samedi 15 mars 2014

C'est arrivé près de chez vous

Encore un post fleuve. Je suis en mode "va t-en guerre".


 Viol (définition) :
Le viol est un « rapport sexuel imposé à quelqu'un par la violence, obtenu par la contrainte, qui constitue pénalement un crime ». Une définition plus restrictive édicte que ce rapport sexuel doit comporter une pénétration ; l'ancienne définition du Littré précisait qu'il s'agissait d'une « violence faite à une femme que l'on prend de force ». Dans le droit français, c'est une agression sexuelle impliquant, selon l'article 222-23 du Code pénal, « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Dans certains pays comme l''Allemagne et le Canada, des définitions plus larges sont adoptées. Au Canada, l'infraction de viol a été abolie et remplacée par le crime d'agression sexuelle, notamment pour mettre l'accent sur la dimension violente de l'acte et pour inclure toute forme d'attouchement sexuel non consenti. Les Nations Unies définissent le viol comme un coït sans consentement valide.


Il y a quelque temps, mon frère et moi parlions des différences homme-femme. A un moment de la conversation, il a dit "Enfin de toute façon il n'y a qu'une seule différence majeure entre les hommes et les femmes, hein". Et là, on a complété sa phrase de concert, tous les deux pensant proférer l'évidence, sauf qu'on n'a pas dit la même chose. 
Il a dit "C'est que les femmes peuvent avoir des enfants et les hommes non". 
J'ai dit "C'est que les hommes peuvent violer les femmes et pas l'inverse".

J'aurais évidemment dû penser à ma capacité d'enfanter qui fait que je suis femme. 
J'ai cependant immédiatement pensé au fait que je fais partie du sexe qui se fait violer et pas de celui qui viole. Et, encore aujourd'hui, ça me semble - très sincèrement - une différence bien plus importante. Dans le sens où c'est une différence dont je fais l'expérience jour après jour, au quotidien.

Mon frère m'a dit "Oui enfin ça c'est toi, Bayane. C'est ta névrose".
Je pense au contraire, si c'est une névrose, qu'elle est amplement partagée.
Je pense que le trouble psychique qui entraîne à penser qu'une des choses qui définit les hommes est qu'ils sont des violeurs potentiels est malheureusement dangereusement répandu. 
C'est dramatique, mais ça n'en est pas moins vrai.


Dans un article publié récemment, l'auteure de Crêpe Georgette (blog dont j'ai récemment découvert l'existence) commentait un rapport d'enquête sur les viols en Europe (3,7 millions dans l'année précédant l'enquête) : elle y faisait remarquer qu'à aucun moment du rapport il n'était dit explicitement que ces femmes avaient été violées par des hommes. Ce rapport faisait donc état de 3,7 victimes sans jamais nommer les coupables, comme si ces femmes avaient été violées toutes seules. 
Parce que si on peut dénoncer le viol en soi, il reste politiquement incorrect de soulever le fait que les coupables de ces agressions sexuelles sont des hommes. On risquerait d'avoir l'air de dire que les hommes sont des violeurs, et ça, ça ferait scandale, on nous le reprocherait, on ne peut pas.
Or, soyons clairs : si tous les hommes ne sont bien évidemment pas des violeurs, peut-être serait-il bon de stipuler une bonne fois pour toutes que, si toutes les victimes ne sont pas des femmes, tous les violeurs, eux, sont bel et bien des hommes.
3,7 millions de femmes violées et donc, par extension, environ 3,7 millions d'hommes qui violent.
J'appelle ça un phénomène de société qui autorise à avoir des névroses.

Ce qui m'a le plus frappée, dans cet article, c'est la fin. Que je vous copie-colle ici :
Je vais devancer les commentaires ainsi cela vous évitera de vous répéter :
- "tu dois beaucoup détester les hommes"
- "oui enfin il y a des femmes qui violent hein"
- "tu es mal baisée"
- "oui enfin moi je n'arrive pas à choper des filles" (oui il y a toujours un homme qui vient nous expliquer ses problèmes sentimentaux sur un sujet sur le viol)
- "j'ai dit que les femmes en mini jupe cherchaient le viol, tu m'as traité de connard mais c'est parce que tu es misandre et que tu ne veux pas discuter avec des hommes de bonne volonté , ne t'étonne pas qu'on ne t'aide pas".
- "avec des extrémistes comme toi le féminisme va mal".
- "moi je n'ai violé personne".
- "tu parles de cas isolés"
- "tu peux me fournir une autre source pour ces chiffres car je pense que ce rapport a été rédigé par une féministe"
- "oui enfin qu'est ce qu'ils appellent viol dans ce rapport ?
"
- "oui enfin moi j'ai une ex c'est une salope de menteuse donc ca prouve bien que".

J'ai trouvé ces différents exemples de commentaires criants de vérité.


Combien de fois ai-je entendu ce genre d'arguments quand j'essayais de parler du statut des femmes dans la société et des différentes formes d'oppression qu'elles pouvaient subir ?

Exemple :
Moi : Mon dieu, je viens de lire un article dans le Courrier International sur la situation des femmes dans le monde, ça fait flipper. Ils parlent d'une nana, là, que son village a obligée à épouser son violeur pour ne pas être déshonorée et bannie. Non mais quelle horreur !
Mon père : Oui enfin ça va pas être très marrant pour lui non plus, hein.
...
J'ai pris une grande inspiration pour ne pas exploser.
Mon frère, sentant que j'étais à deux doigts de foutre le feu à l'appartement, m'a tendrement prise dans ses bras et m'a dit "chuuut, laisse tomber" dans l'oreille.
Il est gentil. Il ménage mon ulcère.
Mon père - qui est par ailleurs une des personnes que j'aime le plus au monde, est un très bon père, et à qui je vous saurai gré de ne pas jeter des pierres virtuelles à la suite de ce post - fait partie de ces hommes qui se sentent attaqués en tant qu'homme dès que quelqu'un défend la cause des femmes, et qui a donc le réflexe presque pavlovien de prendre le contre-pied de ce qui a été dit. (Même si cela revient à défendre un violeur contre une femme sans défense).
Il est de ces hommes qui, si tu tiens des propos féministes, placera aussitôt dans la conversation qu'il y a aussi des femmes qui violent des hommes, qu'il y a aussi des femmes qui frappent leurs maris, et que c'est dur d'être un homme et que les femmes ne sont pas toujours gentilles non plus, etc, etc. 
Parce qu'il s'est senti castré par le féminisme dans les années 60 et 70, féminisme qui a déconstruit les statuts établis, a déstabilisé les hommes, et l'a clairement personnellement fait souffrir.
Je comprends évidemment ce qu'il a pu ressentir, et je conçois que les bouleversements de la société et la colère de beaucoup de femmes vis à vis des hommes aient pu être difficiles à vivre. J'ai même passé ma vie à me mettre à la place des hommes, ayant été élevée par un grand défenseur de leur cause. Je pense cependant qu'il faudrait un tout petit peu arrêter les conneries, et faire un peu deux poids deux mesures.



Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il m'a été difficile dans la vie d'accepter que mon père soit incapable de simplement dire "Quelle horreur, pauvres femmes", et qu'à la place, il ait le réflexe irrationnel de défendre des enculés qu'ils ne connait même pas, et ce sous prétexte qu'ils sont des hommes.
Si je trouve normal de m'identifier à une inconnue victime d'un viol à l'autre bout du monde parce que c'est une femme, je trouve moins normal que mon père s'identifie à son violeur parce qu'il est un homme. N'est-il pas plutôt censé s'identifier à la victime parce qu'il est pour le respect des femmes et surtout pour le respect des droits de l'homme ?

Car, aussi difficile que cela soit à admettre pour des hommes comme mon père qui n'aime pas dire du mal des hommes : oui, les femmes se sentent opprimées par les hommes, et ce en grande partie - tout simplement - parce qu'elles le sont.

Pas par vous en particulier, là n'est pas la question. Je ne suis pas en train de dire du mal de vous, lecteurs. Je ne suis pas non plus en train de dire que les femmes se sentent opprimées par tous les hommes qu'elles rencontrent et fréquentent. Mais elles se sentent régulièrement opprimées dans leur vie de tous les jours, en tant que femmes, par des hommes. 
Comprenez : toutes les femmes de France - ce pays pourtant développé, défenseur des droits de l'homme où les femmes ont l'un des statut les plus enviables du monde - sont régulièrement harcelées dans la rue par des hommes.

Je réalise de plus en plus, au détour de conversations, à quel point c'est une réalité qui échappe à la grande majorité de la gente masculine.
Je l'ai avant tout réalisé le jour où le film de cette jeune femme belge a fait scandale, comme si elle révélait quelque chose que personne ne savait. (Non parce que moi, perso, j'étais au courant).



Un blog très bien foutu, Hollaback, recueille des témoignages de femmes qui ont été victimes de harcèlement. Des témoignages de femmes tout court, donc. Parce que je peux vous assurer que pas une seule femme que je connais ne lirait ce blog sans se reconnaître dans chacune d'elles.
On a toutes vécu ça. On le vit toutes. Tous les jours.
Moi, personnellement, je le vis jour après jour depuis que je suis pubère.
Les inconnus qui commentent ton apparence à longueur de journée, qui commentent ton cul, tes seins, ton sourire, qui te disent à l'oreille en pleine rue qu'ils aimeraient bien te fourrer la bite dans le cul, qui fredonnent "Pan pan pan, je lui mettrais bien une cartouche" quand tu passes à côté d'eux, qui te demandent si tu suces, qui te regardent avec insistance dans le métro, voire te demandent de rentrer avec eux et précisent qu'ils ne te demandent pas ton avis pour peu que le wagon soit un peu vide, les mecs qui te raccompagnent chez toi contre ton gré et essayent de forcer ta porte, les mecs qui te disent que t'es charmante puis te barrent le passage pour te dire "Dis merci !", les mecs qui te disent que t'es bonne puis une minute après que t'es une grosse mocheté qui peut aller se faire foutre parce que tu les as ignorés, les mecs dans la rue qui te proposent un verre et exigent un bisou avant de te foutre la paix, les mecs qui te demandent comment tu t'appelles, et où tu vas, et est-ce que t'as un mec, et "ah t'as pas de mec alors on va chez moi ? Non ? Ben quoi c'est quoi le problème t'es célibataire, non ?" et qui t'insultent quand tu les repousses, et j'en passe. (Et là je ne parle que de choses que j'ai vécues moi personnellement).
En tant que femme, tu vis tout ça au quotidien. Alors t'es obligée de mentir pour qu'on te laisse tranquille, de faire la bise à des inconnus pour être en paix - inconnus qui en profitent pour essayer de te chopper dès que tu effleures leur joue - obligée de faire gaffe à quelle heure tu rentres et par quelle rue et par quelle ligne, obligée de faire gaffe à ce que tu portes pour pas qu'on t'emmerde, et tu flippes toujours un peu dans la rue quand tu rentres chez toi et qu'un mec marche sur le même trottoir parce que tu sais que s'il voulait t'agresser il le pourrait.
Les hommes qui font ça sont une minorité, évidemment. Mais ils restent très nombreux. Et, comme les quelques emmerdeurs dans une classe de vingt cinq élèves par ailleurs charmants, ils ont beau être en minorité, ils pourrissent tes journées - et ta vocation). 

Toutes ces petites agressions quotidiennes font que oui, vous le comprendrez, on a toutes enregistré que homme rimait souvent, potentiellement, avec agresseur.

Et je tiens à souligner, si ce n'était pas évident, que toutes ces micro-agressions sont des agressions à caractère sexuel. Agressions qui nous rappellent à longueur de temps que nous sommes des objets de désir (et dans "objets de désir", il y a "objets") pour les hommes, et que ce désir est une menace. Car si ces hommes se permettent de violer nos oreilles avec des mots obscènes, voire notre intégrité physique avec leurs mains, comment ne pas être consciente de la possibilité - du danger omniprésent - qu'ils aillent plus loin ?

Pour le harcèlement de rue, vous pouvez aussi consulter ce blog là, qui est super bien fait. Même si encore une fois, il y a des mecs pour se plaindre dans les commentaires qu'il n'y a aucune histoire où les hommes sont des chevaliers servants et que c'est dégueulasse. Ce qui a le don de m'agacer.
Ma réponse : "C'est parce que c'est un blog sur le harcèlement, banane ! Pas un blog sur les hommes, un blog sur le harcèlement. Un blog qui dénonce un problème de société en particulier, donc. Tu remarqueras d'ailleurs qu'on n'y parle pas non plus du réchauffement climatique ni de la guerre en Syrie, qui sont pourtant eux aussi des sujets très importants. Je m'étonne à ce propos que tu ne t'en sois pas offusqué. Tu veux dire que tu t'inquiètes de l'image des hommes mais que t'en as rien à foutre de l'environnement, c'est ça ?! Pollueur !! Tueurs d'ours polaires !! Assassin !!").

Je comprends qu'on ait le réflexe de se rallier à son propre sexe (quand mon père me parle de ses nanas, il a beau être mon père, j'ai le réflexe de me mettre à leur place à elles), mais, messieurs, si vous êtes capables de vous sentir attaqués personnellement quand une femme dit du mal des hommes en général, mettez vous à notre place et imaginez ce que vous ressentiriez si dans une infinité de pays, les personnes de votre sexe n'étaient qu'une moitié d'être humain au regard de la loi et n'avaient pas le droit de vote, pas le droit de dire oui à leur propre mariage, pas le droit de travailler, pas le droit d'avoir un compte en banque, pas le droit de conduire, pas le droit de découvrir leur visage en public, et j'en passe.
Avouez que - si je ne m'abuse - vous auriez un peu les boules.

