mardi 20 octobre 2020

Martine casse l'ambiance (ou le féminisme pour les nuls)

 


(Cette image vient de la page Facebook de Mauvaise Compagnie, la marque d'Anaïs Bourdet, qui avait créé le tumblr Paye ta Shneck avant d'abandonner après ce qu'on appelle un burn out militant.)


Aujourd'hui je ne vais pas beaucoup parler (même si en fait si), je vais surtout vous envoyer vers des liens que ça me ferait vachement vachement plaisir que vous regardiez/lisiez/écoutiez. (Attention ce post s'adresse aux gens qui ne sont pas à la page sur le combat féministe et les études de genre, donc si vous êtes déjà fan de Victoire Tuaillon je ne vais rien vous apprendre ici). 

Aujourd'hui, donc, je voudrais vous parler de féminisme. Mais je ne vais pas vraiment prendre la parole par moi-même (même si en fait si) parce que je ne saurais même pas par où commencer, parce que l'ampleur des choses que j'ai à dire est inconcevable et que beaucoup de gens ont dit ce que j'avais à dire beaucoup mieux que moi.

Oui parce que j'ai beau croire à la force et à l'importance du témoignage individuel et subjectif pour dévoiler des mécanismes ou des phénomènes plus généraux et collectifs, là je ne saurais même pas par où commencer pour raconter toutes mes expériences personnelles révélant les problèmes liés au sexisme, comment il m'a façonnée, comment j'en ai souffert, et à quel point je le retrouve, encore aujourd'hui, un peu partout. Je ne saurais pas comment expliquer tout ce que j'ai compris dans le courant de ma vie, et surtout ces dernières années.

Car je n'ai pas toujours été féministe, voyez-vous. Ayant grandi dans un univers où régnait (et où règne encore) un bon vieux sexisme ordinaire qui ne dit pas son nom, le féminisme a longtemps été complètement absent de mon univers mental, ou quelque chose de vaguement ridicule dont il fallait se démarquer à tout prix, et ce essentiellement pour se conserver l'amour des hommes, ceux précisément dont l'amour m'importait. Enfant, adolescente, adulte, j'ai tenu des propos sexistes sans le savoir, encouragé des idées et des comportements sexistes sans le savoir, souffert du sexisme sans le savoir. Puis j'ai commencé à m'intéresser au sujet, à m'instruire, à lire, à écouter, à en parler, et j'ai compris tellement, tellement de choses. Il ne fait aucun doute d'ailleurs que certaines choses que j'ai pu écrire ici ces dernières années me feraient vachement tiquer aujourd'hui.


 

Dans ma famille de profs, on a toujours dit "On ne peut pas savoir quelque chose avant de l'avoir appris". Et je pense évidemment qu'il est absolument essentiel que l'ensemble de la population, hommes et femmes, se sensibilisent au sujet du féminisme si on veut que les choses avancent. 

Mais je ne veux pas avoir à éduquer qui que ce soit. Je n'ai pas la force, pas le courage. (J'ai d'ailleurs arrêté d'enseigner. Je n'en peux plus de me battre).

Souvent j'aimerais que les gens fassent un minimum de travail sur eux pour essayer d'analyser pourquoi ils ont en eux ce rejet instinctif du débat féministe, majoritairement les hommes mais pas seulement. Qu'est ce que c'est ce sentiment en eux qui les braquent, qui leur donne envie de dénigrer sans écouter, ce sentiment inconscient tellement ancré en eux et qui prouve que le combat féministe a encore du pain sur la planche.

C'est dur de constater que des gens de mon entourage peuvent balayer quelque chose d'aussi essentiel d'un revers de la main condescendant, de constater qu'une remarque féministe met beaucoup de gens beaucoup plus mal à l'aise et les met beaucoup plus sur la défensive qu'une remarque sexiste, que beaucoup de gens sont réticents à soutenir le féminisme, réticents à dénoncer le sexisme, et donc perpétuent, et de ce fait encouragent le statu quo par paresse, par confort, mais sans vouloir l'entendre. J'ai écouté récemment un podcast fabuleux intitulé Ou peut-être une nuit sur l'inceste en France, et sur le silence qui l'entoure, où il est dit que le vrai tabou, il semblerait que ça n'est pas tant l'acte pédocriminel en lui-même que le fait d'en parler ; n'est ce pas un peu pareil pour le sexisme ? Et si le vrai tabou ce n'était pas tant le sexisme, mais plutôt le fait de le dénoncer ouvertement ? 

