- Et les mecs qui ont connu Giscard, t'en penses quoi ?
A côté de Mad et moi en terrasse, avant-hier, deux filles :
- Oh la la, ça y est, j'ai vingt-deux ans, tu te rends compte ?
- Non mais t'inquiète pas, tu les fais pas du tout !
On s'est regardées. On a souri. On a trinqué. On a sifflé notre champagne en riant.
Quelques jours avant, j'étais au mariage de mon oncle.
Au buffet, je me retrouve à côté d'un petit mec, environ vingt ans, mignon.
Je lui souris, je me présente, je lui demande qui il est.
Il me fait son plus beau sourire, me regarde de ses beaux yeux bleus, et me dit qu'il s'appelle Gaëtan.
Et là je réalise : Gaëtan.
Le fils de ma cousine.
...
J'ai gardé Gaëtan quand il avait trois ans....
*****
Hier soir, grosse soirée sous les étoiles, sur les toits de Paris. (J'aime ma vie).
BB était avec son amant de vingt-trois ans. Un très beau garçon, absolument charmant.
Vingt-trois ans. Eh ouais.
BB était avec son amant de vingt-trois ans. Un très beau garçon, absolument charmant.
Vingt-trois ans. Eh ouais.
MoMA, pour sa part, vit le grand amour avec un petit mannequin russe de vingt et un ans.
Pas con. Romantique. Drôle. Attentionné.
Pas con. Romantique. Drôle. Attentionné.
Nath et Sissi sont avec des mecs de vingt-trois ans, elles aussi.
Ils ont tous sept, dix ans de moins qu'elles. Mais ils les rendent heureuses.
Comment ça se fait ?
Mes copines ne sont pas particulièrement des cougars, elles couchent quand-même généralement en premier lieu avec des mecs de leur âge.
Alors pourquoi se retrouvent-elles à vivre des histoires d'amour avec des mecs tellement plus jeunes qu'elles ? Comment se fait-il qu'elles se retrouvent à "construire" avec des mecs avec qui il est, justement, assez illusoire de vouloir construire quoi que ce soit ?
MoMA : C'est un peu tôt pour l'emmener chez mes parents. Je vais attendre qu'il ait 23 ans :)
Parce que les mecs de vingt ans n'ont, paradoxalement, pas peur de s'engager.
Alors pourquoi se retrouvent-elles à vivre des histoires d'amour avec des mecs tellement plus jeunes qu'elles ? Comment se fait-il qu'elles se retrouvent à "construire" avec des mecs avec qui il est, justement, assez illusoire de vouloir construire quoi que ce soit ?
MoMA : C'est un peu tôt pour l'emmener chez mes parents. Je vais attendre qu'il ait 23 ans :)
Parce que les mecs de vingt ans n'ont, paradoxalement, pas peur de s'engager.
Parce qu'à vingt ans, s'engager n'engage à rien.
A trente ans, si tu te mets en couple avec une fille, tu sais ce que ça implique : que vous allez envisager un avenir à deux, pour de vrai, maintenant. Cette année, pas dans dix ans.
A vingt ans, tu fais des plans sur la comète, mais dans un futur lointain : si on est encore ensemble dans cinq ans, dans dix ans, alors peut-être bien que oui, qui sait, on verra.
(Gigi, je te vois crier d'ici : ok, non, ça ne marche pas avec tous les mecs de 23 ans. Je sais).
(Gigi, je te vois crier d'ici : ok, non, ça ne marche pas avec tous les mecs de 23 ans. Je sais).
Je me souviens d'un mail que j'ai reçu il y a longtemps d'une fille de 23 ans, qui avait lu mon blog - blog qui lui rappelait "le journal intime qu'elle tenait quand elle était adolescente" (Ah oui ? Et ma main dans ta gueule, t'en dis quoi ?) : elle m'écrivait pour m'expliquer qu'elle avait pour sa part trouvé le grand amour, et qu'elle allait du coup m'expliquer pourquoi je m'y prenais mal et comment ça marchait, les garçons, le genre humain, tout ça.
(BB : "Mais pour qui elle se prend cette petite dinde ?!").
(BB : "Mais pour qui elle se prend cette petite dinde ?!").
Ou comment les trentenaires célibataires sont infantilisées aussi par des enfants.
Petite dinde, donc : comment t'expliquer que moi aussi, à vingt-trois, je croyais avoir trouvé l'homme de ma vie pour toujours, avoir compris le monde et les garçons, avoir trouvé les réponses à mes questions et avoir laissé derrière moi les affres du célibat ?
A vingt-trois ans, j'étais avec Gentleman Joe. Je vivais et enseignais à Londres, il faisait une année d'études à Buenos Aires. Cet été là, on a passé trois mois à parcourir l'Argentine et la Bolivie, à boire du maté et à faire l'amour dans des cascades survolées par des condors. On était amoureux fous, on était jeunes, on étaient beaux, on avait toute la vie devant nous. On n'avait pas encore fini nos études mais on était sûrs qu'on les réussirait, on avait de grands projets, on avait un brillant avenir, on voyageait à travers le monde, on s'aimait, on ne s'engueulait jamais, et on avait des amis fantastiques, avec qui on faisait la fête, avec qui on partait en vacances, et j'aimais sa famille et il aimait la mienne : on était un couple indestructible et heureux, et on pensait que ça durerait toujours.