Permettez-moi de rappeler qu'en France :
- Les femmes ne peuvent voter et être élues que depuis 1944.
- Les femmes ne peuvent travailler sans l'autorisation de leur mari que depuis 1965.
- Les femmes ne peuvent avoir un compte bancaire sans l'autorisation de leur mari que depuis 1965. 
- Les femmes n'ont le droit de prendre la pilule que depuis 1967.
- Le principe de "A travail égal, salaire égal" n'existe que depuis 1972.
- Les femmes n'ont le droit d'avorter que depuis 1975.
etc., etc.
Tous ces changements ont eu lieu du vivant de ma propre mère pour la plupart, du vivant de ma grand-mère pour les plus vieux. Autant dire que c'est récent.
Du coup, encore une fois, oui, les choses ont beaucoup évoluées depuis, mais si vous arrivez à  concevoir que les noirs puissent encore avoir les boules pour l'esclavage, et que les peuples colonisés aient encore les boules quand ils pensent à l'époque coloniale, vous pouvez certainement comprendre qu'il y ait des restes de rancoeur de la part de la gente féminine. Surtout que, vous serez d'accord, ni le racisme ni le sexisme n'ont disparus comme par magie de la surface de la Terre.
(Pour le sexisme dans la politique, allez sur le tumblr Sinon, je fais de la politique).

Quand un noir se plaint du racisme, est-ce que vous l'agressez pour autant en lui disant qu'il n'est qu'un sale raciste ultra radical qui déteste les blancs et que y en a marre d'entendre les noirs pleurnicher alors qu'on a déjà fait beaucoup pour eux et que c'est pas facile pour les blancs non plus ? Non. Eh bah alors ?

*******

Lecteurs mâles, vous allez peut-être vous sentir insultés et offusqués que je me lance dans de telles diatribes comme si je devais vous convaincre de ce qui vous semble évident. Je ne doute en effet pas une seule seconde de votre intelligence et je ne pense en aucun cas que vous êtes de gros beaufs sexistes et ignares, cela va sans dire. Je suis convaincue que je ne suis lue que par des gens absolument charmants.
C'est simplement que les différents articles que j'ai été amenée à lire à l'occasion de la journée de la femme et les commentaires qui les suivaient m'ont sincèrement agressée, et que j'avais besoin de pousser un gros coup de gueule pour me soulager.
Et, qui sait, peut-être que mes arguments parleront à deux-trois mecs pas encore convaincus, et ce sera déjà une grande victoire. 


Je ne déteste pas les hommes en général mais je déteste ce type d'hommes très répandu qui me harcèlent jour après jour et qui eux, pour le coup, détestent les femmes. Je les crains, je les méprise, je les hais, et j'ai besoin parfois de hurler ma colère et ma frustration.
Et je déteste toutes les têtes de con qui, au lieu d'apporter leur soutien aux femmes qui plaident la cause des femmes et dénoncent le viol ou le harcèlement de rue, trouvent le moyen de les attaquer et de ramener la couverture à eux.

Non, je ne suis pas une femme qui déteste les hommes.
Je ne suis pas non plus de celles qui se sentent opprimées dès qu'elles soulèvent une éponge ou qui trouvent dégradant de se faire belle pour plaire à un homme. Je ne hurle pas à l'oppression du patriarcat dès que je vois une poupée Barbie et je ne pense pas non plus qu'il faille traiter les hommes comme des objets pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Et non, je ne me suis pas délectée des pubs que Kookaï a lancées dans les années 90.
Pour les pubs Kookai qui ont fait scandale quand j'étais au lycée - et qui ont eu beaucoup de succès auprès de beaucoup de lycéennes - c'est ici, ici, ici, ici, et ici. Ces pubs, qui présentent les hommes comme des objets jetables ou des nuisibles malmenés par des femmes, étaient censées dénoncer le sexisme, mais je les avais simplement trouvées choquantes et nauséabondes et m'étais offusquée que tant de femmes prennent un plaisir pervers à les regarder.
(Elles vous plaisent pas, hein, les mecs ? Ben dans ce cas précis, j'ai beau être une femme, je me mets immédiatement à la place de l'homme humilié et insulté par ces images et ça me met très très en colère). (L'image dégradante des femmes dans la publicité est, elle, malheureusement tellement banalisée qu'elle ne produit plus du tout une telle indignation, pas même chez moi).

Bref, je ne suis pas une sale misandre, je suis simplement un femme qui, comme la grande majorité des femmes je le crains, pense immédiatement au viol quand on lui parle de la différence majeure entre les hommes et les femmes. Car la possibilité, voire la réalité du viol, est malheureusement omniprésente dans ma vie de tous les jours. 
Et c'est grave, et j'en suis consciente, mais ça n'est pas ma névrose et mon problème.
C'est notre société qui est malade et c'est le problème de tout le monde.

Il y a un problème avec le concept de virilité. Il y a un problème dans les rapports hommes-femmes.
Il y a un problème dans la façon dont on éduque les filles et les garçons.
Et ce problème, il faut en parler, et il faut y remédier. 



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Et cela m'amène à parler de ce que j'appellerai "le viol ordinaire".
Le petit "viol" de tous les jours. Le viol dans le couple.



Oui, car le post d'aujourd'hui, je vous le rappelle, tourne autour de ce concept tellement immensément sympathique qu'on est bien content d'en parler en cette si belle journée de pré-printemps, dis donc (désolée) : le concept de viol.

Revenons à cet argument tellement entendu : "Il y a aussi des femmes qui violent".