J'en suis à un point où je ne parle même plus de féminisme avec un public non acquis, ou bien de façon homéopathique, et ce pour me protéger. Je me ménage. Je ne dis plus rien, je ravale ce que j'ai à dire, je laisse passer, je m'écrase. Je ne pars plus à l'assaut de la montagne avec mes petites mains. Je me dis que je vais me faire du mal pour rien. Que c'est vain. Que mieux vaut laisser passer cette réflexion sexiste ou ce cliché dangereux sur le viol, par exemple, plutôt que de "casser l'ambiance" et de me faire du mal en affrontant la réaction des gens, qui très vraisemblablement ne changeront pas de toute façon. Et puis je sais me tenir en société et je sais qu'on n'impose pas un sujet à table quand personne ne souhaite en parler. Mais vous avouerez que c'est un problème car parler de féminisme avec un public non acquis, c'est ça qui semble important, et que personne n'a jamais fait avancer une cause en en débattant dans sa tête. Mais bon, pour l'instant je me contente de parler de féminisme avec des féministes, et c'est déjà pas mal, ça me permet déjà de vachement avancer dans ma réflexion. Sauf que c'est très bien que les féministes connaissent leur sujet sur le bout des doigts, mais encore faudrait-il que des gens non renseignés sur le sujet profitent de leur travail.

Donc l'idée, c'est qu'ici, je vais publier des liens, pour permettre aux personnes qui auront envie de cliquer de s'informer. Parce que c'est tellement passionnant d'analyser et de comprendre ces mécanismes qui régissent tous les aspects de notre société depuis des siècles, c'est tellement passionnant d'analyser les rapports hommes-femmes, les rapports des femmes à elles-mêmes et entre elles, les rapports des hommes à eux-mêmes et entre eux, les rapports de domination dans les divers aspects de la société, les rôles dévolus et la hiérarchisation des sexes au travail, à la maison, au lit, auprès des enfants, les représentations dans la langue, l'art, dans les médias, à travers les âges, les cultures, dans la sphère privée, dans la sphère publique... C'est tellement riche, tellement foisonnant, il y a tant de choses à dire, tant à apprendre. Et il arrive souvent que je dise un truc qui me semble aujourd'hui tellement évident et que des gens, pas hostiles cette fois-ci, me disent "ah tiens, j'y avais jamais pensé".

C'est un sujet d'études, en fait. Ca s'appelle les études de genre et c'est un champ de recherche pluridisciplinaire qui étudie les rapports sociaux entre les sexes. (Wikipédia à la rescousse : "Le genre est considéré comme une construction sociale et est analysé dans tous les domaines des sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, anthropologie, psychologie et psychanalyse, économie, sciences politiques, géographie..."). En tant que prof, je tombe souvent sur des collègues qui me disent, atterrés, à propos des élèves : "Tu te rends compte, ils ne savent même pas que... ?!" et à qui je suis obligée de répondre que moi non plus, je ne sais pas de quoi ils parlent. Parce que quand on a étudié l'histoire ou le théâtre, par exemple, pendant des années à la fac, on oublie que ce qui est évident pour nous ne l'est pas pour ceux qui n'ont pas le même sujet d'expertise. (Les profs ont aussi tendance à oublier qu'avant de l'étudier, eux non plus ne savaient pas toutes ces choses). Et donc les gens qui n'ont pas étudié tout ça croient avoir une idée de ce qu'est le féminisme mais sont en fait complètement à la ramasse sur le sujet, parce que c'est un véritable sujet d'études, et qu'il n'y a pas de raison qu'ils sachent de façon instinctive des trucs que les féministes ont compris en s'informant longuement, de façon active et passionnée.

Alors pour tous les gens qui ne sont pas hostiles au féminisme (et j'ose espérer que peu de mes lecteurs et lectrices sont hostiles au féminisme) mais qui n'y connaissent pas grand chose, je vais publier des trucs qui vont vous permettre de vous faire un petit crash course (enfin de quelques heures, quand même, hein, si vous faites ça bien). Une sorte de compile "Best of feminism 2018-2020" (parce que je vais rester sur du récent).

