mercredi 27 juin 2012

Une Nuit en Enfer

(This is where you sanity gives in)



Le bon côté de ce blog, c'est que je peux commencer chaque article avec l'image de mon choix pour orienter la lecture. Ainsi, je peux commencer cet article sur la nuit où j'ai fini échouée dans la rue à minuit avec cette image d'une jolie fille allongée pieds nus sur la route en petit caraco fleuri : c'est frais, c'est printanier, c'est poétique, c'est bohème, c'est un brin rock'n'roll, bref l'honneur est sauf. (Vive Google Images). 

En dépit de cette image, il va pourtant être difficile de faire de cet épisode fâcheux de ma vie un récit de pure bohème. Mais croyez-moi : je vais quand-même essayer très fort.
Il faut voir ça comme une aventure.
Une aventure un peu hard, mais une aventure quand-même.
Parce que finalement, tout ce qu'il reste une fois que c'est fini, c'est l'histoire.

Bref, venons-en aux faits.
Ce week-end, j'étais à Bruxelles, et j'ai, disons, euh, un peu perdu mes esprits. 
"Alors comme ça t'es folle, ma chérie ?" m'a demandé mon père hier soir, amusé, quand j'ai débarqué chez lui. (J'avais appelé mon frère quelques heures plus tôt pour hoqueter entre mes larmes que j'étais folle à lier, que j'avais de graves problèmes psychologiques, qu'il fallait m'interner).
Ca ne les a apparemment pas convaincus : ils m'ont accueillie, prise dans leurs bras, et m'ont écoutée leur raconter ma crise de folie avant de me gaver de blagues, de glace au cookie et de vin. (Home Sweet Home).


Mais je m'égare. Je repousse l'échéance de l'aveu terrible. (Et ça va pas être rigolo, hein, je vous préviens tout de suite. On est en plein SkyBlog, je la joue Journal Intime - je sais, c'est mal - du coup si ma vie vous vous en foutez - et je ne vous blâme pas - vous pouvez y aller tout de suite) (vous avez vu la vidéo de Lilo et Stitch, c'était le clou de ce post de toute façon, rien à regretter).

Ce week-end, donc, je suis allée à Bruxelles. Bruxelles où habite Gilles.
Oui, Astro s'appelle Gilles. Comme tous les belges, semblerait-il. 
J'ai dormi à Saint-Gilles, où tous les bars, tous les restaus, toutes les boutiques s'appellent "Gilles quelque chose", j'ai été recueillie dans la rue par un Gilles, bref il y a des Gilles partout (c'est à devenir folle, tiens). On se serait crue dans Being John Malkovitch (la scène où John Malkovitch rentre dans sa propre peau et se retrouve dans un restau où tous les gens sont lui et parlent en Malkovitch - sauf que là ils parlaient en Gilles).

La veille de mon week-end à Bruxelles, il (Gilles, pas Malkovitch - vous suivez que dalle, dites moi) m'a envoyé un mail pour me proposer qu'on s'y voie (mec, tu m'ignores depuis des mois et tout à coup youhou, viens on va boire un coup ?). J'ai évidemment eu le réflexe de dire non : pas la force, trop tôt, pas le courage, pas une bonne idée... Il a dit ok. Laconique.
Mais il m'avait écrit !
Ca a ouvert plein de vannes, et j'ai très vite été assaillie d'une folle envie de lui parler. Donc il voulait bien me parler, finalement ? Le voile du silence était levé ? On allait pouvoir discuter ? J'allais peut-être pouvoir avoir des réponses, comprendre, me sentir mieux, have closure, tout ça ?
A l'idée que j'allais enfin pouvoir interagir avec lui, tout s'est embrouillé dans ma tête : je ne savais plus ce que je voulais dire, si j'étais en colère ou non, si je le détestais ou non, si je voulais faire comme si de rien n'était ou non, en fait ça changeait un peu toutes les heures. Je suis une fille sensée, pourtant, mais c'est difficile de réagir intelligemment à une situation à laquelle tu ne comprends rien.
Alors j'ai écrit un premier message. Je ne sais même plus quoi. Puis un deuxième. Puis un troisième. Il n'a pas répondu. A aucun d'entre eux. Je crois que c'est là qu'un certain nombre de connections ont sauté dans mon cerveau. Je n'ai pas supporté qu'il recommence à m'ignorer juste après m'avoir relancée. Ca m'a rendue hystérique. La colère, le sentiment d'injustice et d'impuissance, c'était horrible. Je suis pourtant normalement une fille rationnelle et intelligente. Mais je crois que c'est une histoire de cercle vertueux et de cercle vicieux : quand on me traite comme un être humain doué de raison et digne de respect, je me comporte comme tel. Et inversement.
Bref, pour faire court, j'ai fini par envoyer un mélange indéfinissable de déclarations d'amour, de reproches, d'insultes et d'appels au secours en 24h chrono. Un record. Ou - en un mot - le pire truc imaginable. Hauts les coeurs ! Bravo Bayane ! Tu remportes la palme de la pire... euh... de la Pire (point final). ("Plus tard je veux être champion du monde" "Mais de quoi ?" "Ben du monde !").

