Sisi face à son destin.

(Des nouvelles de ma vie amoureuse).

(Depuis le temps que vous vous demandez).

Je n'ai rien dit jusqu'ici parce que :
1) il n'y a pas grand chose à raconter
2) je ne voudrais pas enflammer la jalousie de Martin.
Oui, Martin est très possessif avec moi, voyez-vous. 

(C'est juste qu'il ne le sait pas encore).

Bon, je me dois aujourd'hui de vous l'annoncer officiellement : Martin m'a fait sa demande Non, il ne s'est rien passé entre Martin et moi. (Vous me ferez cependant l'honneur de prétendre avoir imaginé le contraire, merci).

On s'était pourtant mis d'accord sur le prénom de nos enfants avant de se rencontrer (à quoi bon prendre la peine de se rencontrer si on ne s'assure pas au préalable qu'on est en phase sur les trucs de base ?), mais je crains que nos enfants ne voient finalement pas le jour.

On ne s'est vus qu'une fois, déjà, et - tenez-vous bien - il n'a même pas essayé de m'engrosser !
Le malotru ! Le goujat !. Et ça prétend être un homme du monde !
Les bonnes manières se perdent, moi je vous le dis.
Déjà que ce jour-là, j'avais passé la journée entière à jouer une pute qui essayait en vain de faire monter un client - on a rejoué la scène dix fois (je peux vous dire qu'au bout de la dixième prise, t'es moins motivée pour insister) - bref, c'était une longue journée de vexations.
(L'acteur, lui, a cependant eu la décence de se plaindre qu'il ne pouvait en aucun cas jouer un rôle aussi incohérent et que le script devait être réécrit).
(J'étais bien d'accord : souci de réalisme zéro, les mecs !).

Mes amis en ont déduit que c'était un détraqué (tout simplement) : "Il n'a pas essayé de te sauter ??! Y a un truc qui cloche chez ce mec. J'ai pas confiance. Méfie-toi !". (Ils avaient l'air vraiment inquiets). (J'ai bien ri).
Pardon, Martin. Mais tu manques à tous tes devoirs, avoue.

Ca m'a rappelé ce jour où la soeur de Gentleman Joe lui a envoyé ce texto : "Joe, il y a un dieu".
Joe, logique, a eu le réflexe d'appeler ses parents pour leur dire que sa soeur était en train de perdre la boule. Ses parents lui ont répondu que pas du tout, comme tu y vas, elle est juste en train de devenir croyante, c'est tout, ne t'inquiète pas.
Or, il s'est évidemment avéré dès le lendemain que le diagnostic de Joe était le bon : sa soeur avait bel et bien perdu la boule. Un peu comme dans ce film de Woody Allen où on découvre au milieu du film que le personnage du jeune républicain a tout simplement une tumeur au cerveau : une fois la tumeur retirée, il se réveille démocrate.
(La soeur de Joe va mieux, depuis, cela dit, je vous rassure).

Pour Martin c'est un peu pareil : mes amis partent du principe qu'un mec qui n'essaye pas de me sauter est forcément psychologiquement et sexuellement déviant. (Ils sont mignons).

Oui parce qu'il paraît que je suis irrésistible, pourtant, avec ma démarche de "baby pute". (Rien que le mot fait rêver, non ? Hum).
- Alf : Tiens, tu as un léger strabisme convergent des pieds.
          Aaah, donc ça vient de là ta démarche un peu infantile...
- Moi : J'ai une démarche "infantile", moi ?
- Alf : Ouais. Mais un peu de pute, aussi.
- Moi : Je te demande pardon ? J'ai une démarche "infantile" et "de pute" ?! Allons bon.
- Alf : Ben, je sais pas quoi, genre "bébé porno". Baby pute, quoi.
Ah.
Depuis il m'appelle Baby Pute.
Dans les couloirs du collège.  
Tout va bien.