Oui, c'est vrai, il existe des femmes qui ont contribué activement aux viols de petits enfants ou abusé elles-mêmes de petits garçons ou de jeunes adolescents qui ne savaient pas bien ce qui leur arrivait. Et oui, il arrive que des femmes dominatrices et ivres de leur pouvoir  abusent de leur statut hiérarchique et/ou de leur sex appeal pour abuser d'hommes qui n'en ont pas envie, du moins pas avec leur tête.
Si une femme tripote puis tente d'abuser de l'érection incontrôlée qu'elle provoque chez un homme qui pourtant ne veut pas faire l'amour avec elle, on peut évidemment parler d'agression sexuelle. C'est un viol dans le sens où il y a manipulation mentale et ascendant de la femme sur l'homme.
Mais, à moins bien sûr qu'elle ait un véritable ascendant sur lui, il peut toujours la repousser violemment. Sauf si elle a un couteau, mais dans ce cas, je doute que le mec bande très longtemps. Et, si jamais elle arrive à ses fins, point important : il n'aura pas physiquement mal.
Quoiqu'il en soit, reconnaissez qu'il est tout de même rare que les femmes soient agressives sexuellement et qu'elles se "servent" de force. (Je ne peux malheureusement pas en dire autant de beaucoup d'hommes : les statistiques le prouvent).
Mettons donc les choses à plat : quand on parle de viol, on parle d'hommes qui violent, et essentiellement des femmes.
Un homme peut être violé par un autre homme, cela dit. Je connais personnellement deux mecs qui ont été violés étant enfants. Ces hommes là sont les seuls à connaître la douleur psychologique et physique qu'entraîne une pénétration forcée. Pénétration forcée qu'aucune femme ne peut infliger. (Et non, ce post n'est pas vraiment dans l'esprit où vous êtes autorisés à faire des blagues grasses impliquant des femmes avec des godes ceintures).

Détail technique si jamais il vous avait échappé :
Pourquoi est-ce aussi facile de violer une femme ? Car une femme n'a qu'à ouvrir les jambes (pas forcément d'elle-même) pour être pénétrée. (Heureusement que je suis là pour vous donner des infos inédites). Elle peut l'être sans le vouloir, elle peut l'être sans mouiller. Pour le mec qui pénètre, la seule différence, c'est qu'il aura un peu mal à cause du manque de lubrification. Elle, elle aura vraiment mal. Et elle sera durablement meurtrie, dans sa chair, et dans sa tête. 

Le problème du viol est que - je ne vous apprends rien - il est extrêmement difficile de le définir.


Car si je n'ai pas été violentée et pénétrée de force par un inconnu dans un lieu public (là, je suis sûre que c'est un viol), est-ce que j'ai le droit de dire que j'ai été violée ? Si je n'ai pas hurlé, si je ne me suis pas débattue, est-ce que j'ai le droit de dire que j'ai été forcée ? Si je n'ai pas crié au viol, c'est que je n'ai pas été claire et que je n'ai à m'en prendre qu'à moi-même, non ? Non ?
Dès lors qu'on n'est pas violée par un inconnu mais par quelqu'un que l'on connaît, les frontières deviennent troubles. Or, la plupart des viols sont perpétrés par des hommes connaissant leurs victimes. Ce qui, au regard de la loi, constitue une circonstance aggravante. Sauf que, pour une femme, un viol perpétré par un proche est beaucoup plus difficile à accepter comme tel. C'est pourquoi ils restent si souvent impunis. Parce qu'elles ne s'avouent pas qu'il y a eu viol, ne parlent pas, ne dénoncent pas, se mentent, se cachent.



Cette année, une élève de quatrième de mon collège a été "culbutée" dans une cave par trois de ses camarades. Mais ce n'était pas "officiellement" un viol vu qu'elle sortait plus ou moins avec l'un d'entre eux (je ne sais pas si on peut parler de "petit-ami" en 4ème, surtout si celui ci te prête à ses copains au sous sol d'un immeuble) et qu'ils n'ont pas eu à la tabasser pour arriver à leurs fins. Pourtant, je doute qu'une adolescente à peine pubère souhaite réellement être pénétrée à la chaîne par trois mecs sous les néons d'une cave entre les écuelles de mort aux rats.
C'est une fille de 13 ans, elle était amoureuse, elle voulait l'approbation de celui dont elle était amoureuse, elle s'est laissée faire par faiblesse, parce qu'elle n'a pas su dire non, parce qu'elle a été prise de cours, je n'en sais rien. Je n'étais pas là.
Tout ce que je sais, c'est qu'elle a quitté le collège. Parce qu'elle est traumatisée, d'une part, et d'autre part parce que les mecs ont ébruité leur "exploit" et que tout l'établissement s'est mis à la traiter de traînée. Les petits mecs, eux, continuent à se pavaner fièrement dans les couloirs. Je les croise tous les jours. Ils n'ont pas été inquiétés, vu qu'elle n'a évidemment pas porté plainte.
C'est elle qui souffre et c'est elle qui a honte. Eux n'ont en aucun cas le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal. Ils n'ont probablement pas conscience de la violence de ce qu'ils ont infligé à cette fille. Ben oui, parce qu'ils n'ont pas eu mal, eux, quand ils ont mis leur zizi dans le sien. Alors comment diable pourraient-ils imaginer que ça lui a fait mal à elle ? Et puis, oserai-je ajouter, en ont-ils quoi que ce soit à foutre ? Je ne suis pas convaincue qu'ils se souciaient beaucoup de ce que l'expérience allait lui apporter.
Quand je pense qu'on répète sans arrêt aux gamins qu'il faut mettre un préservatif quand on baise. Peut-être faudrait-il insister sur le fait qu'avant de mettre une capote pour pénétrer une fille, il faut s'assurer qu'elle est consentante. Et non, une fille qui ne dit pas non n'est pas forcément une fille qui dit oui. Loin de là.


Le nombre de mecs qui se jettent sur toi comme des vautours quand par malheur tu es tellement bourrée que tu es presque inconsciente dans un bar ou une fête (ça m'est arrivé) prouve à quel point certains mecs sont prêts à se passer du consentement d'une fille ou du moins à profiter de tout ce que son alcoolémie leur permettra d'obtenir. Ils ne sont pas prêts à assumer de la forcer vraiment, alors ils s'attaquent simplement à une fille qui n'aura pas la force ou la présence d'esprit de vraiment dire non. C'est tout à fait charmant.
Je n'ai jamais été suffisamment bourrée pour me laisser faire. J'ai toujours eu un regain de vitalité au moment où un mec venait profiter de mon état, en lui hurlant dessus, généralement avant de fondre en larmes et de vomir mon alcool, écoeurée. Toutes les filles ne peuvent malheureusement pas en dire autant.

Mais revenons à ma petite élève de 13 ans, qui a été violée sans vraiment le savoir par le mec dont elle était amoureuse. Elle était ma transition pour parler de ces agressions sexuelles perpétrées non pas par des inconnus mais au contraire par des proches et, plus précisément, par un homme sur sa compagne. Sujet sensible.

Le viol conjugal est reconnu par la loi depuis 1990.