Pour ne rien arranger, j'ai vu Calamity, qui m'a payée une dizaine de verres de vin en me racontant des trucs atroces au sujet de Gilles et moi avant de repartir :
- Non mais attends ma chérie si je te dis tout ça c'est pas pour te faire du mal, hein. C'est pour ton bien ! Tu préfèrerais que je te mente ?!
- Non là tout de suite dans l'immédiat je préfèrerais juste que tu crèves.
Quand elle est partie, j'étais anéantie.
To make a long story short, j'ai fini par faire une crise d'angoisse le lundi soir seule dans la rue. Je n'avais trouvé nulle part où dormir (tous les gens que j'avais contactés ne pouvaient pas m'héberger ou ne répondaient pas) et j'étais vidée, paumée, hagarde, et passablement saoule. Je me suis assise dans un coin et je suis restée là. Sans bouger. J'ai passé quatre heures sur mon coin de porte. La nuit tombait. Je crois que je ne m'étais jamais sentie aussi abandonnée de ma vie.
J'ai envoyé des appels au secours à Gilles (how dignified and attractive!) - ce même Gilles dont je venais d'apprendre qu'il n'en avait jamais eu rien, mais rien à foutre de moi - (logique implacable) -, mais il m'a ignorée (pour changer) : et moins il me répondait et plus j'avais l'impression que j'allais mourir sur place et plus je le suppliais de me répondre. Je l'ai littéralement supplié de me répondre. (Mon Dieu...).
Il n'a jamais répondu. C'était à prévoir.
Je suis une grande fille, pourtant. Je suis adulte, indépendante, j'ai de la ressource, je ne suis pas censée m'effondrer avec une telle violence juste parce qu'un garçon avec qui j'ai couché il y a cinq mois ne répond pas à mes messages. J'aurais pu me lever, aller à l'hôtel, trouver une solution. Et pourtant. J'étais paralysée. Tout à coup, j'étais seule perdue dans une ville étrangère, j'avais cinq ans et je voulais ma maman.

Sur ce, voilà une photo esthétique et bouleversante en noir et blanc pour donner une dimension tragique et émouvante à cet épisode de lose suprême : 


J'ai donc un peu vécu la vie d'une sans domicile fixe pendant quatre heures. (Enfin vite fait, quoi).
(Une scène de The Catcher in the Rye revisitée, plutôt. Ou de Moonpalace. La méga classe, en fait, finalement).
A un moment, un mec est venu me draguer (et on le comprend !) (quoique j'avais déjà ramassé un numéro de téléphone plus tôt dans la journée : à croire que je suis particulièrement attirante quand je pleure, hein). Je lui ai demandé de me laisser tranquille. J'ai répété plusieurs fois "Laisse moi tranquille s'il te plaît". Il a pris ça pour une invitation à me passer la main dans les cheveux et à me mettre la main sur la cuisse (certains hommes sont vraiment délicieux). Je me suis redressée et j'ai dit "Ne me touche pas !". Très fort. Plusieurs fois. Suffisamment pour qu'il s'en aille. Thank God.
Plus tard, un couple d'homos New Age est passé et l'un d'eux est venu s'asseoir à côté de moi et me faire la conversation. Il a proposé de m'aider à me lever et de me faire marcher sur cent mètres : c'était adorable de sa part mais j'ai dit non merci. (La peur de bouger. Un peu comme quand t'as trop bu et que tu penses que si tu bouges tu vas vomir : là j'avais l'impression que si je bougeais il se passerait un truc horrible). Il s'est assis à côté de moi et il m'a fait un grand discours sur la vie la mort et le devenir : il m'a dit qu'il ne fallait pas se prendre la tête, qu'il y avait des gens qui mourraient de faim dans le monde, que j'avais une belle âme, que mes yeux pétillaient d'intelligence, que Dieu m'aimait, que j'avais un beau sourire et une belle aura et qu'il ne fallait pas me laisser abattre, il m'a un peu parlé de feng shui, il m'a souhaité tout le bonheur du monde et puis il est parti. ("Mais c'est un vrai Lauzier, ton histoire !" m'a dit mon père).
La nuit tombait.
Et là, sur les coups de minuit et demi, Gilles est arrivé. Un autre Gilles. Un inconnu qui, étrangement (quoique bon, c'est la Belgique), s'appelait Gilles.
Il m'a dit qu'il ne fallait pas rester là, que c'était dangereux. (Je ne savais pas du tout où j'étais. Il s'est avéré que j'étais sur l'équivalent bruxellois des Champs Elysées, soit un endroit où il est fort déconseillé de traîner la nuit). Il m'a demandé si j'avais quelque part où dormir. S'il pouvait appeler quelqu'un. J'avais du mal à parler alors il s'est assis à côté de moi. Il m'a dit qu'il attendrait avec moi que je reprenne mes esprits, qu'il ne pouvait pas me laisser comme ça. (Il promenait son chien : "Elle s'appelle Bonnie. Pas Bonnie comme dans Bonnie and Clyde. Bonnie comme la fille de Scarlett dans Autant en Emporte le Vent". Wow. Là, j'ai su que j'étais sauvée !). On a attendu un certain temps en silence, on a parlé un peu, puis il m'a aidée à me lever et il m'a emmenée chez lui. Il a appelé sa femme qui m'a accueillie avec un verre de vin, une boîte de mouchoirs et des pâtes. Ils m'ont fait parler. Ils m'ont fait rire. Ils ont pris soin de moi. C'était un loft immense avec un piano à queue et des tableaux partout. Ils étaient incroyablement gentils. Ils ont appelé presque tous les hôtels de Bruxelles pour me trouver une chambre. Une fois ma chambre réservée, Gilles m'a emmenée à l'hôtel - en Porshe !
J'ai traversé Bruxelles de nuit en Porshe avec un chevalier des temps modernes.