A vingt-trois ans, j'étais avec Gentleman Joe. Je vivais et enseignais à Londres, il faisait une année d'études à Buenos Aires. Cet été là, on a passé trois mois à parcourir l'Argentine et la Bolivie, à boire du maté et à faire l'amour dans des cascades survolées par des condors. On était amoureux fous, on était jeunes, on étaient beaux, on avait toute la vie devant nous. On n'avait pas encore fini nos études mais on était sûrs qu'on les réussirait, on avait de grands projets, on avait un brillant avenir, on voyageait à travers le monde, on s'aimait, on ne s'engueulait jamais, et on avait des amis fantastiques, avec qui on faisait la fête, avec qui on partait en vacances, et j'aimais sa famille et il aimait la mienne : on était un couple indestructible et heureux, et on pensait que ça durerait toujours.
On n'avait pas encore connu d'échec professionnel, on n'avait pas encore traversé ensemble les épreuves du passage à l'âge adulte, avec ses revers, ses déboires, ses renoncements, ses regrets, ses angoisses. Ceux-là mêmes qui nous ont tués. On n'avait pas encore eu à faire de choix déchirants. On n'avait pas encore peur d'en faire de mauvais. Parce qu'on avait tout le temps.
Tous les trentenaires ou presque ont connu un ou deux de ces premiers amours qui se voulaient éternels. Ils ont été heureux. Puis - souvent - ils ont dû laisser tout ça derrière eux.
Tous les trentenaires ou presque ont connu un ou deux de ces premiers amours qui se voulaient éternels. Ils ont été heureux. Puis - souvent - ils ont dû laisser tout ça derrière eux.
L'avantage des garçons de 20 ans, c'est qu'ils sont encore capables de s'emballer.
J'étais le premier grand amour de Gentleman Joe, et il était - plus ou moins - le mien.
Il n'y a rien de plus fort que ces amours-là. Quand tu découvres et expérimentes la vie de couple avec quelqu'un pour la première fois. Il n'y a eu personne avant ça, tu n'as pas vraiment d'élément de comparaison, et la personne avec qui tu le vis est la seule et l'unique, ton âme soeur, ton double, ton frère, ta soeur, ton/ta meilleur(e) ami(e), un peu tout à la fois. Tu n'imagines pas, à ce moment-là, qu'il y en aura des dizaines d'autres.
Bref, les mecs de vingt ans ont moins de mal à s'engager parce qu'ils ont une capacité à s'émerveiller, à s'emballer, à être amoureux, que les mecs de trente ans n'ont pas. N'ont plus.
A vingt ans, quand tu tombes amoureux, eh ben t'y vas.
(Parfois pour le pire, par ailleurs, c'est évident. On choisit mal, à cet âge-là - souvent).
A trente ans, t'y vas pas. Pas vraiment. Tu sais pas. T'hésites. Tu te tâtes.
(D'ailleurs, je sais pas si vous avez remarqué, mais les gens de vingt ans sont beaucoup plus souvent en couple que nous. D'ailleurs on était tous en couple à vingt ans. On a tout fait à l'envers).
Les mecs seuls de trente ans, c'est compliqué. Ils sont paumés.
Ils ne savent pas trop où ils vont, ils ne savent pas trop ce qu'ils veulent.
Enfin à part niquer, s'entend.
Ils ont tous vécu une ou deux grandes histoires d'amour, des vraies, qui ont échoué - et avec elles, tous leurs projets de vie passés - et ils ne savent pas encore trop par quoi les remplacer.
Ils flippent. Ils papillonnent. Ils foirent. Ils rament. Ils sont blasés.
A trente ans passés, des filles t'en as eu des dizaines : pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? Et si c'était pas la bonne ? Et j'ai déjà morflé, est-ce que je suis prêt à recommencer ? Et suis-je prêt à renoncer à toutes les femmes pour celle-là ? Sérieusement ?
Et puis ils ont le temps. Beaucoup plus que nous. Nous on a un sentiment d'urgence.
S'engager auprès d'une trentenaire quand t'en as trente aussi, c'est terrifiant.
Il faut vraiment être amoureux. Et il ne tombent plus vraiment amoureux.
Ils ne veulent même plus vraiment essayer. C'est trop de boulot.
Ils sont d'un cynisme à pleurer.
MoMA : Les mecs de trente ans, ils sont en crise et ils font que de la merde. Je sais pas, c'est comme s'ils avaient un quota. Comme s'ils étaient pas capables de tomber amoureux plus de deux fois. Je comprends pas : moi je suis amoureuse tout le temps !