La reconnaissance du viol entre époux n'a pas été sans difficulté. La grande majorité des juristes ont longtemps estimé que dans les couples mariés le consentement aux rapports sexuels était présumé et était un élément du devoir de cohabitation évoqué par le code civil (article 215). 
Les choses commencent seulement à changer en 1980 avec le vote d'une nouvelle loi (loi du 23 décembre 1980). A partir de cette date, la définition  du viol, quel qu'il soit, renvoie au défaut de consentement. Les juges commencent donc peu à peu d'en tenir compte pour caractériser les viols, y compris ceux commis par l'époux, lentement toutefois. En 1990, ainsi, la cour de cassation admet l'existence d'un viol entre époux mais seulement parce qu'il est accompagné de violences graves (Crim. 5 sept. 1990). 
Ce n'est qu'en 1992 qu'elle admettra clairement et de manière générale que « la présomption de consentement des époux aux actes sexuels accomplis dans l'intimité de la vie conjugale ne valent que jusqu'à preuve du contraire ». La présomption de consentement de l'épouse continue donc d'exister mais elle peut être renversée par une preuve contraire. 
En 2010, enfin et seulement, la référence à la présomption de consentement disparaît (loi 2010-769 du 9 juillet 2010 relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants, nouvel article 222-22, alinéa 2, du code pénal), le texte précisant que le viol est réalisé lorsqu'un rapport sexuel est imposé  « quelle que soit la nature des relations existant entre l'agresseur et sa victime, y compris s'ils sont unis par les liens du mariage».

 

Confessions intimes : 
De quinze ans et demi à dix-huit ans, je suis sortie avec un garçon. Un garçon qui m'a fait du mal.
Il est étrange que j'arrive à en parler ici alors qu'il s'agit d'un sujet immensément tabou pour moi, encore aujourd'hui. Mon père et mon frère savent, mais ils savent aussi qu'ils n'ont pas le droit d'en parler ni de dire son prénom. Jamais.
Quand j'arrive à en parler, je dis généralement que j'ai vécu "des trucs pas cool", laissant aux autres le soin de comprendre par eux mêmes ce que ces quelques mots peuvent supposer. Un truc violent, douloureux, et pour lequel je n'ai pas trop de mots.
Mon histoire avec ce garçon est un des événements les plus douloureux de ma vie.
Je ne peux pourtant pas vraiment dire que j'ai été "violée".
C'était mon petit ami, il ne m'a jamais violentée physiquement et il ne m'a jamais frappée (du moins pas pour obtenir des faveurs sexuelles). Je me suis juste laissée faire. Pendant presque trois ans.
Notre relation était loin d'être parfaite, mais j'étais amoureuse et je croyais être bien avec lui par ailleurs. Alors pendant trois ans, je me suis laissée faire.
Je me suis laissée faire la boule au ventre, le coeur serré, parfois les larmes aux yeux, parfois en pleurant vraiment. Il ne voyait rien ou, s'il le voyait, ça ne l'arrêtait pas.
Pendant presque trois ans, je suis allée me coucher tôt et j'ai fait semblant de dormir pour qu'il ne soit pas tenté d'essayer de me toucher. Pendant presque trois ans, il devenait mon ennemi dès qu'il était en érection. Parce que je ne voulais pas. Jamais. Je ne prenais aucun plaisir au sexe brusque, pornographique et sans tendresse qu'il m'infligeait. (J'appréciais moyennement d'être sodomisée à sec et sans ménagement, par exemple). Pourtant, il avait réussi à me convaincre que c'était moi le problème, que j'étais frigide et anormale.
(Après l'"amour", quand je lui demandais de me prendre dans se bras et de me dire qu'il m'aimait, il ricanait en me disant que les femmes étaient terribles à toujours vouloir des câlins et des je t'aime, que c'était pas comme ça la vraie vie, que j'avais vu trop de Walt Disney) (Je n'invente rien) (Maintenant que j'y pense, ma passion pour Walt Disney vient peut être de cette époque là).
Quand je disais "non" (souvent), il m'avait à l'usure, en insistant, en me forçant la main. Je finissais toujours pas céder, de guerre lasse.
J'avais seize, dix-sept ans. J'ai subi parce que je pensais que c'était ce qu'on attendait de moi, parce que j'étais perdue, parce que je ne m'avouais pas ce qu'il se passait. Je n'avais jamais connu d'autres garçons, j'étais paumée et sous sa coupe, j'étais conne et faible. 
Je ne me suis jamais pardonnée de m'être laissée faire si longtemps. Pire, je ne me suis jamais pardonnée d'avoir été amoureuse et dépendante de lui. De cette sombre sous-merde.
La honte me ronge encore aujourd'hui.
Et pourtant, alors que le fait de penser à cette époque de ma vie m'est encore aujourd'hui infiniment pénible, je ne pense pas que (où qu'il soit) (j'espère loin) il ait le moindre souvenir de m'avoir maltraitée.
C'était clairement un mec horrible, et il est évident que s'il avait été aimant, tendre et à l'écoute, il aurait été soucieux de mon bien être, il aurait su que je n'étais pas consentante sans que j'aie à hurler et à le repousser de toutes mes forces, et il aurait agi en conséquence. S'il avait été à l'écoute - que dis-je, s'il avait simplement eu le moindre regard pour moi - il aurait vu que je pleurais. Pourtant il nierait sans aucun doute en bloc s'il entendait le mot "viol". Car il ne m'a jamais violée en ayant conscience de le faire.
Du coup, à partir de quel moment est-ce un viol ?
Est-ce un viol dès lors que je me suis sentie violée ?
J'ai eu très mal à l'intérieur de mon corps pendant trois ans, mon vagin me brûlait, j'avais une infection urinaire chronique, je pissais du sang (oui, je suis impudique) : est-ce que c'est une preuve de violences sexuelles ?
Comment ça marche, exactement ?
Si le mec n'est pas conscient d'avoir violé, est-ce que ça reste un viol ?
Est ce que violer par ignorance est moins grave que de violer en connaissance de cause ?
Bref, viol ou pas viol (je me passerai du label), je sais que je n'ai jamais rien vécu de plus violent depuis, et que j'ai appris à aimer le sexe, mais que je ne m'en suis jamais vraiment remise. 
Voilà.
Fin des confessions intimes. (Ou presque).
Pfiou.



Depuis cette époque, donc, je suis immensément sensible à cette tendance qu'ont les hommes à insister lourdement auprès de leur compagne quand ils ont envie de faire l'amour et que, pour une raison ou pour une autre, ce soir, elle, non.
Et ils le font presque tous au moins une fois de temps en temps.
Ils insistent, ils supplient ("Allez s'il te plaît"), ils font du chantage en boudant ("T'as pas envie de moi, tu ne m'aimes plus, c'est grave, on a un problème, notre couple est en danger, et c'est de ta faute"), ils se mettent à te tripoter en pensant que ça va t'exciter et que le désir viendra, ou juste en espérant que tu vas céder, même si t'as pas vraiment envie. Pour qu'ils te foutent la paix.
Parce qu'ils souffrent d'être rejetés, je le conçois. Parce qu'ils sont blessés, et parce qu'ils sont frustrés, je comprends. Et parfois, bien sûr, quand tu caresses une femme qui n'avait pas envie au départ, le désir vient. Sauf que quand une femme dit non, c'est qu'elle sait que le désir ne viendra pas (elle connaît son corps). Et dans ces moments là, c'est pas cool d'insister. Même si vous avez simplement le sentiment de réclamer de l'amour à la femme que vous aimez et donc de ne rien faire de mal.

