mardi 25 juin 2013

Boobs and Brains, Brains and Boobs.



La prochaine fois que je vous dirai que j'arrête les hommes, ignorez-moi. (Vous êtes de grands naïfs). 
Gigi : Bayane, je pense qu'il est temps pour toi d'accepter que tu n'es pas une midinette, mais une nymphomane. 

Je vous le dis, lecteur : on ne peut pas être tranquille deux minutes dans ce bas monde. 
On ne peut plus tranquillement se vautrer dans une douce sérénité teintée de désenchantement sans que le destin ne vienne tout gâcher en vous jetant un homme dans les pattes to take you off balance. Pénible.
Bref, j'ai encore rencontré un garçon. (Ca commence à bien faire, vous ne trouvez pas ?).

Il est écrivain. Il écrit de la politique-fiction. Il est très intelligent et cultivé, ça m'intimide beaucoup.
Du coup je me dis que je vais devoir lui faire beaucoup l'amour (la dure vie de l'élite intellectuelle, ou de l'avantage d'être écrivain) pour faire diversion. Non parce que sinon, voyez-vous, je crains qu'il ne finisse par découvrir le pot aux roses, à savoir que je suis secrètement très très sotte. 
Comme il est très intelligent, cela dit, j'imagine qu'il va vite comprendre mon lamentable stratagème et l'utiliser contre moi, invoquant Spinoza dès qu'il a envie de moi - le petit malin.
(C'est mon petit côté Beetlejuice. Tu dis Spinoza trois fois et j'apparais en porte-jarretelles).

(En fait je soupçonne que c'est pour ça qu'Ariane te roule une pelle dès que tu dis un truc intelligent. C'est pas parce que ça l'excite. C'est juste une tentative désespérée pour mettre un terme à la conversation).

Bref, je nous entends d'ici :
Lui : Je suis en train de finir de rédiger mon article, là, et après je dois préparer ma conférence à Genève. Et demain je passe à la télé pour parler de mon dernier bouquin. Et toi ?
Moi : Euh... Je regarde Lost. Depuis ce matin. Hum. (Silence gêné)... Mais ce que je tiens surtout à ce que tu saches, mon amour, c'est qu'au moment où je te parle, sous mes vêtements, je suis nue. Complètement nue.




Il faut dire que mon quotidien ne baigne pas dans la culture. Après des années d'études passionnantes, enrichissantes, stimulantes, et plein d'autres trucs en -antes (je suis décidément faite pour sortir avec un écrivain), force est de constater que mon cerveau s'atrophie.
Mais j'aimerais vous y voir, aussi.


Les conseils de classe ont eu lieu il y a longtemps. La fin de l'année approche. La moitié de mes élèves ne viennent déjà plus. Du coup, on fait des jeux. (Enfin, ils font des jeux. Des jeux pédagogiques, oui madame, en anglais, tout seuls dans leur coin pendant que je ne fais rien...).
(Je suis un génie, en fait).  

L'autre jour, je leur ai montré des photos du monde anglophone : de Londres, Dublin, New-York, Los Angeles, Las Vegas, le Grand Canyon, Sidney, avec des petites histoires et des petites anecdotes à chaque image. Peu de photos les ont fait réagir, à part :
- Une photo de Times Square : "Ah, y a MacDo !!"
- Une photo de Beverly Hills : "Wah la Ferrari !!"
- Des photos de Los Angeles : "Han, je veux trop y aller !! C'est là qu'il habite, Justin Bieber".
- Des photos de Miami : "Ouais madame c'est bon, ça, on connaît, hein : on regarde Les Anges !!!" ; "Vous connaissez Les Anges madame ?" ; "Eh Mathis t'as été à Miami ?! Sérieux ? Et t'as vu Les Anges ?!".
(Mais j'aime mes élèves, hein. Ils me donnent des bonbons, on joue au pendu, bref on sent au quotidien que j'ai fait huit ans d'études supérieures). 
....
Pendant ce temps, Isidor et Eloi 1er faisaient passer les oraux d'Histoire de l'Art aux troisième, avant d'en sortir atterrés. 
- J'ai jamais vu ça. Ils savent même pas ce que c'est que la seconde guerre mondiale. Ils savent pas quand c'était. Même pas à quel siècle. Et ils savent pas qui étaient les nazis. Limite y en a un qui m'a dit que les nazis étaient morts dans les chambres à gaz. C'est au programme, putain !!
- Quand j'ai demandé à Kenza ce que ça voulait dire "avant JC", elle a tenté "avant Jean-Christophe ?"
Argh.



