Il fait beau. Très beau. Puis plus du tout. Les arbres sont en fleurs et les gens se prélassent en riant aux terrasses des cafés, puis ils retournent s'emmitoufler chez eux pour boire des grogs. (Il n'y a plus de saisons, ma bonne dame).
Bref, les saisons défilent derrière ma fenêtre, tandis que, un peu comme l'année dernière à la même époque, je reste enfermée dans mon studio, et je traduis.
Traduire est donc mon activité phare, ces jours-ci. Traduire et me moucher. Parce que je suis balade.
Du coup, au lieu d'avoir le teint frais, la joue rose et l'oeil vif, j'ai froid, le teint gris et des cernes. Et je crache mes poumons. Pourtant, vaillante, je traduis malgré tout des textes sur la grande gastronomie française, jour après jour, heure après heure. Le tout en mangeant des Chipsters.
La noblesse de l'asperge, la franchise du turbot, la nonchalance du saumon en croûte et la coquetterie de la gariguette n'ont désormais plus de secret pour moi.
Je sais aujourd'hui que la noix de muscade révèle comme personne le goût délicat du ris de veau (même si j'ignore encore ce qu'est un ris de veau) et que le pistou, euh, c'est cool (si j'ai bien compris).
Je sais aussi que les légumes parlent au cuisinier : en effet, si tu connais bien ton produit, apparemment, il te dit carrément comment le cuisiner (l'homme qui murmurait à l'oreille des légumes). J'en ai déduit que je n'étais pas assez intime avec mes légumes.
(Celui qui vient de faire une blague salace est prié de quitter les lieux, merci) (Non mais) (Même si, je vous l'accorde, à entendre le mec parler de cuisine, on dirait un peu que c'est Fifty Shades of Grey dans sa bouche tous les jours. Mais passons). (Non parce que vous voyez, les légumes, c'est comme les hommes, en fait : ils ont une âme, aussi. On peut discuter, merde !) (Hahaha. Pardon) (Oui, je ris à mes propres blagues, t'as un problème ?).
Je ne suis apparemment pas assez proche de mes légumes, donc. Parce que je sais pas vous, mais moi, perso, ils me disent rien. Ce qui ne m'arrange pas vu que je suis un peu une courge en cuisine. Du coup, j'ai décidé d'y remédier et de socialiser avec eux dans les plus brefs délais.
Je vous raconterai.
J'ai aussi appris qu'à moins d'en avoir épluché des centaines, d'avoir eu leur odeur sucrée et amidonnée dans le nez et d'avoir touché leur chair humide et ferme (graou) des heures durant, on ne pouvait pas vraiment savoir ce qu'était une patate... Eh ouais.
Voilà. C'est dit. Vous ne savez pas ce que c'est qu'une patate, les gars. Et bim. Deal with it.
Le mec il nous balance des vérités, comme ça, sans ménagement, je trouve ça un peu violent.
Moi qui vivais dans une fausse certitude (mais ne le sont-elles pas toutes ?) depuis tout ce temps.
Du coup, je pense qu'on devrait tous organiser des ateliers de sculpture sur patates pour s'efforcer d'entrer en contact avec l'âme de la pomme de terre. Non ? Qu'en pensez-vous ? On s'y met ?
Bref, la douceur juteuse des poires, la tendre fermeté des carottes, la mansuétude du potiron, tout ça (non pardon, ok, j'avoue, le dernier je l'ai inventé).
Sauf que c'est bien joli mais je commence à en avoir un peu marre, là, en fait. Déjà que ça me frustre parce que je vois bien que les légumes ne veulent pas être mes amis...
Et puis ça se la raconte un peu, au pays de la haute gastronomie, je trouve. Déjà que le pâté en croûte s'essayait à la peinture tout à l'heure (notre auteur écrit avec ses pieds et est friand de métaphores à la con), maintenant le turbot aux navets farcis se met au jazz, c'est plus possible.
Il faut que ça cesse.
La métaphore se tient, pourtant. Je sais bien qu'ils ont tous grave le groove, sous l'océan - j'ai vu La Petite Sirène - mais si l'esturgeon et la raie se lancent dans le reggae, moi j'abandonne. Non parce que ça commence à bien faire, les conneries, maintenant, vous entendez ?
(Ils ont vraiment le rythme dans la peau, ces poissons)
D'autant plus que je sens bien qu'à aucun moment le mec ne va avouer qu'il doit tout au petit rat qui lui tire les cheveux sous sa toque, et ça, je trouve ça vraiment nul de sa part.
Oui, ce post est complètement stupide, je vous l'accorde, mais j'avais besoin de me détendre.
(Je vais avoir cette chanson de La Petite Sirène dans la tête toute la semaine, c'est horrible).
Bref, tout ça pour dire que je vous reviens sous peu, dès que j'en aurai fini avec ces conneries.
D'ici là, bon appétit ! Je vous embrasse.
Quoique après je vais en Bretagne jouer à Caroline à la Mer.
Et danser la biguine avec les sardines, tout ça.
Oui parce que c'est les vacances youhou.
Mais bon, je reviens vite, quoi. Promis.
ahahah on a les mêmes références c'est bien!
RépondreSupprimerPfff moi aussi je veux regarder la petite sirène et lire Caroline!! Mais bon, j'ai pas de vacances là...
Du coup, le plan à plusieurs du post précédent on oublie. Relou.
RépondreSupprimerNon, parce que c'était intéressant ça, j'étais prêt à prendre mon ticket. (allez ne faites pas comme si j'étais le seul à l'avoir noté)
Tu traduits du français vers l'anglais ou de l'anglais vers le français ? (non parce qu'un anglais qui te donne des conseils en cuisine, je t'implore de pas l'écouter.)
RépondreSupprimerOh, et les ris de veau, moi je sais ce que c'est. Même qu'ils en ont parlé dans top chef récemment (mais pas à la dernière émission). Et ça me fait bien marrer qu'ils aient besoin qu'on leur rappe de la muscade pour s'exprimer pleinement.
Peut-être que ça marche avec les gens aussi, dis ?
SupprimerUn petit peu de noix de muscade et hop !
Non au Pepper spray
SupprimerOui au Nutmeg spray !
Le rap de la muscade, je ne connaissais pas.
RépondreSupprimer"Rapper de la muscade". Haha.
SupprimerEh ouais. Ca groove sec dans la cuisine, quand on dort, moi je vous le dis.