mercredi 16 mai 2012

Ce que j'ai fait par amour


Je l'ai déjà dit, je suis folle à lier excessive "passionnée".
Du coup, j'ai fait pas mal de choses par amour dans ma vie.

En effet, dans ma plus tendre enfance, je vivais - et déclarais - déjà mon amour avec fougue (avant de, souvent, tomber de très haut - du see saw - et de mordre la poussière - le sable du bac à sable).

1) Robin
Ma vie amoureuse a commencé par une grande idylle de cinq ans (de trois à huit) avec un petit brun que nous appellerons Robin. Robin et moi étions très amoureux : nous passions tous nos week-ends et vacances ensemble (c'était le fils d'un couple d'amis de mes parents) et faisions moult bébés dans la cabane au fond du jardin, dans sa chambre à Paris, dans ma chambre à Paris, en haut comme en bas du lit superposé (c'était wild). 
Malheureusement, Robin m'a lamentablement quittée pour Agathe (cette pute !) quand nous avions huit ans. Ce jour-là, on se promenait dans la forêt, il marchait en équilibre sur un tronc d'arbre mort. Je m'en souviens encore. Mon premier vrai chagrin d'amour. J'étais en CM1.
Robin m'a ensuite beaucoup répété qu'il avait clairement perdu au change (Agathe était beaucoup moins branchée touche-pipi que moi) et a essayé de remettre le couvert maintes et maintes fois pendant les vingt années qui ont suivi cette tragique rupture. En vain. (Je me souviens de lui se vautrant sur moi le jour de ses dix-huit ans (vous voyez, je vous disais bien que les hommes avec qui je couchais ne s'en remettaient jamais) en grommelant de façon relativement inarticulée (les adolescents boivent) qu'il avait fait la connerie de sa vie : "Bayaaaane, revieeeeens, pardoooone-moi"). 


Robin est le premier garçon à m'avoir larguée. (Salaud !).
C'était aussi ma première star : en effet, c'était le petit garçon qui apparaissait à l'époque sur les paquets de beurre Bridel. Je pouvais donc frimer devant mes copines, qui devaient penser que je leur mentais et que c'était un amoureux imaginaire. (En effet, qui n'a pas raconté à ses copines qu'elle sortait avec le beau blond sur les paquets de Galac ? - oui, c'était un dessin, mais vous savez à cet âge-là on ne s'encombre pas vraiment de ce genre de détail)
Bref, Robin était ma première star, et, maintenant que j'y pense, ma dernière (J'ai bien été amoureuse en 6ème d'un garçon de mon collège qui jouait dans la pub Babybel (les produits-laitiers, des sensations pures), mais il ne m'aimait pas beaucoup : un jour il a coupé une mèche de mes cheveux dans la cour pour m'emmerder). (Quoique maintenant que j'y pense, c'est sûrement qu'il était amoureux de moi).

Je suis par la suite allée de contrariété en contrariété.

2) Luis
J'ai vécu une grande histoire d'amour avec un certain Luis en CM2. (Je me suis remise assez vite de ce petit sagouin de Robin). Il habitait l'appartement du dessus, et je lui avais donné un de mes deux Talkie-Walkies : comme ça, la nuit, on se disait "Je t'aime" en morse. (C'est désarmant de romantisme. Je sais). J'allais souvent dormir chez Luis, nous étions inséparables. Pourtant, un jour, Luis m'a brisé le coeur, lui aussi. 
Je suis partie en Bretagne pour les vacances de Pâques. La première semaine, nous nous sommes envoyé des lettres d'amour (c'était à l'époque des Talkie-Walkies ET des lettres), puis tout à coup, plus rien. Je guettais la boîte aux lettres, jour après jour, désespérée. Je me souviens avoir écrit une lettre pour demander pourquoi il ne répondait pas (déjà à neuf ans, je lâchais pas l'affaire !), avant de recevoir son dernier message, concentré de cruauté qui m'a à l'époque transpercée comme un coup de poignard : un bout de feuille à carreaux perforée sur lequel était écrit, au fluo (c'était les années 80) : "Je ne t'aime pas". 
(Je ne saurai décrire mon désespoir de petite fille en salopette rose-saumon et chouchou à pois à cet instant précis).
A mon retour, je l'ai croisé dans la rue avec ma pire ennemie, Lavinia. J'ai essayé de lui parler pour essayer de comprendre mais il m'a ignorée. (Story of my life). 
Le lendemain, jour de la rentrée, Lavinia a sorti toutes mes lettres d'amour (il les lui avait données) et les a lues en public. 
Première humiliation cuisante de ma vie amoureuse. 
Ca aurait dû me vacciner à vie, tuer à jamais dans l'oeuf tout désir naissant d'accorder ma confiance, de déclarer mon amour, voire de tomber amoureuse tout court. 
Et pourtant. Ce n'était que le début. 