Alors oui, forcément, quand on sort de là, on a un peu l'impression d'être l'élite intellectuelle de la nation, sauf qu'ensuite il y a des gens comme XXX qui te donnent vaguement le sentiment d'être bête à manger du foin. (Spinoza c'est le nom d'un fromage italien, non ?) (Hum). (Je n'ai pas lu Spinoza).

C'est marrant comme dans ces moments-là, alors qu'on devrait se sentir beaux et forts, appréciés et désirés, on se sent souvent plus vulnérables et insecure que jamais. Les débuts d'histoire (qui souvent, restent des débuts, par ailleurs) ont le don de réveiller les insécurités de chacun. Je me souviens de Lady V disant "Il ne me rappelle pas parce que je viens d'une famille de prolo". Ca m'avait frappée. Comme, dans ces moments-là, nos complexes les plus profonds et les plus irrationnels refont surface. Tous les "c'est parce que je suis pas assez intelligente", "c'est parce que je suis pas assez jolie"... Mais en fait non. Non, ma chérie, s'il ne veut pas te revoir, ça n'est pas parce que tu avais de l'embonpoint en primaire et que tes parents t'ont offert le Bisounours Gros Gâteau au lieu de celui avec l'arc-en-ciel. Reprends-toi, que diable.



Il y a quelques années, j'étais dans un bar avec deux amies d'enfance : Emi (qui venait de sortir son cinquième album), et Molly (thésarde normalienne et diplômée de Science-Po).
Molly : Pfff, c'est horrible, en ce moment j'ai l'impression que mes cours sont nuls, que mes étudiants s'ennuient, je me sens bête.
Moi : Hein ? Ouh la la, mais où va le monde ? Molly qui se met à douter de son intelligence, c'est un peu comme si Emi se mettait à douter de son talent et moi de mon cul !
On a ri. 
Même si ça n'était finalement flatteur pour aucune d'entre nous. 
Mais on se connaît depuis qu'on a treize ans, et depuis toutes ces années, nos rôles sont bien définis. Molly est la bête à concours, Emi est l'artiste prodige, et moi je suis la jolie fille de la bande. Des attributs gravés dans le marbre qui nous ont sans aucun doute fait beaucoup de mal. Parce qu'ils sous-entendent qu'elles ne sont pas jolies (ce dont elles ont toujours été persuadées - surtout Molly), mais aussi que je suis la moins intelligente et la moins talentueuse des trois (ce qui correspond également à toutes mes insécurités).

XXX ne me trouve pas bête, cela dit. (Et pas uniquement parce que j'ai une chute de reins dotée d'une grande intelligence). (Je crois qu'il m'aime vraiment bien).
Moi : Je pense qu'il m'a bien cernée.
Mon frère : C'est bien d'avoir le sentiment d'être "cernée", comme tu dis. C'est suffisamment rare pour être noté.
Moi : Ben oui. Il m'a dit qu'il me trouvait "parfaite" : j'en déduis qu'il m'a bien cernée ! Huhu.
Mon frère : Ce garçon m'a l'air plein de bon sens !

De son côté, que sais-je de ses insécurités à lui ? Il dit qu'il me trouve parfaite, et il m'a demandé :
- Pourquoi t'es là ?
- Comment ça ?
- Fais pas semblant de pas comprendre. Pourquoi t'es là, ici, avec moi ?
- Euh... Parce que tu me plais ?
- Mais pourquoi ? 
- Euh... Je sais pas. Enfin ça ne se rationalise pas, ce genre de choses. 

Je pense qu'XXX, de son côté, ne doute pas de son intellect, mais n'a pas grandi en étant le plus joli de la bande... 
Mad : Peut-être qu'il n'y croit pas plus que toi, dis donc ! Vous m'avez l'air de deux chats échaudés par le torrent glacé des amours déçues (oh la la je suis en forme ce soir !!!)