Entre temps, mon amie Anna a appelé et il m'a finalement conduit à elle. J'ai donc fini saine et sauve, à deux heures du matin, sur le canapé d'un homme. (Pendant qu'ils gémissaient de plaisir dans la chambre à côté. Je crois bien qu'ils s'y sont repris à trois fois dans la nuit) (C'était le clou final de ma crucifixion).
Le lendemain, après quelques heures à pleurer et regarder le plafond, je suis allée prendre le premier Thalys pour Paris, et j'ai laissé cette histoire derrière moi.
............

Je ne sais pas très bien quelle est la morale de l'histoire.
A part que je suis folle, bien sûr.


Et qu'il existe des gens fantastiques sur cette Terre. (Et que Bruxelles c'est très joli mais je ne sais pas si je vais y retourner tout de suite tout de suite).
Enfin si : je pense que la morale de cette histoire c'est que je suis une fille certes un peu fragile (euphémisme bonjour) mais aussi très aimée et entourée, et que tout va bien se passer.
Je me suis mis dans un état irrationnel et disproportionné parce que quelqu'un m'a refusé son respect et sa tendresse mais il y a tellement, tellement de gens biens qui m'aiment et qui sont là pour moi.
Dans le Thalys, sur le chemin du retour, j'ai repensé à toutes ces petites et grandes attentions dont j'ai été l'objet, à tous ces gens qui ont été là pour moi dans ma vie et qui le sont encore.
(Attention : Cheesy time. Ready? Go).
J'ai repensé aux messages mignons envoyés par des amis à toute heure et à l'improviste ("Une pensée pour toi ma belle", "Bonne nuit petit chat", "Il est 22h22 : Fais un voeu"), j'ai pensé aux "Je t'aime" cachés dans mes boules de chaussettes ou glissés sous ma porte, j'ai pensé aux cadeaux surprise et aux apéros improvisés à toute heure du jour et de la nuit façon "cellule de crise", aux cafés qu'on m'a apportés le matin, aux tartines qu'on m'a beurrées, aux baisers déposés sur mon front et aux clopes déposés dans ma bouche et allumées pour moi quand j'étais en train de pleurer au téléphone, j'ai pensé aux kilomètres parcourus par des gens pour venir me rejoindre où que je sois dans les moments de détresse.
J'ai pensé à tous ces gens fantastiques que j'aime et qui m'aiment et je me suis dit que je n'avais pas le droit de me laisser abattre parce qu'un mec que je connais à peine ne s'intéresse pas suffisamment à moi pour répondre au téléphone quand je l'appelle. Ca n'a aucun sens.
Je ne peux décemment pas accorder plus d'importance à son rejet à lui qu'à leur amour à eux.
J'ai brièvement perdu le sens des réalités. Mais Gilles n'est rien. Il ne mérite pas que je me mette dans des états pareils. Un mec prêt à me laisser mourir en pleine rue ne mérite pas que je me mette dans des états pareils.
Gilles ne doit plus avoir d'importance. On ne parlera plus de Gilles. 
Voilà : la morale de l'histoire, c'est ça.

Et tout va bien se passer.



jeudi 21 juin 2012

Dust yourself off and try again.


 Sugar Daddy, my private angel :

I think when you turn it into a book the question will be about the moral of the story.
I think the moral is : t'es une femme formidable!
Marrante, jolie, who isn't afraid of going for it, of having feelings.

I really liked when you said the thing about why is it that we're ashamed to let someone know how we feel.
That's a big deal. Especially for someone experiencing stuff for the first time. But the thing is it's a big deal for old folks too!
So the moral is: even if an adventure doesn't turn out the way you wanted in the end, it's still an adventure!
And adventures are fun! They're what living a full life is made of.
But they involve risk. 
And they're not like the happy endings in US movies and songs and tv shows.
No risk no gain.
And in the end you have wonderful stories and memories. 
Even if they're a little rough sometimes. (la fille qui a lu tes lettres d'amour à tout le monde!! c'est atroce!)
But "rough" is also texture.
In the end you come out sounding like a great, thoughtful, funny person. 
And any boy who reads it will fall instantly in love with you!
And any girl who reads it will be like "YEAH! boys are dumb assholes". Haha. 

On another note, this expression came to mind when i was thinking about your blog:
"If at first you don't succeed, dust yourself off and try again"
So, I decided your nickname for me will be...."dust yourself off girl!"
Or, "dusty" for short.
The other thing that came to mind was that you need to not be the dusty one all the time.
You should make guys work harder.
I worked hard!
You should throw dust in their face sometimes and see if they want to dust themselves off and try again.
Make them show how much they want it!

You're not easy, you're nice.
Fatal flaw.
Something to hide for a while and only reveal once they accept you for the good and the bad.
And you're a dreamer.
That's quite nice.
But dreamers can be played pretty easily.

Don't change a thing. Just make them work.

................

Sugar : I LOVE YOU.
(Will you marry me ?) (I'm kidding). (Will you, though ?)
(And you definitely are this blog's hero now !).
(Any girl who reads it will fall instantly in love with you ! ).


lundi 18 juin 2012

La princesse, la ballerine et le crapaud


Ce week-end, j'étais au mariage de la comtesse au château de Montastruc.