3) Sébastien
J'ai récidivé au collège, avec Sébastien, mon premier grand-amour obsessionnel (mon voisin). (Sébastien était amoureux de moi aussi, cela dit, sauf que bon, on avait douze ans, donc ça n'est pas allé très loin, mais surtout par sa faute parce que j'étais - déjà à l'époque - très prompte à déclarer mon amour et très rentre-dedans. J'étais déjà super flippante, donc). 
A l'époque, j'étais une grande fan d'Aerosmith. Cet été-là, j'avais d'ailleurs demandé à mon grand-frère de me tatouer le symbole du groupe au bic sur l'épaule droite. A chaque fois que je prenais une douche, ça partait, et il devait donc recommencer. (J'étais une totale badass avec mon faux tatouage, mon appareil dentaire et mon bonnet 80A). J'écoutais Aerosmith en boucle en pensant à Sébastien. 
Un jour ... (Attention, c'est peut-être un des trucs les plus risibles que j'avouerai jamais - ... un jour donc... un soir plutôt... j'ai écrit à la craie, en bas de notre immeuble... (oserai-je l'avouer ?)... : "Sébastien et Aerosmith, mes deux obsessions". 
(En majuscules). (En rose). 
(Voilà. C'est dit).(Ouais, c'est ça, riez). 
Je lui ai aussi envoyé bon nombre de lettres sur mon papier à lettre Fido Dido puis, plus tard, sur mon papier à lettre Droopy. Lettres que j'envoyais, hein. Si. 
Pour sa défense, cela dit, Sébastien ne m'a jamais rejetée. Il était même assez séduit, je crois (Et on le comprend, hein ?!). Mais bon, je compte quand-même ça comme un truc honteux de plus.  

4) Daniel Jones
Après Sébastien, j'ai été très très très amoureuse de... (dis-le)... Daniel Jones. (Vous ne savez pas qui c'est ? 1) C'est normal, 2) Tant mieux. Vous savez qui sait ? Bon ben ok, allez-y, riez). 
Daniel Jones est le chanteur/guitariste d'un groupe appelé Silverchair. J'ai eu pour lui une passion dévorante, à la limite de l'hystérie, pendant bien un an. (Mes deux meilleures amies avaient décidé d'être respectivement amoureuses du bassiste et du batteur pour ne pas être en reste). 
J'étais une vraie groupie. Je ne me contentais pas d'écouter leur album en boucle, non. J'avais - véridique - photocopié la pochette de leur album en une bonne centaine d'exemplaires pour m'en faire un papier peint ! J'ai tanné mes parents jour et nuit pour aller vivre dans sa ville en Australie et aller dans le même lycée que lui. J'ai aussi appris l'anglais pour pouvoir lui parler le jour où je le rencontrerais. J'avais vraiment le Robert & Collins en livre de chevet. (Et je l'ai vraiment rencontré, aussi - la persévérance paye - mais je n'ai pas dit un mot. J'étais trop émue. Par contre j'ai eu l'audace de m'approcher, d'écarter ses cheveux de son visage (il avait de longs cheveux blonds à la Kurt Cobain, c'était les années 90) pour l'embrasser fougueusement, lentement, sur la joue. J'ai une photo. Il est tout gêné. - Il avait quatorze ans, comme moi). 

