumes du marché, et je ne vous ai - lâchement - pas détrompés. Or, c'était me faire beaucoup d'honneur.
Sachez que la vérité est toute autre.  
Je m'étais blessée en me faisant à manger, oui, mais -the truth be told- je m'étais découpé un petit bout de peau avec les ciseaux en coupant le coin d'une brique de soupe Liebig. Voilà. C'est dit.

4) Au début, Bridget commence un journal intime. A la fin, elle l'a fini.
Pour célébrer cette nouvelle vie qui commence, Mark lui en achète même un nouveau.
Moi, j'ai commencé un blog au début de l'année dernière, mais j'ai toujours le même. (Je vais pas changer de blog tous les ans, cela dit, mais c'est pour le symbole, v'voyez).
(D'ailleurs, à ce propos, les statistiques restent sensiblement les mêmes jour après jour, à quelques exceptions près : martin cannavo, martin cannavo nu, scarlett johannson seins nus, midinettes nues, prince de motordu, photo crapaud, martin cannavo torse nu, et puis soudain : tueur de dinde).
C'est peut-être parce que je n'ai pas commencé mon année comme elle (Bridget, donc) : elle, au début, elle prend de bonnes résolutions pour la suite. Il s'agit donc pour moi de prendre des mesures afin que l'année prochaine, certaines choses aient changé.

Bonnes résolutions pour l'année 2013 :
(Moi je la sens mal, cette année. Cette année, les mecs, y a un apôtre de trop. On va encore tous finir crucifiés à chanter Always look at the bright sight of life).
Ca donnera ça :


- Cette année, je m'appliquerai à ce qu'il y ait plus de dinosaures et d'ours polaires dans ma vie. C'est décidé. Et plus d'homos, aussi. Et de noirs. C'est vrai, ça, ça manque de noir, ici. C'est pas très politiquement correct, tout ça. Enfin il y a bien Sugar Daddy mais son rôle est trop secondaire. Il faudrait un noir qui ait un rôle clef. Et qui ne meure pas avant la fin. Je vais y travailler.

- Cette année, je ne chercherai plus l'amour. (Oui parce qu'il paraît que quand on ne cherche pas, on trouve) (Ouais, c'est une feinte) (Chuuuut) (Ca reste entre nous) (Si le destin se rend compte que j'essaye de le feinter, il va se venger) (Il est mauvais joueur, le destin). 

- Cette année, je vais apprendre à faire la cuisine. Euh... Non, en fait non. Cette année, je vais trouver un mec pour me faire la cuisine. Ah non, ça marche pas, je cherche pas de mec. Alors je vais me trouver un copain homo pour me faire la cuisine. Un copain homo noir. Ah non, merde, on retombe dans le politiquement incorrect. Dammit. Bon ben je vais continuer à manger de la soupe en boîte.

- Cette année, je vais tenter de percer le mystère des chaussettes qui disparaissent, aussi. Non parce que ça commence à bien faire, les conneries. (Je crois bien que je connais la réponse, cela dit. Je l'ai lue dans un Pomme d'Api un jour. Une histoire de souris qui vivent dans des vieilles bottes et qui volent les chaussettes pour s'en faire des sacs de couchage et, accessoirement, pour faire des courses en sac - aspect ludique du sac de couchage trop souvent négligé). A étudier, donc.

- Je vais écrire un scénario. Le scénario de ma vie. (J'ai les droits). Et Sugar Daddy, tu seras dedans, promis. (Après tout, tu m'as bien dit que tu ne couchais avec moi que pour être dans mon film). (Et je te promets que tu ne mourras pas dans les vingts premières minutes). (Est-ce que tu as déjà choisi l'acteur pour jouer ton rôle, d'ailleurs ?).
Ce sera une histoire pleine d'ours polaires, de dinosaures, de noirs, d'homos, et de souris qui font de la course en sac dans des vieilles chaussettes. 
Tout un programme.
Can't wait. 



lundi 14 janvier 2013

La Vie Devant Soi

"Life is what happens to you when you're busy making other plans"



"Madame Rosa a une photo où elle avait quinze ans (...) et on pouvait pas croire que ça allait donner Madame Rosa un jour, quand on la regardait. (...) Il était difficile d'imaginer une chose pareille, Madame Rosa à quinze ans. Elles n'avaient aucun rapport. Madame Rosa à quinze ans avait une belle chevelure rousse et un sourire comme si c'était plein de bonnes choses devant elle, là où elle allait. Ca me faisait mal au ventre de la voir à quinze ans et puis maintenant, dans son état des choses. La vie l'a traitée, quoi. Des fois, je me mets devant une glace et j'essaie d'imaginer ce que je donnerai quand j'aurai été traité par la vie, je fais ça avec mes doigts en tirant sur mes lèvres et en faisant des grimaces".

"- Il ne faut pas pleurer, mon petit, c'est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi.
Il cherchait à me faire peur, ce salaud là, ou quoi ? J'ai toujours remarqué que les vieux disent "tu es jeune, tu as toute la vie devant toi" avec un bon sourire, comme si ça leur faisait plaisir."

mercredi 2 janvier 2013

Janie's got a gun

(Cette année, ça va chier)





J'ai rencontré Raphaël le 29 décembre à l'anniversaire d'un ami.
Raphaël était charmant.
On a passé la soirée à parler, on est rentrés, on a passé une jolie nuit.

Pour la nouvelle année, Raphaël m'a appelée.
Il a cuisiné des petits gâteaux toute la journée, puis il me les a apportés chez moi à cinq heures.
(Mignon, attentionné, gentil).
C'était adorable, j'étais super touchée.

Puis on a fait l'amour.

On avait la soirée devant nous. Cool.

Quand soudain.
Il s'est levé, il s'est rhabillé, il s'est mis à regarder son portable, et il m'a dit qu'il ne restait pas, qu'il allait retrouver ses potes.
...
Euh... Je te demande pardon ?!

"Qu'est-ce que ça change que je parte maintenant ou demain matin ? Si je restais dormir tu t'imaginerais des choses. Au moins je suis honnête sur ce coup-là..."

Oh putain.

(Cette année, les mecs, vous allez prendre cher).

I. Am. Not. A. Whore.
Ou tant qu'à faire d'être traitée comme une pute, j'aimerais qu'on me paye un peu plus cher qu'avec des petits gâteaux. 
Connard.