Tous les éléments étaient réunis pour vivre un conte de fée :
- le château était somptueux, 
- j'avais une belle robe,
- il y avait des écuries pour aller jouer à Jalna et forniquer dans la paille avec le fils du palefrenier. 

J'espérais évidemment rencontrer de beaux partis (pour aller jouer à Jalna, donc).
Plus précisément, je nourrissais en secret l'espoir de croiser le prince de Motordu : nous aurions pu nous installer tous les deux dans son grand chapeau, jouer aux tartes avec ses coussins, élever des troupeaux de boutons et avoir plein de petits glaçons et de petites billes pour qui j'aurais tricoté des bulles pour l'hiver. 

Malheureusement, le destin en a voulu autrement.
(A croire que les invités n'avaient lu ni Jalna, ni La Belle Lisse Poire du Prince de Motordu
(Oui je sais c'est difficile à concevoir mais certaines personnes, vous savez, sont tristement incultes) 
(Et là vous allez me dire : comment trouver l'amour dans une assemblée qui maîtrise aussi peu ses classiques ?)

J'étais pourtant extrêmement convaincante en princesse. En effet, j'ai : 
1) beaucoup bu, 
2) beaucoup passé la soirée à remonter ma robe bustier - qui tombait - avec un manque de grâce déconcertant, 
3) apparemment beaucoup montré ma culotte aux invités en faisant virevolter ma robe de soirée en mode French Cancan sur la piste de danse, 
4) beaucoup balancé ma ballerine dans les douves sans faire exprès.

En effet, comme chacun sait, tout château de conte de fée qui se respecte a des douves.
La piste de danse se trouvait donc près d'un petit muret qui donnait sur un gouffre : en bas, dans l'obscurité, il y avait les douves. 
Ainsi, lorsque, prise par le rythme endiablé de je ne sais quel morceau de Prince (justement), j'ai voulu me débarrasser de mes ballerines d'un petit lancé de jambe désinvolte, j'ai balancé - par mégarde - une de mes chaussures par dessus le muret, et vingt mètres plus bas.
(Oooops). 

Oui alors j'avoue, comme ça, ça peut sembler d'un glamour tout relatif : j'étais tellement pompette (les princesses ne sont pas "bourrées", non : elles sont "pompettes") que j'ai perdu ma chaussure et fini pieds nus avant de rentrer à cloche pied. (Bref, je ne sais pas me tenir).
Mais en même temps : gros potentiel Cendrillon !!


(Je chausse du 40, c'est grave ?)

Je n'avais moi-même même pas décelé le potentiel conte de fée de ce petit raté avant que l'Homme (qui par ailleurs m'a fait l'affront de venir avec une femme - non mais je vous jure, aucun savoir-vivre !) ne m'annonce le lendemain au brunch qu'il était parti le matin même dans les douves à la recherche de ma ballerine perdue (excusez-moi les mecs mais j'ai envie de dire "plus romantique tu meurs"). 
Sauf que, malheureusement, cruchasse que je suis, ne pensant pas une seule seconde qu'un prince charmant irait "chercher ma ballerine dans les douves" (non je le répète parce que sérieux, combien de fois vous pensez que ça se présente dans une vie, la possibilité de dire "il est allé chercher ma ballerine dans les douves" ?), j'étais allée la chercher moi-même une heure avant.
On n'a donc pas pu jouer à la pantoufle de vair. Pfff. Une belle occasion ratée. 

Où était donc sa cavalière à ce moment là, d'ailleurs ? Moi, perso, j'aurais pas trop aimé que mon mec aille chercher la ballerine d'une autre dans les douves. Mais bon, je dis ça je dis rien.
(Sa cavalière, à ce propos, était charmante. (Rageant). Autant je ne cautionnais pas trop Miss Dos Nu - en fait - Miss Dos Nu avec qui il n'a d'ailleurs apparemment absolument pas couché -, autant celle-ci était jolie et absolument adorable). 
(Ce qui m'a rendu ce garçon plus sympathique encore. La vie est mal faite).  

Je n'ai donc fricoté avec personne. 
Je me suis pourtant fait sérieusement courtiser par une fille très jolie ("Je suis comme toi, hips, je suis à 700% hétéro, hips, mais quand-même, hips, tu voudrais pas qu'on couche ensemble, hips ?") mais elle a fini par s'éclipser dans les fourrés avec mon cousin et une des dernières bouteilles de champagne.  (Mon cousin m'a donc officiellement piqué mon seul plan cul de la soirée ! Misère). 

Mais bon, je pense que c'est moi qui ai déconné. 
Maintenant que j'y pense, je me suis stupidement évertuée à faire la belle sur la piste de danse alors que - suis-je bête - ça n'était pas du tout là que ça se passait : j'aurais évidemment dû descendre dans les douves pour aller pécho un crapaud.
(Quand je pense à tous ces princes charmants prisonniers qui coassaient désespérément à quelques mètres de moi et que j'ai laissés passer, croyez-moi, j'ai les boules).
J'ai foiré, quoi. 
Dammit. 
Encore raté.


mardi 12 juin 2012

La Boum

(Screech forever)



J'arrive toujours pas à dormir. (Je suis en train de devenir positivement insomniaque). 

Du coup je vais continuer à vous raconter ma vie.
Ou plus précisément : une autre soirée de ce mois ci où j'ai - aussi - chanté "Place des Grands Hommes" de Patrick Bruel à pleins poumons avec des inconnus (ça devient une habitude) et où je me suis - aussi - pris une veste / un vent / une tôle / un râteau, bref où j'ai aussi essuyé un échec, connu une défaite, enfin vous avez compris quoi.