Et pour rentrer dans le sujet je voudrais partager avec vous cette intervention de Félix Radu qui a fait bondir les féministes, alors que tant de gens ont aimé et partagé sa vidéo (elle a été partagée 150 000 fois). Parce que tant de gens non-sensibilisés à la question n'ont pas vu tous les mécanismes à l'oeuvre, ont vu une vidéo féministe quand ce mec, pourtant paraît-il sympathique et malin par ailleurs, réalise en réalité en quelques minutes un bon bingo sexiste sous couvert de bienveillance. Et je suis convaincue qu'il pensait réellement bien faire. Sauf qu'il a voulu prendre la parole sur le féminisme sans prendre le temps au préalable de se renseigner correctement sur la question, comme s'il suffisait d'y consacrer dix minutes pour maîtriser le sujet et éviter les écueils. 

 

Et je pense qu'apprendre à voir en quoi cette vidéo qui se déclare féministe est en fait problématique est important pour apprendre à déconstruire plein de choses. Il y a eu d'excellents droits de réponse, par vidéo ou par écrit, que je vous envoie également juste après. 

La vidéo de Félix Radu : Lettre à ma petite soeur (rha la la, ses trémolos dans la voix, ça me donne envie de hurler). (C'est en gris clair, ça veut dire que c'est un lien et qu'il faut cliquer dessus ! C'est la deuxième vidéo qui apparaît sur la page). 



  

La réponse de Camille et Justine. Fantastique. Je ne m'en lasse pas. 

L'article Ces amis qui veulent du bien au féminisme (avec la vidéo d'Adeline Dieudonné à la fin)

L'article D'où les mecs seraient nos meilleurs alliés ? (bon, là je vous préviens elle est véhémente,  elle le défonce, c'est moins consensuel que celui d'avant, elle ne prend pas de pincettes pour faire de la pédagogie, clairement elle s'en fout de "desservir sa cause" en passant pour une "hystérique radicale" -ce qu'évidemment beaucoup vont s'empresser de dire- parce qu'elle est juste super vénère. Je n'aurais probablement jamais écrit un texte pareil parce que je me censure : j'ai bien intériorisé tout ce qu'on reproche aux féministes, je sais qu'il faut être trèèès nuancée et douce et calme et pédagogue et irréprochable pour faire passer son message sans être discréditée d'office (ce qui est épuisant)(Moi : "En tant que féministe, si t'es pas irréprochable, t'es discréditée", Thomas : "Si t'es irréprochable aussi...")(Lui on l'écoute, cela-dit, quand il parle de féminisme ; c'est assez dingue d'ailleurs, comme les réactions sont différentes si c'est lui, un homme, qui parle). Bref elle est vénère et ça se sent mais franchement c'est assez cathartique et jubilatoire à lire pour une féministe, parce que Félix Radu on a un peu envie de se le payer, parce que ça revient à se payer tout ce qu'il représente. Et attention elle ne fait pas que déverser sa colère : elle dit des trucs très bien. Je sais juste que certains n'écouteront pas parce qu'ils ne passeront pas outre la colère). 

(A un moment elle l'imite en disant "je vais quand même pas ouvrir Google tout seul, je sais même pas quoi taper. Pi j’ai des messages à délivrer moi ici, j’suis busy-busy au boulot, j’te raconte même pas. Toi c’est ton oppression, donc bon, j’sais pas, file-moi tes résumés" : ça m'a fait rire parce que moi ici c'est un peu ce que je m'apprête à faire : vous filer mes résumés).

Et la réponse vidéo d'Axel Lattuada (le mec de 'Et tout le monde s'en fout' et notamment de cet épisode sur le sexisme ordinaire au travail)

 

Alex Lattuada, donc. Car non, il n'y a pas que des femmes pour parler de féminisme intelligemment, dénoncer le sexisme et tenter d'analyser et de déconstruire les valeurs sexistes qui régissent notre société, thank God. (Et il y a aussi beaucoup de femmes pour dire des conneries grosses comme elles sur le sexisme, on le sait tous). Il y a quelques mecs qui prennent la parole spécifiquement pour tenir des propos pro-féministes (et qui, je l'ai entendu dire et l'envisage volontiers, sont plus facilement écoutables pour des mecs pas hyper chauds pour écouter des discours féministes).  

