jeudi 13 septembre 2012

I'm too cool for school

(J'aime cette fille sur talons aiguilles qui se déhanche)



C'est la rentrée.
J'ai retrouvé ma salle de classe.
Mes collègues.
Mon casier.
Les joies de la photocopieuse et de la machine à café.
Et le glamour infini du massicot.
J'ai retrouvé mes élèves, aussi. Mes élèves qui - contre toute attente - wait for it - m'aiment.
En effet, je suis assaillie de "Good morning Miss", "Pourquoi on vous a pas cette année madame ?", "Est-ce qu'on vous aura l'année prochaine madame ?", "Bon appétit madame", "Bon week-end madame" et autres petits mots tendres qui ramollissent mon coeur de craie.
Cela ne vaut que pour les filles, cela dit, cela s'entend. Mes anciens élèves de sexe masculin, eux, m'ignorent superbement (Attends, je vais pas aller dire bonjour à la prof, ça va pas non, je suis pas une fiotte).

Mes nouveaux élèves sont, eux aussi, adorables. Ils m'appellent "maîtresse", ils sont tout excités de dire leur nom en anglais, ravis de devoir utiliser leurs crayons de couleur pour colorier le drapeau britannique, et baissent les yeux quand je leur fais la grosse voix. (O joie).
Ne vous méprenez pas : c'est que je n'ai que des 6ème.
Il y a quelque temps, j'ai en effet dû me rendre à l'évidence : je n'arrive pas à me faire respecter par qui que ce soit qui fasse plus d'1m50. (Suffit de le savoir, hein).
Les 4ème, eux, avaient une fâcheuse tendance à me répondre "Suce ma bite" quand je leur disais bonjour. Ce qui avait le don de m'agacer. (C'est pourtant pas difficile, merde : on dit "Suck. My. Dick". Mais rien à faire, ces petits branleurs refusaient de travailler en cours d'anglais).
Et tout cela n'était pas dû à ma tenue, je vous arrête tout de suite. Non, je ne porte pas de porte-jarretelles en cours. (Quoique). (Mais nous y reviendrons).
Il ne s'agissait d'ailleurs pas d'avances à proprement parler, vous en conviendrez. Je ne pense pas hanter les rêves humides de mes collégiens.
Cela dit, je suis bien consciente que les profs femmes sont, par ailleurs, pour certains de mes congénères masculins, un sujet de fantasme inépuisable .
Le fait que je sois prof excitait en effet Johnny Blue Eyes au plus haut point. Cela l'amenait parfois à me susurrer fiévreusement "Pose ta gomme" à l'oreille pendant l'amour (véridique), ce qui - vous l'imaginez bien - avait quelque chose de déconcertant. Mister F, lui, avait le don de me déconcentrer en murmurant des cochonneries en allemand (Hein ? Qu'est-ce t'as dit ? Je comprends rien. Vas-y, parle moi la France !). (Astro avait également un certain talent pour me déconcentrer - mais d'une autre manière - en me susurrant, lui, des cochonneries en belge). 
(Mais je m'égare).

Venons-en aux faits : j'a-dore mes nouveaux collègues. 
J'adore aussi ceux qui étaient déjà là l'année dernière, bien sûr, mais disons que l'année 2012-2013 est un bon cru. Cette année, nous avons en effet eu un gros arrivage de petits dandy rock'n'roll en vestes cintrées et blousons de cuir. Ces anges rock hantent désormais les couloirs du collège - collège devenu, subitement et sans crier gare, l'équivalent diurne d'un petit bar trendy parisien.
(D'où la nécessité d'adapter sa garde robe).
(Je viens donc désormais en cours avec des tenues dont l'élégance n'a d'égal que le naturel). 
Nous appellerons ces jeunes messieurs - professeurs d'histoire de leur métier - Isidor et Eloi 1er. 
Je n'ai pas encore trouvé de nom pour le troisième, que je n'ai croisé qu'une seule fois en salle des profs. (Il doit être sur plusieurs établissements à la fois). J'étais en train de passer mes photocopies au massicot (une forte tension sexuelle régnait donc déjà dans la pièce), et là : j'ai entendu la porte s'ouvrir, il est entré, j'ai levé les yeux, je l'ai regardé, il m'a regardée, le vent s'est mis à souffler dans mon brushing, le temps s'est arrêté, "Dreams are my Reality" a retenti en musique de fond.... et puis la cloche a sonné. 