L'éternel problème de l'homme qui réclame et de la femme qui dit non.
(Il arrive évidemment qu'une femme veuille faire l'amour et pas son conjoint, et qu'elle se sente rejetée, et qu'elle le gonfle avec ça, en lui donnant malgré elle le sentiment d'être une moitié d'homme parce qu'il manque de désir, de même qu'une femme se sentira attaquée dans sa féminité si on lui reproche de ne pas aimer le sexe. Et il arrive qu'une femme insiste aussi, en espérant donner envie à son mec qui n'en avait pas envie au départ. Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que cette situation est, il me semble, plus commune dans l'autre sens, et qu'elle est en général plus douloureuse pour une femme). 
Une des bases du problème est que les mecs ont, en moyenne, envie de faire l'amour beaucoup plus souvent que nous : nous sommes donc souvent le réceptacle de leur désir plus que l'agent du nôtre.
Souvent, les femmes en couple n'ont pas le temps d'écouter leur désir et de le laisser monter en elles car leur compagnon est toujours là pour les devancer et prendre l'initiative. Auquel cas elles ont deux options : soit elles sont adaptables et arrivent à avoir envie dès lors que leur conjoint les sollicite, soit ce n'est pas le cas et ça va poser un problème.
Car parfois, un homme qui a envie de faire l'amour est capable de mal se comporter sans réellement le savoir. Même un mec bien, et même avec une fille qu'il aime.
Parfois, un mec qui bande oublie ses principes et use de stratagèmes pas toujours reluisants pour obtenir ce qu'il veut. Sans avoir conscience de faire un truc potentiellement répréhensible, certes. Mais qui peut l'être.
1) Parce qu'insister de façon poussée pour faire l'amour avec sa copine quand elle n'en a pas envie peut déjà être perçu comme une forme de violence (parce qu'il y a manipulation mentale et ascendant de l'homme sur la femme), et que même si elle finit par céder, elle peut le vivre plus ou moins consciemment comme une forme d'agression.
2) Parce qu'une fille qui accepte de coucher avec son mec alors qu'elle n'en a pas envie aura forcément plus ou moins mal (quand t'as pas envie, t'as mal), et que le fait qu'il soit prêt à lui faire mal pour obtenir ce qu'il veut, c'est pas normal.
(Et non, il n'est pas non plus acceptable de réclamer une pipe : si la fille en prend l'initiative parce que ça lui fait plaisir de vous faire plaisir, très bien, mais une femme n'a en aucun cas le devoir de vous soulager quand vous êtes excités, même si elle est votre petite amie).
3) Parce que - et là je dis ça pour vous - c'est contre-productif. Parce qu'une fille qui s'est sentie forcée une fois aura moins envie de vous la fois d'après, et que donc, en insistant lourdement quand elle n'a pas envie, vous tuez son désir sur le long terme. Et vous vous tirez une balle dans la bite par la même occasion.



******

Il y a quelques mois déjà, un soir, le Capitaine a eu envie de faire l'amour.
Je l'ai arrêté, je lui ai dit que j'étais désolée, que j'étais naze, que j'étais pas dans le mood.
Bref, que j'avais pas envie.
Il a dit ok.
Il n'a pas insisté, il n'a pas continué à me tripoter, il ne s'est pas frotté contre moi en faisant des petits bruits comme un petit chiot mignon qui demande une faveur, il a juste dit ok.
Et il m'a laissée tranquille.
Sans rancoeur, sans amertume, sans faire la gueule, juste simplement.
Il a gardé ma main dans la sienne, et il a fermé les yeux pour dormir.
A ce moment-là, je l'ai trouvé tellement merveilleux que je lui ai sauté dessus.

Plus tard, il y a environ un mois, je lui ai reparlé de cette histoire.
J'ai raconté : "Et là, t'as pas insisté, t'as pas fait la gueule, t'as juste dit ok. Et j'ai trouvé ça tellement fantastique de ta part que j'ai eu immédiatement envie de toi".
Il m'a regardée avec de grands yeux, stupéfait, choqué, et il a dit "Ben encore heureux que je t'ai pas forcée ! Ca s'appelle un viol !".
Je me suis tue pendant quelques secondes.
J'ai répété ce qu'il venait de dire : "Oui. Ca s'appelle un viol".
Et j'ai fondu en larmes. 

*******

Je sais que vous êtes très nombreux à être comme lui, et je ne suis pas en train d'accuser mes lecteurs de viol, rappelons le. Je suis simplement en train de parler d'un phénomène de société et j'aimerais que vous l'acceptiez. Je ne dis pas que toutes les relations entre les hommes et les femmes sont comme ça, je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs et les femmes des victimes, et je ne nie pas qu'il est fort possible que mon expérience m'ait rendue particulièrement sensible à la question. N'empêche que je n'invente pas. Que je ne suis pas la seule. Et que je pense que c'est un sujet qui mérite d'être soulevé. Non ?

20 commentaires:

  1. On me souffle dans l'oreillette que le vrai problème des hommes, c'est que ils ne sont pas tous comme Poutine

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  2. Peut-être que la solution était déjà dans [url=http://youtu.be/NbpsaA6KysE]Mary Poppins[/url] ?

    Je trouve qu'on ne le dit pas assez mais "Well done, sister Suffragette !"

    A nous maintenant de faire le reste, comme tu l'as dit avec justesse, sans tomber dans l'excès inverse, la politisation et les autres danger de tout groupe d'humain qui cherche à faire avancer la société vers quelque chose de plus juste, de plus équitable et de plus moral.

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    1. Oh, Mary Poppins !!
      Merci pour le "Well done, sister Sufragette !", j'ai adoré ! ^^

      Et merci de commenter et de me soutenir.
      J'étais un peu comme une conne avec mon article à attendre le verdict, c'est super de recevoir des commentaires amis :)

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  3. Je suis de plus en plus frappée de voir à quel point le viol est une préoccupation quasi-quotidienne pour de très nombreuses femmes (et filles, car cela commence tôt).

    J'en ai discuté cette semaine avec ma mère, qui est tombée de l'armoire quand elle a compris que j'y pensais presque tous les jours, sans que cela m'empêche de vivre par ailleurs - ce qui est d'autant plus inquiétant puisque cela signifie que c'est une menace à laquelle on est en quelque sorte habituées -.