Il y a aussi l'humoriste Laurent Sciamma, le frère de Céline Sciamma, et son fantastique spectacle Bonhomme, qui se donne encore aujourd'hui au Café de la Gare à Paris et que je ne peux que vous encourager à aller voir. Il y a Guillaume Meurice, qui a fait de très nombreuses chroniques pour dénoncer le sexisme, comme celui là encore l'autre jour. Il y a Thomas Messias et son excellent podcast Mansplaining (déjà 47 excellents épisodes à ce jour, quand même !), dans lequel il questionne la masculinité, notamment sa représentation au cinéma. (Allez écouter Mansplaining). Il y en a aussi certainement d'autres que je ne connais pas. Il y a cet article, #Moi aussi...coupable d'Emmanuel Zemmour sur le blog de Médiapart que j'avais déjà publié et qui m'avait plu. Et puis il y a des mecs comme Martin Page, que je connais moins bien, mais qui est notamment l'auteur de Au delà de la pénétration. Mais je ne vais pas m'attarder car il est question de son livre dans un épisode de Les Couilles sur La Table, qui consacre également un épisode au livre de Francis Dupuy-Déris, La crise de la masculinité - Autopsie d'un mythe tenace, un autre homme, donc.

En effet, la toute première chose que je ne peux que vous encourager à faire, c'est d'écouter les différents épisodes de Les Couilles sur La Table. Dans chaque épisode, Victoire Tuaillon reçoit un invité, une fois Martin Page pour parler de son livre (cité juste au dessus), une fois Francis Dupuy-Déris pour parler du sien (idem), une fois Laurent Sciamma, une fois le sociologue Jean-Claude Kauffman pour son livre Pas Envie ce Soir et la question du consentement dans le couple, une fois la merveilleuse Titiou Lecoq sur son livre Libérées - Le Combat Féministe se gagne devant le panier de linge sale, une autre fois Aurélia Blanc pour parler de son livre sur l'éducation des petits garçons, Tu seras un homme féministe, mon fils. C'est passionnant, abordable, agréable à écouter, et ça traite de plein de sujets essentiels en en tirant la substantifique moelle. Donc si je n'avais qu'un podcast à vous conseiller, c'est celui là. A écouter dans le métro ou en voiture en allant bosser, en partant en vacances, en faisant son jogging, en faisant la vaisselle, en faisant à bouffer... (croyez-en mon expérience, écouter des podcasts passionnants rend le fait de ranger son appart' beaucoup moins pénible !). 

Si jamais le podcast Les Couilles sur la Table vous a plu, je peux évidemment vous en conseiller d'autres très bien, (même si je mets Les Couilles sur le Table au sommet), comme :

Un podcast à soi (le titre fait référence à l'essai de Virginia Woolf intitulé Une Chambre à Soi - A Room of One's Own - publié en 1929 et qui a joué un rôle important dans l'histoire du féminisme). 

Quoi de Meuf (où il est notamment beaucoup question de féminisme et de pop culture -la série 'Mrs America', la série 'Fleabag', la série 'I May Destroy You', la série 'The L Word', le film 'Les Filles du Dotceur March', le livre "Dans la forêt'... -, de la représentation des hommes et des femmes et de leurs rapports et de leurs expériences dans ces oeuvres, de comment elles servent ou desservent le combat féministe, et autres). (Je profite d'en avoir parlé pour vous conseiller les séries 'Unbelievable' et 'I May Destroy You' qui parlent de viol de façon magistrale - et ce n'est pas un sujet secondaire, c'est LE sujet de ces deux séries, merci à elles).

Il y en a plein d'autres, que je connais plus ou moins bien voire que je n'ai jamais écoutés (Modern Love de Nadia Daam, La Poudre, Ovaires et Contre Tout...). (Je suis preneuse de tout nouveau conseil de podcast, à ce sujet !).

Je peux aussi vous conseiller cette vidéo d'une conférence passionnante et drôle de la linguiste Laélia Véron intitulée Langue, Genre et Domination. A propos de l'écriture inclusive, de la féminisation des noms de métiers, etc. Drôle, passionnant, magistral. #LaéliaVéronForever.

Autre article d'utilité publique il me semble (il y en a tant), l'article de la grande Maïa Mazaurette : La misère sexuelle, un argument si pratique.

Ah, et je ne peux m'empêcher de vous envoyer le lien vers ce podcast partagé il y a des mois par Titiou Lecoq et que j'aime d'amour : Tout de suite les grands mots. Un petit bijou.

Je peux aussi vous conseiller la BD d'Emma sur la charge mentale, Fallait demander, évidemment, mais vous connaissez évidemment déjà aussi, c'était difficile de passer à côté je crois.