5) Après ça, j'ai continué sur ma lancée.
Facebook et les téléphones portables n'existaient pas encore, alors au lieu d'envoyer des textos, je téléphonais directement chez les garçons qui hantaient mon esprit. C'était une autre époque. Pour ne pas appeler de chez moi (et donc du salon, où tout le monde pouvait m'entendre), j'allais dans des cabines téléphoniques. Je donnais des rendez-vous : "Aujourd'hui à cinq heures devant la fontaine" avant de raccrocher. (J'avais vu trop de films). 
Je me souviens avoir un jour dû demander un bout de papier et un stylo à un monsieur dans la rue : je voulais donner mon numéro de téléphone (fixe) au garçon avec qui j'étais. (Il ne me l'avait pas demandé. Il a ri. Il a dit "Oh non c'est pas vrai elle va me faire un dessin !").
Parfois, même, j'allais chez eux. J'ai été crier sous les fenêtres de tellement de garçons, le soir, après le dîner : ils venaient à la fenêtre, me voyaient, demandaient à leurs parents s'ils pouvaient sortir, me rejoignaient, et on allait marcher dans les rues... Quand ils n'avaient pas de fenêtre il m'arrivait d'aller sonner à leur porte.
C'était une autre époque. Mais quand j'y pense, depuis que je suis toute petite, je suis une amoureuse transie et diantrement entreprenante (pour le meilleur et pour le pire). 
A vingt ans, j'ai rencontré un américain deux semaines avant qu'il ne reparte vivre à New-York. J'étais folle de lui, on est sorti ensemble quelques jours, puis il est parti. Je n'avais même pas son adresse e-mail, mais j'ai fait des pieds et des mains et pris un rendez-vous avec l'administration de mon université pour partir en catastrophe étudier à NYU l'année suivante et le retrouver. ("Oh non ! Ca y est j'ai compris : y a un petit américain qui vous est tombé dans les bras, c'est ça ?" m'avait dit le mec derrière son bureau, amusé). C'était - avouez - pour le moins excessif. (Je n'ai pas pu partir : je m'y prenais trop tard. Mais croyez-moi, j'ai vraiment, vraiment fait tout ce que j'ai pu).
Dix ans plus tard, à trente ans, j'ai rencontré Mister F, et, au bout d'une semaine, de retour à Paris, j'ai quitté mon copain pour lui et commencé à apprendre l'allemand avant de repartir m'installer un mois à Berlin...

Tout ça pour dire que finalement, quand on y pense, Astro s'en sort plutôt bien. Je trouve que je m'assagis avec l'âge. Il trouve peut-être que j'y ai été un peu fort, mais mec, si tu me lis, sache que j'aurais pu prendre le train pour Bruxelles, taguer "Astro et Lady Gaga, mes deux obsessions" en bas de chez toi, puis venir sonner à ta porte à l'improviste pour te déclarer mon amour avec un décolleté plongeant (enfin, dans la mesure du possible) sur lequel j'aurais fait tatouer ça à l'emplacement de mon coeur :




Avoue que ça aurait pu être pire. 

Faut voir le bon côté des choses.

5 commentaires:

  1. C'est très charmant tout ça! Et on pourraît facilement succomber au personnage que tu nous dépeins. (j'ai mis de la distance alors NE DEFORME PAS MES PROPOS SVP)

    Le bon viendra, il te reste encore 50 ans pour le trouver, donc pas de panique (ce n'est pas un conseil, JUSTE UNE REMARQUE POUR TE TAQUINER UN PEU)! ET ne change surtout pas, c'est tellement grisant de rencontrer des gens un petit peu fous, qui se donnent sans compter!
    Ben oui, les comptables de l'amour c'est d'un morne! D'une chianlie! (CECI N'EST PAS UNE DECLARATION, JUSTE UNE REFLEXION SUR LA BIEN TROP SOUVENT SINISTRE BANALITE DES RELATIONS AMOUREUSES HUMAINES.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. merci !
      :)
      (ceci est un petit sourire très amusé, touché et chaleureux)
      (je le dis parce que ça ne se voit pas forcément)

      Supprimer
  2. Merci!:)

    Et merci aussi de préciser que le sourire est sincère et tout et tout, parce qu'à force de le voir ce truc, on ne sais plus si c'est réellement sincère ou bien ironique.

    RépondreSupprimer
  3. Moi j'aime bien cette force chez toi (même si un peu issue d'une douce folie). Il faut que tu t'y accroches. C'est trop rare pour être négligé.

    RépondreSupprimer