    Hier encore, je suis tombée sur un article qui parlait des agressions sexuelles : http://www.madmoizelle.com/colere-harcelement-agression-sexuelle-239358

    Et c'est aujourd'hui sur ton blog que je vois la confirmation d'un ras-le-bol généralisé quant à cette situation de peur et de colère mêlées que nous sommes nombreuses à subir et, de plus en plus semble-t-il, à vouloir dénoncer.

    Je trouve vraiment très bien qu'on en parle. Je trouve plus inquiétantes les réactions que cela provoque parfois. Fort heureusement, j'ai l'impression - comme toi - que la majorité de tes lecteurs sont des gens sains d'esprit ; j'espère que cela t'épargnera des commentaires désagréables sur ce très bon article.

    Permets-moi d'émettre une toute petite réserve quant à l'axe directeur que tu as choisi : je ne suis pas absolument certaine que l'opposition hommes-femmes soit la plus pertinente pour traiter ce sujet, tout simplement parce que, outre les nombreuses exceptions que l'on pourrait objecter, et comme tu le dis très bien par ailleurs, la solidarité pour les victimes et la condamnation des coupables devraient être unanimes et sans distinction de sexe. Disons que malgré tes nombreuses modalisations tout au long de l'article, je pense que si j'étais un homme (je serais capitaine d'un bateau vert et blanc...) je risquerais de me sentir attaqué(e ? j'ai un doute sur l'accord, du coup). Mais ce n'est qu'un point de détail sur lequel je suis sûre que tu me répondras avec des arguments tout à fait convainquants !

    Je trouve particulièrement intéressante la deuxième partie de l'article sur ce que tu appelles le viol ordinaire, parce que précisément c'est de celui-là qu'on parle le moins, même en ce moment où les langues semblent se délier. Ce n'est bien évidemment pas à celui-là qu'on pense dans les transports en commun ou quand on rentre tard, pourtant c'est le plus fréquent et peut-être par là même le plus redoutable. On le comprend bien en te lisant.

    Merci pour cet article courageux !

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    1. Merci Marie pour ce long commentaire.
      (A chaque fois que je te lis, je suis frappée par la qualité de tes propos - aussi bien sur la forme que sur le fond - et je tenais à te le dire).

      Sinon non, je n'ai pas d'arguments tout à fait convaincants (gloups). Il m'est difficile de savoir ce que des hommes vont penser de cet article et comment ils vont le vivre, s'ils vont se sentir attaqués ou non et si oui, par quels propos et par quelle partie du message. J'attends de voir si certains vont commenter. Je n'ai reçu jusqu'ici que des retours de filles, mais aucun garçon ne s'est prononcé (à part pour m'envoyer cette merveilleuse vidéo sur Poutine ^^). Je suis même un peu anxieuse, à vrai dire.

      Anxieuse et curieuse, aussi. Car, s'il est évident que le viol doit être et est condamné par les deux sexes indistinctement, il est évident que les femmes se sentent davantage concernées.
      J'ai fait de mon mieux pour moduler mes propos et condamner fermement sans pour autant avoir l'air d'attaquer les hommes en général, mais je ne sais pas si ça a marché. J'ignore s'ils arriveront à se sentir concernés en tant que personnes sans se sentir attaqués en tant qu'hommes. J'ai du mal à imaginer ce qu'eux peuvent ressentir face à ce genre d'article. Attendons de voir.

      Sinon oui, je voulais absolument parler de ce que j'appelle le viol ordinaire, et ce depuis longtemps. Parce cette violence sourde qui s'insinue dans la vie quotidienne de tant de couples est, en effet, "redoutable", qu'elle est à l'origine de beaucoup de souffrance, et que personne n'en parle vraiment.

      PS : et sinon, que diable faisait ta mère sur l'armoire ? ^^

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  4. En tant que lectEUR appelé à commenter...
    this is how i feel.

    (mais donc "OUI" à l'interrogation finale, hein)

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    1. Tu te sens comme un petit italien moustachu dans une fournaise, donc. Diantre. Ca doit être très désagréable, comme sensation.

      Pardon, reprenons : en me lisant, tu sens que y des boulets de canon qui volent et que t'es pas loin de t'en prendre un, en gros. Si j'ai bien compris.
      C'est une bonne image. C'est très parlant.
      J'imagine assez bien, en effet.

      Merci pour ton commentaire. Merci d'avoir eu le courage de braver le danger et de venir prendre la parole sur cette page internet gorgée d'oestrogènes (Y a des meufs en colère partout, les mecs, fuyez ^^).

      Mes hommages, cher lecteur mélomane.

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    2. Ah ben, non, Bayane, c'est pas possible, tu peux pas me prêter des propos, et t'offenser sur cette base.

      Moi qui avais été sensible à la prudence et la nuance dont tu avais fait preuve dans ton article ^_^

      Pour tout te dire, il y a pas mal de choses que tu as écrites qui me parlent (parce que j'ai été suffisamment proches d'amies pour savoir, et que mes collègues sont gratinés), donc au début, j'étais parti pour raconter des trucs, et puis je me suis ravisé : je ne dis en effet jamais rien de trop personnel sur l'internet (c'est la raison pour laquelle tu m'identifies en premier lieu comme "mélomane").

      Après, je me suis dit que j'allais me contenter d'appuyer certains propos, avant de réaliser que d'une part, ça ne serait pas hyyyyper intéressant, et d'autre part que, faire le nice guy et celui qui n'a rien à se reprocher, c'est sans doute exactement ce que ferait un violeur (calculateur, ou qui s'ignore).

      Les pistes précédentes ayant été abandonnées, n'auraient alors subsisté que mes états d'âme d'homme qui ne se sent pas caractérisé par le fait qu'il appartient à la moitié de l'humanité qui "peut" violer (Tiens, ça me rappelle Dogville... et j'étais parti avant la fin ^_^)... EXIT également cette thématique résiduelle (et secondaire).


      Donc le reaction GIF n'illustrait que celà : Ne se présentaient à moi que des directions dans lesquelles je ne voulais pas aller (surtout si, en plus, je m'avérais maladroit).
      Je prends soin de préciser que les pièges n'étaient pas sexués


      Bon, mais sinon, je lis pas mal de choses sur le sujet, je vois les débats et commentaires idiots que ça génère (avec souvent des arguments en bois), j'ai l'impression d'être un peu aware de ce qui est appelé la "culture du viol", de ce qui l'induit et de ce qu'elle induit. En plus d'écouter de la musique, je vois pas mal de classiques au cinéma, et me rends compte au nombre de baisers forcés que des générations ont été élevées au "No means Yes". Bref, j'espère que je saurais décrypter de telles situations auprès d'oreilles neuves, et leur expliquer 2-3 tenants et aboutissants.


