dimanche 11 mars 2012

Les textos auront ma peau


"Le SMS est le nouveau mode de communication à la mode. Tout le monde s'envoie des textos par écrit sur les téléphones portables. On revient au télégramme, à la littérature épistolaire, aux liaisons dangereuses. 
Exemple :
Je m'ennuie de toi.
Tes mains me manquent.
Mes lèvres explorent ton corps.
Ich liebe dich.
Je mouille pour toi.
J'ai l'âge que tu veux, le prénom que tu veux.
Si on allait au Couine ?
Bon, d'accord, c'est pas encore Choderlos de Laclos mais on en prend doucement le chemin. La rapidité et la discrétion de ces petits messages poussent à exagérer ses sentiments, ses désirs". (L'Egoïste Romantique, Frédéric Begbeder). (Encore). (Je suis en train de le lire, vous l'aurez compris). (C'est pas terrible d'ailleurs).

    Je pense qu'il est temps d'inventer une application qui, à partir d'une certaine heure, oblige les gens à souffler dans leur téléphone avant de les autoriser à envoyer des textos. Ca éviterait un certain nombre de déconvenues.
    En effet, en bonne sentimentale, j'ai l'alcool lyrique et affectueux. Du coup, la nuit, en soirée, après quelques verres, quand je danse et ris entourée de mes amis, d'amour et de bouteilles vides, et que je me sens euphorique, heureuse, et invincible, je suis généralement saisie d'une envie irrépressible de déclarer mon amour à la Terre entière, à mes amis en général, et à Mister F en particulier. Attention, dérapage à deux heures. 
    Hier soir, j'ai donc envoyé des textos à bon nombre de gens. Parmi eux se trouvaient Antoine, Gentleman Joe et Mister F. (Gloups et re-gloups). 
    Les seules personnes à m'avoir répondu sont Olive et Johnny Blue Eyes, c'est-à-dire les garçons avec qui je n'ai pas couché (ou presque pas) (enfin avec qui j'ai seulement presque couché) (mes amis, quoi). 
    Je tiens cependant à préciser pour ma défense que mes messages n'appelaient pas de réponse. Ce n'était ni des sextos ni des "Tu fais quoi là maintenant tout de suite ?", ce qui revient un peu au même en moins cash. (Mauvais calcul, d'ailleurs. J'aurais sûrement eu plus de réactions).
    La midinette est en effet tristement peu versée dans l'art du sexto. (La nuit où, en réponse à un de ses SMS, Mister F lui a écrit "Thinking of your nakedness works on my imagination. But now what?", la midinette s'est en effet sentie bien bête. Euh... Bonne question. "Now you wait for me. I'll be here in a week" a t-elle simplement répondu. On ne peut tout de même pas faire l'amour par écrit, si ?).
    Bref, la midinette a le flirt soft et sobre et le booty call subtil et distingué.
    La midinette est plutôt du genre à envoyer des petites blagues flirtatious, des messages mignons, des mots tendres, des déclarations d'amour ou de simples "Bonne nuit". (Antoine a eu la blague flirtatious, Gentleman Joe les mots tendres, Mister F le "Bonne nuit").
    Ne vous méprenez surtout pas : la seule raison pour laquelle je n'ai pas écrit à Astro est que je lui avais déjà écrit la veille. Il a eu le "Je pense à toi. J'espère que tu vas bien. Je t'embrasse" (en gros). Il m'a répondu, d'ailleurs. Qu'il allait bien, merci pour le gentil message, bisous. (Me voilà bien avancée, tiens). J'en déduis que la tendresse solennelle de mon message s'est perdue quelque part dans le cosmos entre Paris et Bruxelles. Parce que là, j'aurais aussi bien pu lui écrire "Hey dude what's up?". Peut-être aurais-je dû ajouter des points de suspension : il paraît que les points de suspension donnent une dimension érotique à tout ("J'espère que tu vas bien..." signifierait donc "J'espère que tu vas bien, et je tiens par ailleurs à t'informer que je ne porte pas de culotte"). (Mais personnellement je trouve surtout les points de suspension d'une lourdeur sans nom. Du coup j'évite).
    Je suis donc une fille qui envoie des messages mignons.
    (Le petit message mignon n'est pas glam', je sais. Don Valdes m'a dit un jour qu'envoyer un "Je pense à toi" à un homme équivalait à se tirer une balle dans le pied. Il a d'ailleurs une fâcheuse tendance à insister pour réécrire les textos que notre petit cousin tente d'envoyer à des filles en soirée : il modifie les originaux, qui sont souvent d'une sincérité désarmante ("J'ai envie de te voir"), qu'il remplace par des messages froids et mystérieux, voire pas de message du tout. Il apprend à notre petit cousin à devenir un homme à femmes. Don Valdes serait-il le diable ?).
    D'ailleurs il faudrait qu'on m'explique pourquoi dévoiler ses sentiments est considéré comme honteux. On peut dévoiler ses fantasmes sexuels les plus fous, mais ses sentiments, ah ça non, jamais. Quel monde étrange. Pourquoi "J'ai envie de toi" et "Je pense à ta bite" sont-ils plus acceptables que "Je pense à toi" ? (Surtout que l'un n'empêche pas l'autre. Bien au contraire). Force est de constater, cependant, que Mister F répondait beaucoup plus volontiers à mes messages lorsque j'y parlais de mes désirs et pas de mes sentiments. Peut-être devrais-je tempérer mes déclarations d'amour en y ajoutant des invitations à la bagatelle, histoire de les rendre plus socialement acceptables. "Je t'aime. On baise ?".
    Vous l'aurez compris, je déclare beaucoup mon amour. J'aime que les gens sachent qu'ils comptent pour moi. Et à ce propos je vous prierai, si vous le voulez bien, d'écouter Trintignant : la femme qui déclare son amour avec simplicité et franchise est d'une classe folle. Je suis une femme formidable.



