Un jour, j'ai dit à Sigmund : "Eh oui, contrairement aux apparences, je suis une grosse coincée".
Il m'a répondu : "Non, c'est pas vrai, t'es pas une grosse coincée... T'es ma grosse coincée".
Je me dois en effet d'avouer ici l'inavouable vérité : je suis une fille plutôt old school. Eh oui : entre autres tares, la midinette a des moeurs dangereusement peu dissolues. Elle s'en excuse.
1) La midinette n'est pas très branchée sex shop, sex toys ou costumes de soubrette.
L'autre jour, je suis rentrée dans un sex shop avec des amis. Astro était avec nous.
C'était ma copine Calamity qui nous avait tous traînés là après
le dîner, en bande, parce que les sex shops, à Calamity, c'est son
dada.
En effet, Calamity aime les accessoires, les
gadgets, les corsets en dentelle rouge et tout ce qui va avec.
Cependant, ce que Calamity aime par dessus tout, c'est que ça se sache.
(Les vidéos d'elle qu'elle envoie à son copain sont d'ailleurs
régulièrement envoyées à d'autres "par erreur").
Ce
soir-là, donc, en bonne exhibitionniste (moi je raconte bien ma vie sur internet, vous allez me dire), Calamity avait très envie de
faire savoir au monde entier (mais surtout à Astro) qu'elle était le
coup du siècle. (Le premier qui commente ce post pour me demander le
numéro de téléphone de Calamity se prend ma main sur la gueule).
J'étais très gênée.
Je ne suis pourtant pas bégueule. Je n'ai pas particulièrement
de difficultés à parler de cul ouvertement, voire crûment, avec les
gens. Je n'ai rien contre les sex toys en soi, et je ne vois pas non plus d'inconvénient majeur à aller dans un sex
shop avec des amis. (Sauf qu'il est un peu étrange
d'aller y faire ses emplettes en bande, et que si ça n'est pas le but,
je trouve qu'on est un peu vieux pour aller glousser devant les godemichets).
Je ne suis pas bégueule, donc, mais me retrouver là avec Astro,
qui me plaisait vraiment, et avec qui je n'avais encore passé qu'une
seule nuit, ça m'a mise mal à l'aise (entre autres parce que je trouvais
l'expédition un peu ridicule). Très mal à l'aise. Et ça s'est vu. Astro
me l'a fait remarqué.
J'ai eu l'air prude. Ca m'a gonflée.
2) La midinette ne couche pas avec des inconnus dans des lieux publics.
Je ne couche pas avec les gens dans les bars ou les boîtes, encore
moins si ce sont des inconnus. Je ne mets pas la main des inconnus dans
ma culotte sur le dance floor comme apparemment certaines filles le font
(à moins que Monsieur W n'essaye de se faire mousser).
Je suis une romantique, je vous ai dit. La simple idée du sexe pour le
sexe me déprime. Quand un mec me propose ouvertement de me baiser pour
une nuit, voire plus à condition que je ne demande rien en échange, bref
quand un mec me dit d'un air entendu qu'il veut juste "s'amuser", je me
sens sale. Ca me donne envie de rentrer chez moi et de sucer mon pouce
en regardant Cendrillon.
L'autre jour, je racontais à
une fille qu'un soir, à une fête, un mec avait essayé de m'embrasser dans
une salle de bain alors que sa fiancée était dans le salon. Ce garçon me
plaisait beaucoup, pourtant, mais ça m'avait atrocement déprimée.
J'avais trouvé ça très insultant, autant pour moi que pour elle. ("Non
mais mec tu penses vraiment que mon rêve en arrivant à cette soirée
c'était de me taper un mec dans la salle de bain tout en sachant qu'il
passerait la nuit avec une autre ?!).
"Il ne faut pas
envier les filles en couple, disais-je donc à cette fille devant un
verre de bière : elles sont toutes cocues. Les hommes sont des porcs. Ca
me déprime".
Je pensais qu'elle serait - au moins un
peu - choquée. Je veux dire attendez, le mec vivait avec une fille,
qu'il allait épouser, qui était dans la pièce à côté, et pourtant il
m'avait suivie dans la salle de bain et il avait fermé la porte à clef
derrière nous ! Pouah ! L'ignoble libertin, le salaud, l'homme de petite vertu, le
monstre... Non ?
Là-dessus, elle m'a raconté l'histoire
d'une amie à elle qui un soir en boîte avait baisé avec deux inconnus
dans un coin. Alors que l'un deux avait disparu tout de suite après,
l'autre était resté lui payer un verre (ben oui quoi, la courtoisie se
perd de nos jours, que diable). Il lui avait cependant demandé d'être
discrète parce qu'il ne fallait pas trop qu'on les voie, sa copine était
dans la salle. (Copine qui s'était d'ailleurs ensuite avérée être une
amie à elle).