Cela dit, ne nous emballons pas : j'ai en réalité surtout des vues très prononcées sur Isidor. 
(Oui, je m'apprête à faire des infidélités à Martin Cannavo). (Pardon, Martin). 
(En même temps, fallait se manifester, hein). (J'ai pas tout mon temps, moi). 
(A propos de Martin Cannavo, je vous invite à regarder la liste des articles les plus consultés à votre droite : en deux semaines seulement, Ma sélection automne-hiver a atteint la position n°7 - après le crapaud et les moutons, je vous l'accorde, mais pas mal quand-même. Pourquoi ? A cause de toutes ces filles qui tombent sur l'article en tapant "Martin Cannavo" sur Google. Impressionnant, donc. Une affaire que je suis pour ma part de très près. Car nous assistons ici à une véritable course de popularité entre Martin et Scarlett Johansson : Me, myself and I étant n°1 des sondages depuis des mois parce que j'y montre une photo de Scarlett Johansson à poil, la montée en flèche de Ma Sélection Automne-Hiver semble en effet suggérer que Martin - appelons-le mon doux et tendre - est bel et bien la nouvelle Scarlett. Eh ouais). 

Mais revenons à Isidor. 
Isidor est extrêmement charmant. (Isidor ressemble à Virgile).  
En salle des profs, Isidor parle à tout le monde. 
En salle des profs, je parle à tout le monde. 
Isidor et moi, en revanche, ne nous sommes pour ainsi dire jamais parlés.  
Ben ouais : il m'intimide. Du coup je l'ignore. Je suis au collège, après tout, hein.
Rien, donc. A l'exception de quelques échanges rapides - mais intenses - que je me plais à rejouer dans ma tête entre deux sonneries ("Il m'a demandé mon prénom !! Waouh. J'arrive pas à le croire ! J'arrête la pilule tout de suite ou bien ?"). 

Isidor est de toute façon bien trop charmant pour être célibataire. 
Et puis je crains qu'il n'ait déjà intégré que j'étais un peu la Pierre Richard de l'établissement. 
- Il m'a vue le jour de la rentrée glousser au fond de l'amphi et faire une partie d'escrime au stylo avec le prof de maths (Alf de son prénom) (Alf est rouquin et chevelu). 
- Il m'a vue chanter les Demoiselles de Rochefort avec la nana du CDI en salle des profs. 
- Puis, pendant le "jeu de piste" censé faire découvrir le collège aux 6ème, il m'a vue abandonner mes élèves en gloussant (encore) et supplier Alf de me dire où était l'infirmerie (qui constituait l'étape n°1 du jeu de piste) (la prof qui maîtrise, quoi) (surtout qu'il a refusé de me le dire, le rat : "Attends Bayane, tu te démerdes, hein ! T'es pas dans mon équipe ! Hohoho"). La lose. (Nous sommes de grands enfants). Mais j'ai bien ri. 
(Je vous rassure : on a fini par s'en sortir. Mes élèves et moi, on est un super crew).
Isidor, pendant ce temps, gardait un sérieux sans faille. Il m'a juste lancé un regard amusé avant de demander à ses élèves, imperturbable, quelle était la différence entre un oiseau et un mammifère. (Rhooo. Trop mignon).
Bref. Il me plaît bien.

Il plaît d'ailleurs également bien à mes petites 6ème, apparemment
Quand je leur ai annoncé que "votre prof d'histoire vous l'avez justement vu tout à l'heure dans la cour, c'était le grand brun avec la chemise et le pantalon rouge", j'ai vu leur mâchoire tomber. Elles ont échangé des regards au ralenti. (Bas les pattes, gamines, il est à moi !).


J'ai évidemment déjà photocopié son emploi du temps dans le plus grand secret (petite intrigante que je suis). Afin de pouvoir éventuellement débarquer après son cours et refermer la porte derrière moi avant d'arracher ses vêtements pendant son cours pour donner des infos à mes élèves. Afin aussi de pouvoir éventuellement venir traîner en salle des profs pour baiser bosser quand il a une heure de trou dans son emploi du temps. (Moi, en manque ?) (Je ne vois pas de quoi vous voulez parler). 
(N'empêche : tout prof qui se respecte se doit de baiser au moins une fois dans une salle de classe, quoi. Histoire de s'approprier l'espace, tout ça) (Ils en parlent beaucoup, justement, à l'IUFM, de l'importance d'"occuper l'espace") (Pensez-y). 