    Bref, je suis restée à peu près digne. Quoique. Pour une totale transparence, je me dois d'avouer que je me suis pas mal pris les pieds dans le tapis (I'm goofy but cute) et que j'ai joué avec une vache en peluche qui faisait "meuh". Mais comme aucun de mes interlocuteurs virtuels ne pouvaient me voir, ça va. (Mon honneur est sauf. Vous êtes déçus, hein ?).
    (Les gens présents à la fête m'ont vue, eux, mais ils n'étaient pas en position de se moquer). (Que celui qui a toujours été digne en soirée paye la première tournée). 

    Je me suis beaucoup amusée, par ailleurs. Je n'ai pas rencontré l'homme de ma vie, mais je m'en fous. J'aime mes amis. Après une longue nuit à boire, danser, et filer mes collants contre le parquet, j'ai dormi sur des tatamis dans le salon avec Julien, Olivier et BB (Bomba Brains de son prénom). Au petit matin, on a fini le brownie, le saucisson et le houmous maison en buvant du thé et en parlant string, tanga, politique, orthographe, Grèce antique, pygmées, cul, bouffe et gym suédoise. C'était un petit déjeuner Ricorée entre amis comme on les aime (même si le saucisson était peu orthodoxe, je vous l'accorde). Je suis rentrée chez moi avec des yeux de panda (mon maquillage avait coulé) en ne marchant pas très droit sur mes bottes à talons, et j'ai croisé des marchands de bouquets de jonquilles et un mec avec une corne de licorne scotchée sur le front.
    J'aime ma vie.



3 commentaires:

  1. En te lisant, on a bien envie de te donner notre téléphone (attention c'est juste de la fiction hein!!!!!!), histoire de recevoir un petit sms affecteux ou rigolo et d'y répondre avec tendresse! J'aimerais bien recevoir un "je pense à toi", moi! C'est peut-être une histoire d'âge, les vieux sont plus tendres! Le problème étant qu'un vieux ça se couche avant deux heures du matin! Tu ne pourrais ps boire plus tôt?

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  2. Tiens, youpi, un lecteur qui n'est ni une amie ni un site de poussettes convertibles ou de chirurgie dentaire ! (Au début j'ai bêtement cru que c'était des lecteurs qui s'ennuyaient au bureau (on peut toujours rêver), mais en fait non, c'est juste des spams. Snif).
    Bonjour, donc, Anonyme ! Bienvenu !
    C'est un message mignon, ça, non ? :)

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