Mais d'abord, mettons-nous dans l'ambiance :



J'étais donc avec Lady V et Fleur dans une soirée "6ème". Une choco boum, quoi.
Au programme, il y avait :
- des ballons rouges en forme de coeur gonflés à l'hélium pour jouer à faire des voix bizarres,
- des fraises et bananes Tagada et des sucettes,
- un photomaton,
- une marelle dessinée à la craie sur le sol,
- du Ace of Base,
- des Walkman en plastique à gogo,
- des petits poneys (je vous jure),
- des Gameboys,
- des scoubidous.
Les filles avaient des couettes et des débardeurs roses avec des coeurs.
Tout le monde avait ressorti ses vieux T-shirts Waïkiki et Fido Dido.
Bref c'était un grand moment d'émotion.
Ce soir-là, nous sommes retombées en adolescence pour le meilleur et pour le pire.
 
Je trouve que ça manquait un peu de Super Picsou Géants, de puces rebondissantes,  de cartes Panini et de mains collantes à lancer sur les fenêtres, mais bon, peut-être que certains en planquaient au fond de leurs poches, prêts à les dégainer en privé en ultime argument séduction, mais pas à les exposer en public de peur de se les faire voler (j'ai en effet entendu dire qu'il y avait des voleurs de billes à la soirée - la délinquance commence de nos jours dès le plus jeune âge, c'est bien connu).
 
A part pour les couettes, je n'avais moi-même pas tellement assuré niveau déguisement.
Par contre, je m'étais accessoirisée pour rattraper. J'avais donc dans mon sac trois éléments vintage : une petite lampe torche carrée orange de mon enfance, un Kiki (une valeur sûre), et, article phare : la cassette d'Ainsi Sois-Je de Mylène Farmer. La classe internationale, quoi).
J''ai fait fureur : tous les garçons de la soirée ont voulu m'emprunter ma cassette pour l'écouter sur leur Walkman - avant de réaliser que ça faisait belle lurette que leur Walkman ne marchait plus). 
Fleur, elle, avait de grandes couettes, une grande salopette en jean sous laquelle elle portait un T-shirt Monsieur Madame, des Converses, un sac à dos, et, sur sa salopette, elle avait des pin's et des badges. (Elle avait tout donné).

(Si j'étais un mec, j'aurais ramené des bracelets brésiliens pour draguer les filles (mais en leur faisant croire à chaque fois que je n'en avais qu'un seul et que c'est à elles et à elles seules que je le donnais, hein, sinon ça marche pas).   


Nous nous sommes donc fait beaucoup d'amis dans cette folle soirée.
Très vite, on a tous fini shootés au sucre et on a fait tourner les ballons à l'hélium : c'était wild.
 
C'est dans cette foule en délire que j'ai rencontré Castor Junior. C'est avec lui que j'ai vécu rien, soit un béguin express d'adolescente pré-pubère à la recherche d'un baiser où on tourne la langue de gauche à droite sans prendre le temps de respirer.
Faut dire qu'il était à tomber, avec ses grosses lunettes en plastique raccommodées avec un pansement, sa chemise à carreaux, ses bretelles, son pantacourt et ses grandes chaussettes dans ses méduses transparentes. Je suis tout de suite tombée sous le charme.

Ce qui m'a surtout séduite chez Castor Junior, c'est le petit guide des Castors Juniors qu'il avait dans la poche. (Un gros turn on, le livre des Castors Juniors. Pensez-y).
Je l'ai feuilleté, et j'ai appris plein de choses, comme par exemple comment faire disparaître une pièce de monnaie comme par magie sous un verre d'eau, et aussi comment communiquer avec la lumière de sa lampe de poche. Malheureusement, la mienne ne fonctionnait plus, mais j'ai quand-même tenté le tout pour le tout et j'ai fait des grands carrés dans l'air avec pour dire "Je veux aller regarder les étoiles avec toi" : il a compris ! (il n'avait pas oublié la langue codée des Castors Juniors) (scout un jour, scout toujours). (Grand moment de romantisme, par ailleurs, cet échange muet dans la foule en délire). (C'était un peu la scène de "Dreams are my Reality" revisitée).
 
Bref, Castor Junior et moi avons un peu flirté (et par là j'entends qu'il m'a sensuellement frotté le bras avec son pouce pour y imprimer un décalcomanie Malabar).
En effet, Castor Junior n'était pas très entreprenant. (C'était à n'y rien comprendre).
Je me sentais bien seule vu que Fleur était partie dans un coin rouler des pelles à un mec de 25 ans ("Il pense que j'ai 23 ans !!! Hahaha ! C'est génial !" - Fleur en a 33). Lady V, elle, était partie depuis longtemps avec une conquête (peut-être parce qu'au lieu de communiquer de loin avec une lampe de poche, elle communique de près avec sa main) (C'est pourtant simple, la vie).
Fleur - en bonne camarade de 6ème B - m'a lancé un pari : "on a toutes les deux roulé des pelles, toi aussi faut que tu scores, c'est le moment du quart d'heure américain, va donc inviter Castor Junior à danser (et fourre ta langue dans sa bouche et que ça saute) !".
 