"My desert-island, all time, top five most memorable split-ups, in chronological order :
1) Alison Ashworth
2) Penny Hardwick
3) Jackie Allen
4) Charlie Nicholson
5) Sarah Kendrew.
These were the ones that really hurt. Can you see your name in that lot, Laura? I reckon you'd sneak into the top ten, but there's no place for you in the top five; those places are reserved for the kind of humiliations and heartbreaks that you're just not capable of delivering. That probably sounds crueller than it is meant to, and that's a good thing, not a bad thing, so don't take your failure to make the list personnally. Those days are gone, and good fucking riddance to them; unhappiness really meant something back then. Now it's just a drag, like a cold or having no money. If you really wanted to mess me up, you should have got to me earlier"
(High-Fidelity, Nick Hornby)
Et y a vraiment plus de magie après trente ans, alors ? Sérieusement ?
Bon et donc concrètement, du coup, on fait quoi ?
On sort avec des petits magiciens de vingt trois ans pendant encore longtemps ?
(Oui : le mec de BB est - vraiment - magicien. Je n'invente rien. Ca s'invente pas, ça).
J'étais le premier grand amour de Gentleman Joe, et il était - plus ou moins - le mien.
Il n'y a rien de plus fort que ces amours-là. Quand tu découvres et expérimentes la vie de couple avec quelqu'un pour la première fois. Il n'y a eu personne avant ça, tu n'as pas vraiment d'élément de comparaison, et la personne avec qui tu le vis est la seule et l'unique, ton âme soeur, ton double, ton frère, ta soeur, ton/ta meilleur(e) ami(e), un peu tout à la fois. Tu n'imagines pas, à ce moment-là, qu'il y en aura des dizaines d'autres.
Bref, les mecs de vingt ans ont moins de mal à s'engager parce qu'ils ont une capacité à s'émerveiller, à s'emballer, à être amoureux, que les mecs de trente ans n'ont pas. N'ont plus.
A vingt ans, quand tu tombes amoureux, eh ben t'y vas.
(Parfois pour le pire, par ailleurs, c'est évident. On choisit mal, à cet âge-là - souvent).
A trente ans, t'y vas pas. Pas vraiment. Tu sais pas. T'hésites. Tu te tâtes.
(D'ailleurs, je sais pas si vous avez remarqué, mais les gens de vingt ans sont beaucoup plus souvent en couple que nous. D'ailleurs on était tous en couple à vingt ans. On a tout fait à l'envers).
Les mecs seuls de trente ans, c'est compliqué. Ils sont paumés.
Ils ne savent pas trop où ils vont, ils ne savent pas trop ce qu'ils veulent.
Enfin à part niquer, s'entend.
Ils ont tous vécu une ou deux grandes histoires d'amour, des vraies, qui ont échoué - et avec elles, tous leurs projets de vie passés - et ils ne savent pas encore trop par quoi les remplacer.
Ils flippent. Ils papillonnent. Ils foirent. Ils rament. Ils sont blasés.
A trente ans passés, des filles t'en as eu des dizaines : pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? Et si c'était pas la bonne ? Et j'ai déjà morflé, est-ce que je suis prêt à recommencer ? Et suis-je prêt à renoncer à toutes les femmes pour celle-là ? Sérieusement ?
Et puis ils ont le temps. Beaucoup plus que nous. Nous on a un sentiment d'urgence.
S'engager auprès d'une trentenaire quand t'en as trente aussi, c'est terrifiant.
Il faut vraiment être amoureux. Et il ne tombent plus vraiment amoureux.
Ils ne veulent même plus vraiment essayer. C'est trop de boulot.
Ils sont d'un cynisme à pleurer.
MoMA : Les mecs de trente ans, ils sont en crise et ils font que de la merde. Je sais pas, c'est comme s'ils avaient un quota. Comme s'ils étaient pas capables de tomber amoureux plus de deux fois. Je comprends pas : moi je suis amoureuse tout le temps !
"My desert-island, all time, top five most memorable split-ups, in chronological order :
1) Alison Ashworth
2) Penny Hardwick
3) Jackie Allen
4) Charlie Nicholson
5) Sarah Kendrew.
These were the ones that really hurt. Can you see your name in that lot, Laura? I reckon you'd sneak into the top ten, but there's no place for you in the top five; those places are reserved for the kind of humiliations and heartbreaks that you're just not capable of delivering. That probably sounds crueller than it is meant to, and that's a good thing, not a bad thing, so don't take your failure to make the list personnally. Those days are gone, and good fucking riddance to them; unhappiness really meant something back then. Now it's just a drag, like a cold or having no money. If you really wanted to mess me up, you should have got to me earlier"
(High-Fidelity, Nick Hornby)
Et y a vraiment plus de magie après trente ans, alors ? Sérieusement ?
Bon et donc concrètement, du coup, on fait quoi ?
On sort avec des petits magiciens de vingt trois ans pendant encore longtemps ?
(Oui : le mec de BB est - vraiment - magicien. Je n'invente rien. Ca s'invente pas, ça).