C'est assez logique, en même temps : je suis une enfant en train de devenir une vraie femme.
L'autre jour - à 31 ans, donc - j'ai enfin été me faire percer les oreilles (une vraie femme, je vous dis), avec vingt ans de retard, donc : j'étais entourée de petites filles de dix ans. Des petites filles en robes à smock (oui, je vais dans des salons de tatouage pour gamines upper class) qui ont toutes supporté l'opération sans broncher alors qu'il a, moi, fallu m'allonger, me donner un verre d'eau et un sucre, et me laisser là une petite demi-heure en attendant que je me remette. Tous ces gros mecs tatoués très inquiets de mon bien être qui me tapotaient la main, c'était très drôle. Mais surtout : c'était la honte.
(Faut dire que je suis assez impressionnable. Vous avez déjà vu un mec se faire trancher la main dans un film ? Ben c'est à peu près ma réaction quand je me coupe le doigt avec le rebord d'une feuille de papier).

Un jour, en CM1, une petite fille est venue me voir pour me demander si j'étais un garçon ou une fille. Quand je lui ai dit que j'étais une fille, elle m'a répondu : "Oh ben c'est dommage parce que si t'avais été un garçon, j'aurais été amoureuse de toi !" (T'entends, Martin ? Je plais même aux filles).
Bref, contre toute attente, j'ai longtemps été un garçon manqué.
Or, il y a peu, j'ai décidé de réveiller la femme qui est en moi.
Du coup, je porte au moment où je vous parle du vernis rose fuschia. (J'assume pas du tout). Et une jupe, un collant et des bottes à talons. Ouais. Et - grands dieux - je porte même du rouge à lèvres. (Il se passe de ces trucs). Bref, je suis d'une féminité insoutenable.

Moi : Non mais la fac d'anglais ça craint, c'est plein de petites nanas.
Alf : (Petit sourire, regard en coin, sourcil droit relevé ironiquement)
Moi : Oh merde. T'as raison. Je suis trop une petite nana, en fait. Wow... Révélation.

Mais bon, je trouve quand-même des hommes pour me courtiser avec panache, hein.

Mon vieil ophtalmo de cinquante ans me drague comme un adolescent. (Il m'envoie des textos pour me demander comment vont mes yeux, il m'appelle un samedi après-midi (jour où son cabinet est normalement fermé) pour me demander de passer parce qu'il est pris d'une subite envie de voir comment je cicatrise après l'opération, il me garde des heures dans son cabinet pendant que les gens attendent dans la salle d'attente pour prendre des photos de mes yeux avec son portable (!!), c'est à peine s'il ne m'organise pas des rendez-vous d'ophtalmo aux chandelles... il est adorable).

Ca me change des techniques de drague auxquelles je suis habituée.

- Texto de Alf cet après-midi (véridique) : "Tu veux venir faire l'amour dans les toilettes de Jussieu ?" (Hahaha. Alf ou la romance en toute circonstance).
- Texto de Cuzco il y a quelques jours, après qu'il m'a demandé de lui donner des cours d'anglais :
"Je peux te payer en orgasmes ?" (La classe internationale, mec).

(J'ai des amis chics. Subtils. Pas lourds du tout).
Ma vie quotidienne est bercée de romance, moi je vous le dis.

Ben oui, quoi, faut voir le bon côté des choses : pourquoi diable vouloir faire des enfants avec Martin Cannavo quand on peut faire l'amour avec Alf dans les toilettes de Jussieu ? Je vous le demande.

Je suis une femme comblée, en fait.

Sinon saviez-vous qu'un sondage a révélé que 10% de la population mondiale croyait à la prophétie maya annonçant la fin du monde pour dans un mois ? Ils sont crétins, les gens, quand-même.
(En fait les Mayas se sont trompés : ils ne voulaient pas annoncer la fin du monde, juste la fin de l'UMP)

A ce propos, aujourd'hui, quand mes petits sixième m'ont dit la date en anglais et que je leur ai dit : "In a month it is the end of the world" (pour rigoler, quoi), ils se sont tous mis à gémir : "Arrêtez, moi ça me fait trop peur cette histoire !", "Non mais c'est pas vrai, madame, hein, dites, c'est pas vrai ?". Mais non c'est pas vrai mes petits trésors d'amour ! Booh. Choupinous.

C'est pas vraiment la fin du monde, donc.
Cool.

Bon ben je vais fêter ça avec Alf à Jussieu ! :)

Bonne journée à tous.