Et puis je tiens à préciser que je ne m'intéresse pas uniquement à son cul. (Et pour cause : il n'en a pas). Je m'intéresse en effet également à son sperme et à son patronyme, puisque je me suis empressée en le rencontrant de me demander si son nom de famille m'irait bien et de me dire que youpi, super, on pourra partir en vacances avec nos enfants pendant les vacances scolaires.
(Vous voilà rassurés). 

Cela dit, peut-être devrais-je attendre encore un peu. Mon mojo n'est pas au top, voyez-vous.
J'ai en effet été lamentablement rejetée par un bel hollandais le week-end dernier, un des deux hollandais avec qui j'ai passé trois jours en coloc' improvisée chez BB.
C'était un week-end fantastique. On a traversé Paris, bien marché, pas mal bu, beaucoup ri. 
La seule ombre au tableau, c'est donc que ce grand géant d'hollandais (2m04 !!) aux yeux bleus et à la lèvre charnue a blessé mon égo en rejetant ma tentative de grimper le long de son tronc avec mes petites mains pour atteindre sa bouche.
"I'm not a one shot kind of guy", qu'il m'a dit.
(C'était un hollandais volant, un dutchman en vadrouille : il repartait le dimanche soir).
J'ai trouvé ça d'une ironie infinie.
"I'm not a one shot kind of guy" ?! Tu me dis ça à moi ?
(Il n'est même pas dit que j'aurais été prête à coucher avec lui, en plus). (J'aurais fait comment, d'ailleurs ? J'aurais roulé des pelles à son nombril ?).
Cela dit, quoiqu'il en soit, je pense qu'il me mentait.
Je ne voudrais pas avoir l'air cynique, mais je ne pense pas une seule seconde qu'un mec soit capable de refuser de coucher avec une fille si elle lui plaît. (Tu me dis non parce que ça te dérange que ça ne dure qu'une nuit ??! Hein ? Pitié, mec. A d'autres).
J'en déduis que je ne lui plaisais pas. (Et vlan). J'ai d'ailleurs fait savoir mon incompréhension à BB dès le lendemain matin au petit déjeuner ("Putain je sors de la douche, je me suis vue dans la glace, et je suis quand-même super bonnasse, quoi, il est idiot ce garçon") avant de me poser une question terrible : suis-je bien sûre qu'il ne comprend pas le français ? (Ooops).

Bref, j'en suis là, quoi. Autant dire que ça ne va pas loin.
(Je m'amuse bien, cela dit).



Sinon y a quelqu'un l'autre jour qui a tapé "licence maîtrise ich bin eine midinette" sur Google. Ca m'a perturbée. 
Quelqu'un cherche à se renseigner sur mes diplômes ? 
Hmm... Mystère...
(Quelqu'un est aussi tombé sur le blog en tapant "garçon papou nu". Allez comprendre).

(Oui, je sais : il fut un temps où j'essayais vaguement d'écrire des articles de fond (hum) avec un truc à démontrer et tout, et là, ben, je ne fais plus que raconter ma vie. J'avoue). 

5 commentaires:

  1. "Et puis je crains qu'il n'ait déjà intégré que j'étais un peu la Pierre Richard de l'établissement". Ben rien que pour ça je serais amoureux de toi !

    Ce Hollandais devait être sourd, aveugle, et infectieux, il ne voulait pas te contaminer, je ne vois que ça !

    Sinon j'ai bien ri, c'est toujours plaisant de te lire. J'ai lu vite mais je relirai demain l'esprit plus clair.

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  2. No Zob in Job !
    Mais bon si un jour y a moyen...

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    1. Tiens, tu lis mon blog, toi ? :)
      Coucou !
      Oui, j'avoue, ça n'est peut-être pas une idée très judicieuse. Mais bon, Isidor, quoi. (La salle 202 ne m'était jamais apparue comme un espace de luxure avant aujourd'hui, mais là...).

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  3. Tu sais aussi bien que moi, que ce qui est drôle c'est ta façon de raconter ta vie, les angles choisis, ton humour, ton style. Au fond ta vie c'est ta vie, on s'en fout ( en fait on s'en fout pas du tout, parce qu'on s'amuse à imaginer la suite et les trous du roman) d'ailleurs si ça se trouve tout est faux! Mais c'est très jouissif de te lire.

    Bon, enfin, voilà quoi, c'est ce que je pense, mais bon, ça ne vaut rien hein...

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  4. J'ai écrit cet article le 13 septembre. Montée fulgurante de Martin Cannavo ces trois derniers jours (nous sommes le 16) : il est passé de la position n°7 à la position n°5. Une petite star qui monte qui monte qui monte.

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