      Je crois aux forces de l'Education (et de la Culture).
      (un peu comme pour sauver la planète)
      (en creux, tu noteras que je n'ai pas de solution pour là, tout de suite, maintenant)


      Peace



      PS : La dernière fois que j'ai vu ce reaction GIF, il y avait pourtant quelqu'un qui donnait la solution. Courir sur la droite (dès que la masse est passée), attendre, puis sauter. Bon sang, mais j'aurais dû y penser !

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    3. Oh, mince, tu as cru que j'avais mal pris ton commentaire ! Pas du tout du tout, je blaguais, juste. J'aurais dû mettre plus de smileys :)

      Non non je ne m'offusque de rien. Par contre oui, j'avais mal interprété ton commentaire (j'ai tellement l'habitude que les mecs se sentent agressés quand on parle de féminisme).

      Et je n'étais pas du tout ironique, quand je t'ai remercié pour ton commentaire et tout. Malentendu. (Par contre j'étais ironique sur les harpies en colère qu'il faut fuir, mais je conçois que la dérision passe mal à l'écrit).

      Donc encore merci pour celui-là, qui est plus complet :)
      (Mais je comprends parfaitement les raisons pour lesquelles tu n'as pas commenté davantage en premier lieu, je me serais certainement dit les mêmes choses dans la même situation).

      PS : Quand je disais que j'étais lue par des gens intelligents :)

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    4. Sinon tu dis "en bois" comme le Capitaine : un film en bois, un argument en bois, etc. Ca doit être commun, comme expression, mais j'avais jamais entendu quelqu'un dire ça avant lui, pourtant.
      (Tu vois, moi je m'autorise amplement à laisser des commentaires pas hyyyyper intéressants :) Où je raconte ma vie. Mais bon, eh, oh, c'est mon blog après tout, hein)

      Sinon pour Dogville t'as eu tort de partir avant la fin, c'est la seule bonne partie du film, celle qui rattrape tout le reste, quand - spoiler alert - elle les bute tous.

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    5. Ah, bon, cool. Ca m'avait un peu étonné aussi... mais comme tu prévenais être "particulièrement sensible" sur le sujet, c'était plausible ^_^

      Allez, la journée démarre. Have a nice day !
      (comme pourraient dire tes élèves)

      PS: Pas de spoil possible avec moi sur Lars Von Trier : je suis brouillé avec ce réalisateur misanthrope depuis lors !

      PPS : Je sais pas trop si c'est si fréquent, cette expression "en bois". Si tu la reprends à ton compte, attention, ça ne marche pas avec tout. Elle n'aura probablement pas l'effet escompté si tu parles d'une "table en bois".
      (ceci est est une blague)

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  5. Je ne voulais plus commenter ici mais là quand meme...
    Chaque homme sait ça parce qu on a tous assiste à des retours victorieux de gros mâles viriles qui se ventaient de leus conneries brutales entre hommes mais jouaient les tendres avec la prochaine. On a tous eu un pote qu on a vu agire de facon degueux et qu on a pourri
    Bon ben courage le tout c est de trouver le bon et la tu en as un bien. C a n effacera pas ta souffrance et tes craintes mais bon ca te re dra heureuse j espere.

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  6. C est dingue sur le net comme les gens fuient quand on sort des banalites habituelles. Pire que dans la realite où ils sont coinces par le regard des victimes. Trois personnes te commentent ca fait quand meme chier une lâcheté.
    c est moche un humain!

    L anonyme qui ne voulait plusvmettrecde com.
    Beurk!!!

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  7. Tu es très dur. Tu as tort, ça n'est pas de la lâcheté, ça n'a rien à voir.

    D'une part je n'ai pas écrit ce post pour qu'on me tape sur l'épaule en me disant qu'on me plaint beaucoup, et d'autre part ce n'est pas parce que les gens ne commentent pas qu'ils ferment les yeux sur le sujet abordé.

    Je lis moi-même plein d'articles sur internet qui me font beaucoup réfléchir et ça n'est pas pour autant que je les commente tous, loin de là.

    Comme le disait Aymeric, on ne sait pas forcément trop quoi répondre à un post comme celui là. Dire "Oui tu as raison" semble stérile, et les gens ne veulent pas trop commenter pour ne rien dire, d'autant qu'ils sont timides. Moi même je ne sais pas toujours quoi dire donc je ne commente pas.

    (Je tiens cela dit à dire que les commentaires pour dire "Très bon post, merci" ne font pas avancer le scmilblick mais ont l'avantage de me faire très plaisir et ça, c'est essentiel ^^).

    Et puis commenter c'est très gentil pour moi, et ça peut éventuellement faire avancer les choses si jamais il s'agit de me signaler que j'ai tort sur un point, mais dans l'ensemble ça n'est pas non plus exactement un acte militant, faut pas déconner.

    Par ailleurs, j'ai reçu d'autres commentaires, sur ma page Facebook et en message privés, pour me dire que l'article était riche et "intense", qu'il était émouvant, que non je n'y stigmatisais pas les hommes (selon un homme) et que par ailleurs, j'avais une très belle plume et que j'étais prête pour devenir journaliste (huhuhu - gloussement ravi).

    Cela dit je te remercie pour ton premier commentaire. Il est intéressant de signaler que les hommes font leur propre expérience du sexisme quand ils assistent à des conversations entre hommes, qu'ils sont donc conscients du phénomène, et, quand des hommes ont des propos sexistes, il est important que certains de leurs interlocuteurs aient la présence d'esprit et le courage de leur faire remarquer que leurs propos et leurs agissements sont répréhensibles. Ca, c'est militant et courageux. Beaucoup plus que de commenter mon article, je pense.

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  8. Pas faux et bien dit!
    Mais bon je sais aussi pourquoi j ai dit ça. Ce n est pas de dire qu on compatit mais de temoigner pour bien montrer que ton hidtoire n est pas un cas isolée. Je ne parle pas des femmes mais des hommes. En tant qu homme adolescent puis adulte, on a to
    us assiste ou entendu des choses franchement animales plus que civilisees. Combien en temoignent?
    Il me semble que c est du mâle que le progres viendra en n étouffant plus les choses. Le male moyen se fout des articles de femme parce qu il se sent inscrit dans une majorite de gros machins viriles qui font jouir les femmes meme contre leur gré en se vidant l appareillage génital . C est un raccourci mais pas tant ça malheureusement.

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  9. Réponses
    1. Euh... De rien ;)
      Je ne sais pas exactement pourquoi tu me remercies mais merci à toi pour ce gentil commentaire.
      Et bonjour ! Ca faisait longtemps, dis !

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  10. Hello,

    Je ne fais que passer... Juste pour dire que j'ai pensé à ton article en écoutant ce morceau (et ses paroles, donc)
    http://taulard.bandcamp.com/track/dans-la-roche

    Bonne fin d'année (scolaire) !

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