Nous étions sur la piste de danse et il n'a pas été difficile de me lancer : j'étais déjà sous le charme quand il a fait la chorégraphie du zombie sur Thriller, mais quand il m'a parlé en Donald Duck ("Arrête, mec, tu m'excites"), je n'ai plus pu me retenir : je lui ai sauté dessus.
Et là : bam. Il a dit non.
Après m'avoir allumée et émoustillée en me faisant des tours de magie et en m'offrant des Malabars, ce petit playboy des bacs à sable se défilait en m'annonçant qu'il avait une copine (sûrement une petite fayotte de 6ème C) et qu'il essayait très fort de ne pas faire une connerie. Damn.
(Je suis la digne héritière de Rantanplan)


 
Bref, ce soir-là, je suis rentrée dormir seule avec mon Kiki et j'ai noyé mon chagrin en buvant du Tanga. Nous n'avons pas "conclu".
En même temps, comme le dit si bien Vic (l'une des grandes prêtresses de mon enfance) :
"Moi je trouve qu'il faut pas sortir à la première boum".



dimanche 10 juin 2012

Bad Hair Day

(Summer of lose)


 Chers lecteurs,

Je sais, vous avez été frustrés ces derniers temps : il ne m'est en effet pas arrivé grand chose ce mois-ci pour cause de travail intensif, mais j'ai depuis repris une vie sociale digne de ce nom. 
Je me suis donc remise en selle, et j'ai par conséquent - en bonne Pierre Richard de l'amour - de toutes nouvelles histoires de bonnes tôles fraîchées du matin pêchées à vous faire partager. 

Bon alors c'est un peu gênant parce que les gens dont je vais parler lisent ce blog. (Salut, vous !).
Mais bon, on va dire que tant pis, hein. Au point où j'en suis, finalement.

Ce week-end, je suis allée à l'enterrement de vie de jeune fille de mon amie la Comtesse. 
C'était une journée très sympa. 
Sauf que...

Tout a commencé le matin quand à 10h10 (blind test)... je me suis levée, et déjà : tout allait mal.
C'était ce qu'on appelle communément a Bad Hair Day. Ou, pour formuler ça avec mes propres mots, j'ai fait ce que j'appelle "une crise de mocheté". 
Les crises de mocheté, c'est quand tu te réveilles le matin et que tu te sens moche. Et y a rien à faire. Tu peux retourner ta penderie - ce que j'ai fait - mais rien ne te va : pas un seul de tes dix jeans, pas une seule de tes vingt-cinq robes, pas un seul de tes trois cent débardeurs. Tout à coup, ta penderie regorge de pantalons mal coupés, de jupes trop courtes ou trop longues ou trop rouges ou trop bleues, de débardeurs trop décolletés ou pas assez ou trop en coton ou trop en synthétique, et puis de toute façon t'as de trop petits seins et un trop gros cul et t'es pas assez bronzée et t'as des cernes et t'as mauvaise mine et tes cheveux ils font des boucles bizarres, enfin comme d'habitude sauf que là c'est bizarre. Bref c'est difficile à accepter mais bon, il faut bien se rendre à l'évidence : tu es devenue moche pendant la nuit.
Du coup, dans ces cas-là, ce que tu fais - ce que j'ai fait, donc - c'est que tu cours faire les magasins pour acheter un truc mettable vu que t'as rien trouvé à te mettre (ni dans ton immense commode, ni dans ta penderie, ni dans ton dressing - t'aurais peut-être dû essayer dans une de tes malles de fringues à la cave). Tu ressors donc du premier magasin dans lequel tu es rentrée avec une tenue, le vague sentiment d'avoir limité la casse, et surtout avec cent euros de moins sur ton compte en banque (alors que tu es pauvre et que, au programme, tu vas bruncher chez Ladurée avant d'aller prendre l'apéro au Ritz). Mais bon, c'était un cas de force majeure.
Tu arrives donc en retard chez Ladurée, et là : tu vois tes amies. Et là c'est le double effet Kiss Kool. Parce que les jours de Bad Hair Day, c'est bien connu, non seulement tu as subitement le teint gris, la peau grasse et le cheveux bizarres, mais en plus tes amies ont le Good Hair Day du siècle (ben oui : sinon c'est pas drôle). 
Ainsi, tu arrives chez Ladurée en retard comme un éléphant dans un magasin de porcelaine : tes amies sont la beauté, la grâce et la sophistication incarnée. Elles ont des robes magnifiques, le teint frais, et le rire cristallin. Bref, ce sont des poupées Barbie en train de prendre le thé dans une dinette en porcelaine, et - pas de bol - il se trouve que ce matin tu t'es malencontreusement réveillée dans la peau d'une poupée Tinnie.



Cherchez l'intrus

Bref, tu as foiré ton maquillage (les ronds blancs sur les joues, c'était vraiment une idée à la con). Tu as le nez anormalement en trompette, tu n'as plus de sourcils, on voit les coutures à la racine de tes cheveux et tu as la bouche mystérieusement et immuablement ouverte et en cul de poule. 
Avouez que c'est gênant. 