Mais je n'ai pas confiance. Pas confiance du tout. Je m'attends bien sûr à un revirement kafkaïen dans les plus brefs délais. La logique voudrait qu'il disparaisse tout bonnement de la circulation dès demain, et ce sans aucune explication. Je m'y prépare de pied ferme. (Je ne le sais que trop bien : quel que soit le scénario, ça finit toujours pareil : the silence treatment).
(Cela dit, je vous arrête tout de suite : si jamais il ne me rappelle pas, ça ne sera pas parce que je ne suis pas assez cultivée, ni parce que je fredonne "La Patrouille des Eléphants" dans mon sommeil sans le savoir (Si ? Vous pensez que c'est ça ? Je le savais !), mais parce que finalement, en dépit de tous ses romans et de tous ses diplômes, eh bien c'est un con. (Si tous les mecs qui écrivaient des livres et/ou avaient fait de grandes études étaient intelligents, ça se saurait). Non mais).

Moi : J'ai une image assez déplorable des hommes.
Lui : Et probablement assez juste, du coup.
Ben ouais...

16 commentaires:

  1. Faudrait p't-être me trouver un pseudo quand même, j'y pense... Parce que bon là, j'en suis fière d'être citée, mais parfois je dis des trucs... et bon là tout le monde m'a reconnue hein étant donné que c'est mon vrai surnom. :P
    Sinon, morte de rire à la lecture du passage sur tes élèves! Quoi??? Vous connaissez les anges madame??? Mortel!

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    1. Bah y a pas non plus cinquante personnes qui te connaissent et qui lisent le blog, si ? Je te trouverai un nouveau pseudo, si tu veux (quoique Mad, ben c'est toi, quoi).

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    2. que tu crois! il y a des millions de personnes!!! Et des personnes que je ne connais pas encore!
      Ouais, Mad ça me résume assez bien j'avoue (je suis partie de chez mon mec à minuit en claquant la porte hier soir, tu parles d'une fille saine d'esprit!)

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    3. Oui, Mad ça te va si bien :)
      Oh merde... Il a pas pris pour XXX au moins ? T'aurais dû nous rejoindre avec Vic, on était au champagne (la boisson de la révolution).

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    1. Haha. Je l'attendais, celle-là.

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    2. Ah bah tu sais bien que je ne pas passer à côté d'un truc pareil! Ceci dit, je remarque que tu n'es pas apparue, et encore moins en porte-jaretelles. Chez moi, on appelle ça de la publicité mensongère.

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    3. Chez moi on appelle ça une blague, chaton :)
      T'aurais été bien emmerdé, en plus, si j'étais apparue, je suis sûre ! Avais-tu prévu mon arrivée dignement ? Avais-tu rangé et préparé un bon dîner ? Non ? Ah bah voilà, je suis choquée. Aucun savoir vivre, ma parole...

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    4. Euh... Ouais, tu marques un point. Mais j'aurais pu te faire un bon café en chantant du Edith Piaf en caleçon! T'es déçue de ne pas être venue, hein...

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    5. Mouais... Non parce que je les connais, les hommes, hein. Sous prétexte que tu te téléportes chez eux en petite tenue dès qu'ils te sifflent, après ils s'imaginent que c'est la fête ! C'est un monde...

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    6. Ahah, laisse-moi te dire que j'admire la façon dont tu as retourné la situation à ton avantage. C'est moi qui étais censé t'engueuler, et toi qui devais culpabiliser, pas l'inverse. C'est finement joué ^^

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    7. T'as vu ça ? Je suis un génie, je vous dis ;)

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  3. Après 8 ans (!) d'études, il n'y a vraiment pas de quoi complexer !
    En espérant que le revirement kafkaïen n'a pas eu lieu !

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    1. Merci, Marie :)
      Mais oh que si, le revirement kafkaïen a eu lieu...
      Story of my life.

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    2. De rien ! Et navrée que ça ait tourné au vinaigre...
      Peut-être va-t-il falloir tenter la solution que tu évoques dans ton dernier post : un jeunot même pas diplômé (puisque, apparemment, tomber sur un génie ne résout rien).
      J'espère que ça ne t'aura pas dégoûtée de Spinoza !

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    3. Oh non, va, c'est pas la faute de Spinoza !
      Ca a juste un peu achevé de me dégoûter des hommes.
      Si même les petits chauves lettrés se comportent comme des enfoirés, alors je ne sais vraiment plus à quel saint me vouer...

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