Mais bon, je ne vais pas vous en donner davantage, je risque de vous décourager. Je ne vous conseille pas (prétérition) les divers livres de Mona Chollet (Beauté Fatale, Sorcières, Chez Soi...), Jouir - En quête de l'Orgasme Féminin de Sarah Barmak, La Culture du Viol à la Française de Valérie Rey-Robert (auteur du blog féministe Crêpe Georgette), Rage Against the Machisme de l'historienne Mathilde Larrère, Baiser après #metoo ; lettres à nos amants foireux d'Ovidie, King Kong Theory de Virginie Despentes évidemment, les BDs de Liv Strömquist et autres, ils demanderaient beaucoup plus de temps à lire et sont -pour certains en tout cas- moins abordables que les podcasts, articles et vidéos ci-dessus. Et puis c'est sans fin : il y a tant de livres, tant d'articles, tant de podcasts, tant de documentaires. Bref, tout ça pour dire qu'il y a beaucoup beaucoup de choses qui ont été dites et écrites (et encore je ne cite que les très récentes) et que si jamais cet univers vous est inconnu, je trouverais ça merveilleux que vous fassiez l'effort de vous y intéresser en allant écouter quelques épisodes de Les Couilles sur la Table, par exemple, qui permettent quand même de se sensibiliser à plein de sujets de façon agréable et efficace.

Et autre chose : les seules personnes que je connaisse à avoir lu ces livres, à avoir écouté ces podcasts sont des femmes. A quelques rares exceptions près, et encore les mecs que je connais qui les écoutent les écoutent parce que leur compagne les leur fait écouter. Je connais aussi beaucoup de femmes qui ne bitent rien au féminisme, et sont plutôt même moins féministes que certains mecs que je connais, mais ça ne change rien au fait que les seuls personnes que je connaisse qui écoutent d'eux-mêmes ces podcasts et ont lu ces livres sont des femmes. Or, les mecs, si vous êtes du genre à dire que c'est un combat qui concerne tout le monde, que "not all men", si vous dites être un allié des femmes (et j'ose espérer que mes lecteurs se disent alliés des femmes) alors soyez de vrais alliés, informez vous pour de bon, impliquez vous pour de vrai, même si vous avez peur d'entendre des trucs désagréables qui sous-entendent que plusieurs fois vous avez mal pensé et mal agi. (Et je vous préviens, si moi-même j'ai été sexiste sans le savoir à l'adolescence et encore au delà, les chances que vous y ayez échappé sont nulles).

Un petit pas de votre part, un grand pas pour le combat pour l'égalité des sexes. (Et non pas pour votre teub, blague que comprendront ceux qui ont vu Bonhomme) (quoique ça peut aussi être un grand pas pour votre teub, parce que je peux vous assurer que beaucoup de féministes ont bien envie de faire l'amour avec Laurent Sciamma et Axel Lattuada - mais c'est peut-être juste parce qu'ils sont super sexys).

De mon côté, moi qui reprochais aux hommes de ne pas se renseigner sur le féminisme parce qu'ils ne se sentaient pas directement concernés, j'ai réalisé que de mon côté j'écoutais Les Couilles sur La Table mais jamais Kiffe ta Race, autre excellent podcast de Binge Audio présenté par Grace Ly et Rokhaya Diallo, et ce justement parce que je me sentais moins concernée, parce que je suis blanche, et donc je m'y suis mise. Et là aussi, c'est passionnant. Donc voilà. Je pose ça là.

Bref, j'ai l'impression d'enfoncer des portes ouvertes avec ce post, et de pontifier, et que des gens vont me lire en se disant "oui merci ça va je sais ce que sont les études de genre, meuf, tu t'es pris pour qui ?", (quand je parle de féminisme j'anticipe à l'avance tout ce qu'on va me reprocher et ça me donne presque envie d'abandonner, honnêtement), mais je sais aussi que ce ne sont pas des portes ouvertes pour tout le monde, et que beaucoup de proches à moi que j'aime beaucoup apprendraient beaucoup de choses en lisant ce post (enfin en cliquant sur les liens, sinon ça sert pas à grand chose), alors si je peux ici atteindre quelques personnes, rien que quelques personnes non initiées qui du coup repenseront certaines de leurs idées, certains de leurs comportements, certains de leurs arguments, et amèneront certains de leurs proches à faire de même, eh ben youpi. Et sinon, ben, j'aurai essayé et d'autres feront mieux que moi. Font mieux que moi. Heureusement, quand moi j'ai pas le courage, quand moi je tombe, une amie sort de l'ombre à ma place ^^ Comme le disait Titiou, nous sommes légion.