Mais bon, tu décides de rester digne jusqu'au bout. (Sous la table, on ne voit pas que tes sandales achetées à 5 euros sur le marché l'été dernier ont les coutures qui s'effilochent). 
Tu fais donc gaiement la conversation à toutes tes amies que tu aimes et tu te réjouis sincèrement de leurs mariages et de leur bonheur et de leurs futures grossesses. Elles sont trois à table avec de jolis ventres ronds dans leurs jolies robes et elles ont des décolletés de ouf parce que, c'est bien connu, quand t'es enceinte il y a un effet immédiat de go go gadget aux nichons. Elles sont belles et heureuses et rayonnantes et t'es super heureuse pour elles mais quand même tu vas reprendre un peu de ce bon Pouilly Fuissé pour oublier, hein. Hips.
Tu es la seule célibataire à table - et la seule citrouille - mais tu ris pour faire diversion.
Arrive alors le Homme. Que nous appellerons l'Homme, tiens.
Le seul invité mec dans cet univers cent pour cent féminin fait d'oestrogènes et de mousse aérienne à la fraise nappée de coulis de framboise. 
L'homme s'assoit à côté de toi et là, avec ta petite bouche en coeur, tu perds subitement l'usage de la parole. En même temps, c'est peut-être pas plus mal, parce que les jours où tout à coup tu es devenue moche pendant la nuit, souvent - étrangement - tu es aussi subitement devenue complètement conne. Il est donc plus sage de se taire.
Ainsi, quand l'Homme t'adresse la parole, tu bafouilles. Tu ne t'es jamais sentie aussi gauche de ta vie. Tu as envie de mourir là maintenant tout de suite chez Ladurée, avant même d'être passée au dessert : c'est dire. 
L'Homme est drôle et charmant et son bras effleure le tien et tu as très envie de lui sauter dessus là maintenant tout de suite devant les touristes américains et de lui faire l'amour dans la crème fouettée à la noix de coco, mais au lieu de ça tu t'enfonces un peu plus profondément dans ton siège dans l'espoir de disparaître, et tu pries ta marraine la bonne fée de faire quelque chose pour refaire de toi une princesse.

Les réjouissances terminées, vous allez faire les magasins : la future mariée a carte blanche dans les somptueuses boutiques de la rue Saint-Honoré. 
Tu en profites pour rentrer chez toi : il te reste deux heures avant le rendez-vous au Ritz. 
Tu n'as pas le temps d'aller chez le coiffeur ou de foncer chez un chirurgien esthétique, mais c'est un laps de temps suffisant pour aller faire la danse du soleil et prier les dieux de t'accorder une coiffure digne de ce nom.
Tu essayes de t'apprêter pour essayer de ressembler vaguement à quelque chose. Tu vas au bar Vendôme du Ritz, que diable, il faut que tu fasses quelque chose pour éviter de te sentir trop pouilleuse. Tu essayes donc de te faire chic. 
Résultat : tu as l'air d'une pute. (Mais d'une pute relativement sexy. Donc bon. On va dire que ça va).
Direction le Ritz, donc. 
Et là, à peine arrivée, entre deux gorgées de Sancerre blanc, tu apprends que tous les gens autour de la table - l'Homme inclus - ont lu ton blog. Là, tu meurs une première fois. (Heureusement, ce soir, tu es une Tinnie citrouille frappée d'immortalité, tu vas donc pouvoir vivre plusieurs vies de merde en une seule soirée avant de - à chaque fois - périr dans d'atroces souffrances. Cette petite mort n'est donc qu'un début). 

Oui, la Comtesse a beaucoup aimé mon blog alors du coup elle en a parlé à tout le monde. Ce qui est super gentil, bien sûr. Elle me fait de la pub et ça me flatte énormément. 
Sauf que, disons que je ne tiens pas forcément à ce que mon personnage d'anti-héroïne me colle à la peau jusqu'au Ritz, surtout quand j'essaye d'avoir l'air digne/sexy/mystérieuse. 
Au temps pour ma dignité, donc. Au temps pour le mystère, aussi : l'Homme - qui, vous l'aurez compris si vous n'être pas complètement bouchés, me plaît bien - sait désormais que je suis une dangereuse psychopathe.
Je ne connais en fait pas du tout ce garçon, hein. Juste : il me plaît bien. La Comtesse le sait (c'est son meilleur ami). Et c'est un peu rageant parce qu'à chaque fois que je le vois, il drague une autre fille sous mon nez. (Ces petites contrariétés de la vie).
Je me souviens qu'un jour, la Comtesse et moi avons parlé du fait qu'il me plaisait mais que bon ben euh, gloups, hum, il fait chaud hein, hum, ça va sinon ? (que dire dans ces cas-là ?).
Pour me consoler de cette cuisante blessure d'égo, la Comtesse m'avait dit que s'il ne s'était pas intéressé à moi, c'était parce j'avais dû lui faire peur :  "parce que tu es un peu trop en demande et que ça se voit". (Un argument qui, vous vous en doutez, m'a immédiatement consolée : "Aaaaaah, il veut pas de moi parce que j'ai l'air d'une malade mentale en manque d'amour ? Ce n'est que ça ? Ah ben oui, je comprends. Je me sens tout de suite beaucoup mieux, dis donc"). 
Du coup, à la suite de cette conversation, elle lui a - logique - donné l'adresse de mon blog : "Ben oui : comme je pense qu'il ne s'intéresse pas à toi parce qu'il pense que t'es folle, je me suis dit que, pour être sûres, on allait le lui confirmer ! Malin, hein ? De rien ! Allez, tchin !". 