Je me suis dit que le jeune homme de la salle de bain était un enfant de choeur et moi une sainte ni touche. Je me suis dit que que ma vie était d'une non-décadence absolue.
Je me suis sentie prude. Ca m'a gonflée.
J'ai par ailleurs eu très envie d'aller sucer mon pouce en regardant Cendrillon.
3) La midinette ne couche jamais qu'avec une seule personne à la fois.
L'autre jour, j'étais à une fête. Il était tard et je discutais avec deux garçons tout à fait
charmants, apparemment amis de longue date. Il était évident que je
leur plaisais à tous les deux. L'un d'entre eux était d'ailleurs tout à
fait à mon goût, sauf qu'il m'avait dit qu'il avait une copine (depuis Mr Duplicity, j'évite).
Tout à coup, en pleine
conversation, celui qui me plaisait le moins, qui venait d'aller chercher leurs manteaux, m'a demandé si je rentrais
avec eux. Comme s'il était
évident pour tout le monde, et depuis le début, qu'il en était question.
Je suis restée un peu éberluée et j'ai eu le réflexe de leur demander
si j'avais l'air d'une traînée. Pas du tout pour dire "Non mais mec pour
qui tu m'as pris ?!" mais pour demander sincèrement si j'avais l'air
d'une fille qui rentrerait comme ça avec deux mecs qu'elle ne connaissait
pas pour se faire sauter. Ils m'ont dit que pas du tout, que je ne
devais pas le prendre comme ça, que d'ailleurs si j'étais rentrée avec
eux je n'aurais pas été une traînée pour autant, mais que bon bref, tant
pis, oublions. Ca ne m'a pas vexée ou choquée ou offusquée. Je me suis
juste dit que décidément, les gens avaient des moeurs très éloignées des
miennes. Je me suis demandée si j'étais une extra-terrestre.
C'était la deuxième fois qu'on me proposait un plan à trois. La
première fois avait elle aussi été un échec cuisant : je m'étais enfuie.
(Seulement dans la pièce à côté, je vous l'accorde, mais quand-même).
C'était il y a des années. J'étais chez mon amie Diane et son coloc'
Pierre. Il était tard, nous avions bu, et l'ambiance se faisait un peu libertine. On parlait de sexe, on se draguouillait. Naïve, je me disais que tout
cela était sans danger, puisqu'il ne pouvait évidemment rien se passer :
nous étions trois ! (Je sais, ma candeur est désarmante).
Sauf que ça a dérapé. J'ai très vite senti que quelque chose clochait
(quand Diane s'est mise en soutien gorge et a commencé à me caresser la
cuisse, j'aurais dû me douter, vous allez me dire) (le premier qui me demande le numéro de téléphone de Diane se prend ma main dans la gueule), mais j'ai mis un moment à admettre ce qui était en train de se passer. C'était irréel.
Du coup, je les ai laissé aller suffisamment loin pour qu'il n'y ait
plus aucun doute. Une fois tout doute officiellement dissipé (mes amis me lèchent et me mordillent rarement le cou lors d'une simple visite de courtoisie), je me suis
levée et j'ai dit en bafouillant que "Bon ben moi je vais aller me
coucher, hein !", et je suis partie, décoiffée, paniquée, le rouge aux joues.
Je me suis
retrouvée seule à déplier le canapé lit. Dans la pièce à côté, je les ai
entendu rire. Diane est venue me voir un peu plus tard pour me demander
si ça allait, s'ils ne m'avaient pas "traumatisée". J'ai répondu que ça
allait, que j'étais une grande fille. Elle a ri. Comme si le fait que j'aie fui prouvait justement que je n'étais encore qu'une enfant. Je me suis sentie bête.
Je suis passée - encore - pour une prude. Ca devient agaçant.
Bref, en dangereuse délurée que je suis, je ne couche d'ordinaire qu'avec une seule personne, généralement un homme, rarement avec accessoire, et le plus souvent dans un lit. (Ca vous donne envie de prendre un peu de coke en regardant un porno où hommes et femmes partouzent sauvagement, secondés de gros chybres en plastique ? Je comprends).
En même temps je vous avais prévenus que j'étais une midinette.
Vous avez déjà vu un plan à trois dans un Walt Disney, vous ? Non ? Ben voilà.
Vous n'y avez jamais vu de cul non plus, vous allez me dire. Hmmm... Good point.