Bref, la soirée continue comme elle a commencé. 
Tu es avec tes amies, tu bois, tu manges des petites verrines de riz au lait maison, tu mets ta main sur le ventre de ton amie pour sentir son bébé donner des coups de pied, tu meurs une deuxième (troisième ?) fois, puis tu éclates de rire en lisant la carte parce que 1) tu as bu, 2) tu as rarement été aussi mal à l'aise de ta vie, 3) tu viens de lire que pour la modique somme de 380 euros tu pouvais aller manger 50 grammes de caviar au comptoir. 
Plus tard, vous quittez le Ritz pour aller finir la soirée dans un karaoké chinois de Belleville (pour vous remettre de tout ce luxe). Tu te sens d'ailleurs tout de suite beaucoup plus dans ton élément, au milieu des ballons, des fauteuils roses et de tous ces gens qui beuglent sur Claude François. Tu n'as pas brillé lorsqu'il a fallu manger le mini fraisier dans les mini assiettes du Ritz avec la mini fourchette et le mini couteau (tu as mangé avec tes doigts), mais tu vas désormais pouvoir t'illustrer en chantant sur Patrick Bruel (l'Homme en restera forcément pantois). 

J'avoue, je me suis beaucoup amusée. Rien de tel qu'un bon karaoké à s'égosiller sur Indochine et Queen en buvant du mauvais vin pour oublier ce monde cruel fait d'Hommes fascinés par les robes dos nu des autres filles. 
Sauf que l'Homme n'a pas été séduit par mes vocalises pourtant si féminines sur "Bohemian Rhapsody", ni par ma démonstration de rap à l'ancienne sur "Nuit de Folie" de Début de Soirée (je jouais pourtant là mon dernier joker sur cette douce ballade qui invite si merveilleusement à la bagatelle, n'est-il pas ?).
Du coup, un peu plus tard, quand l'Homme a emmené Miss Dos Nu danser sur je ne sais plus quel slow à la con et que je les ai vus danser et s'enlacer au ralenti comme dans un mauvais clip des années 80 pendant que les chinois en furie tapaient dans leurs mains frénétiquement, mon coeur est allé se mettre la tête dans le four.
S'en est suivi un épisode fort désagréable. La reine de la soirée étant enceinte, nous avons quitté les lieux relativement tôt (avant que je ne puisse hurler ma détresse sur "Hit Me Baby One More Time" de Britney Spears, ce qui est tout de même fâcheux). 
Arrivés sur le trottoir, l'Homme, tout excité, nous propose d'aller boire un dernier verre. Or, tout le monde nous fait la bise pour partir et il apparaît bientôt que - horreur et damnation - je m'apprête à aller boire un verre seule avec le jeune couple qui torture mon âme à coups de petits sourires complices depuis le début de la soirée. Non mais plutôt mourir. Du coup j'essaye d'esquiver en bredouillant que "Non mais en fait je vais y aller aussi, hein". On ne me laisse pas m'en sortir aussi facilement : "AH BON ? MAIS POURQUOI DONC ?! JE NE COMPRENDS PAS ?!". J'essaye vaguement de dire discrètement à la Comtesse que "ben euh je vais peut-être les laisser seuls, tu vois, euh, bref". S'ensuivent de bruyantes protestations : "Ah mais non, mais tu rêves, jamais de la vie, tu te fais des idées !", "Bien sûr que non Bayane on ne va pas coucher ensemble elle et moi, quelle idée ! Viens donc boire un verre avec nous !".
Je me suis donc vue dans l'obligation mortifiante d'aller finir la soirée avec ces deux jeunes gens qui avaient besoin d'une tierce personne pour ne pas s'avouer trop ouvertement qu'ils voulaient finir la nuit ensemble. (Pas de problème, les mecs, j'adore assurer ce genre de transition pour autrui ! Santé !). 

Une petite heure plus tard, on a quitté le bar. 
Miss Dos Nu vivait, étrangement, juste à côté. Ils m'ont donc déposée au métro (mais, l'Homme habite le 14ème et nous étions dans le 19ème ?! Pourquoi n'a t-il pas pris le métro avec moi ? Je me le demande) où j'ai quand-même pu placer pathétiquement que - ce qui par ailleurs était vrai - je ne rentrais pas chez moi. J'allais en effet me consoler dans les bras de Johnny Blue Eyes, qui avait eu - lui - l'immense courtoisie de m'envoyer des sextos toute la soirée pour me rassurer sur mon sex appeal. (Merci Johnny. La patrie reconnaissante, tout ça).
J'ai donc dit que je ne passais pas la nuit seule (vas-y, raccroche toi aux branches avec tes petites pattes). Sur ce, l'Homme m'a mis la main sur l'épaule d'un air entendu pour me souhaiter une bonne soirée et m'annoncer, en bon camarade, que "Bon ben nous on y va, hein". Je les ai donc vus s'éloigner à pied en direction de chez elle. Avant de disparaître dans la bouche de métro, j'ai vu l'Homme mettre sa veste sur les épaules de Miss Dos Nu parce qu'elle avait froid, et mon âme a vomi. 

Après cette soirée de win absolue, j'ai donc rejoint Johnny Blue Eyes. Sauf qu'en fait finalement on a été chez moi. Il était deux heures du mat'. Johnny Blue Eyes est arrivé, il m'a sautée (bien, cela dit), puis il m'a tourné le dos et il a ronflé toute la nuit avant de partir tôt le lendemain matin sans même prendre le petit déjeuner parce qu'il devait aller "nourrir son chat". 

A Bad Hair Day, donc. 
A Bad Hair Life ?



Ou devrais-je plutôt dire : une nuit de folie.